La place de l’Impact dans la MLS…

Si j’étais la MLS quelle équipe voudrais-je voir en finale et remporter la MLS cup ?

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On ne mentira à personne, le nerf de la guerre dans le sport professionnel sont les droits de télévision et les « gros marchés » entrainent une plus grande visibilité non seulement à l’intérieur de la ligue, mais aussi à l’extérieur de celle-ci.  Par exemple dans le contexte de la LNH, une finale de la coupe Stanley opposant les NY Rangers et les Blackhawks de Chicago ferait beaucoup plus plaisir à Gary Bettman qu’une entre les Prédateurs de Nashville et les Panthers de la Floride…

Mais le sport professionnel c’est aussi un show, on n’attire pas les téléspectateurs et on ne remplit les stades qu’avec de franches et amicales joutes sportives. On suit une équipe et on se présente aux matchs pour se faire émerveiller, pour voir quelque chose d’inattendu, pour voir nos joueurs surmonter l’adversité, faire taire les détracteurs, intensifier des rivalités historiques… vivre des émotions fortes quoi. Au-delà des exploits sportifs, ce que les gens veulent ce sont de belles histoires attendrissantes dans lesquelles on peut se projeter. C’est pour cela, par exemple, que Maurice Richard est la plus grande légende de l’histoire du Hockey, car il a réussi par son jeu à porter les aspirations de tout un peuple.  Le président de la ligue ne l’aimait peut-être pas beaucoup, mais il remplissait les arénas lorsqu’il passait.  La même chose est arrivée avec Jackie Robinson au baseball.  La grande majorité des propriétaires d’équipes des ligues majeures étaient des blancs racistes, mais lorsque les stades se sont remplis d’Afro-Américains, ils sont devenus tout bonnement plus ouverts à la diversité raciale.

Je ne crois pas qu’il y a de Maurice Richard ou de Jackie Robinson présentement dans la MLS (ni dans aucune autre ligue d’ailleurs), mais il n’est pas nécessaire d’avoir des monuments de l’histoire pour attirer l’attention et créer un engouement.  Comme je l’ai déjà mentionné, pour garder ses partisans et en gagner d’autres semaine après semaine, il faut une bonne histoire.  La MLS est une ligue en développement, les rivalités ne sont pas encore totalement formées, les superstars de la planète foot y viennent encore pour y vivre leur préretraite et les équipes sont pour la plupart composées d’un réservoir d’anciens joueurs du circuit universitaire américain compensant un manque d’habilité par un jeu plus physique.  La MLS est en quelque sorte une ligue de « col bleus » dont l’éthique de travail est irréprochable, mais qui manque un peu de panache.

Pour la MLS, le marché de Montréal a un très bon potentiel, même si sa valeur est sous la moyenne de la ligue (128 M$ sur 157 M$ en moyenne en 2015).  Cela est surtout dû au niveau de développement peu avancé de la ligue, certaines équipes tirent cette moyenne vers le haut, tandis que d’autres n’ont pas encore pris leur place dans leur marché… On peut prévoir que d’ici 5 à 10 ans que les « grosses équipes » comme les Sounders ou le L.A. Galaxy pourraient valoir près de 400 millions, le Toronto FC de 250 millions, l’Impact en tirant son épingle du jeu pourrait s’y approcher, s’il arrive définitivement à gober une partie de la couverture du très surmédiatisé Canadien de Montréal qui peut vivre très bien avec quelques parts en moins.

Bon, la « recette du succès » serait alors un gros marché, une belle histoire, et du panache… Vous me voyez venir…

Il ne serait pas trop faux d’avancer que l’Impact est un peu le mouton noir de la ligue. L’équipe a un peu de difficulté à s’intégrer « philosophiquement » dans la MLS, les changements d’entraineurs des dernières années le démontrent assez bien.  À son arrivée dans la MLS, l’organisation avait cru bon de prendre un pur produit de la ligue, Jesse Marsch, afin de mieux s’y intégrer.  Pourtant, les différences de vision sur la direction que devait prendre l’équipe et le caractère bouillant du propriétaire  ont eu raison du poste de monsieur Marsch.  Voyant que la « façon de faire MLS » n’avait pas fonctionné, on se tourna vers l’Europe, en engageant Marco Schällibaum, dont le style imposé aux joueurs plut instantanément aux supporters.  Malgré tout, le peu de profondeur, l’utilisation massive des joueurs vedettes qui en suivit, et encore une fois, des tensions avec le propriétaire, en plus de l’équipe de direction, fera quitter l’entraineur suisse qui ne resta guère plus longtemps que son prédécesseur.  On se retourna alors encore une fois vers la « filière MLS » en engageant Frank Klopas (le troisième en trois ans) qui malgré une belle aventure en ligue des champions de la CONCACAF a réussi à se mettre tout le monde dans région métropolitaine à dos.  Finalement, on placera l’assistant-entraîneur  et ancien joueur de l’Impact, Mauro Biello au poste d’entraîneur par intérim qui avec l’aide de Didier Drogba, a réussi à sauver la saison de l’Impact. On peut même déceler une constante dans les trop fréquents changements d’entraineurs, dans l’utilisation du capitaine Patrice Bernier. Tous sans exception, ont sous-estimé le joueur, pour finalement (sauf pour Klopas) voir en lui ses qualités et lui donner la place qui lui revenait.  Ces entraineurs n’appréciaient pas le jeu défensif de Bernier, pendant que tout le monde dans les estrades ne comprenait pas où se trouvait le problème. Alors que la MLS s’attendait qu’on reprenne un autre entraineur dans leur cour, tout le monde savait à Montréal qu’on avait enfin trouvé  « le bon ».  Outre Bernier, l’effet Biello a réussi à ressusciter de nombreux joueurs dont le jeu avait été éteint sous Klopas.  Pour beaucoup d’observateurs de la MLS, l’Impact de Montréal reste un mystère enrobé dans une énigme, ce qui n’est pas pour déplaire dans cette suite de matchs génériques qui leur sont souvent présentés.

Car l’Impact ne manque pas de faire parler d’elle, par sa finale en ligue des Champions de la CONCACAF, l’arrivée de Didier Drogba, l’incroyable rivalité contre Toronto, la saga de la situation Didier Drogba durant la pause estivale, sans compter tous les autres innombrables drames depuis leur arrivée dans la MLS (et même avant)… l’équipe attire déjà les yeux du monde sur elle. Et en plus, celle-ci joue mieux lorsqu’elle reçoit (et génère) toute cette attention.

Car le roman risque de se continuer lors de la prochaine saison, le passage de Didier Drogba sera-t-il une histoire de rédemption ou une tragédie laissant un goût amer aux partisans ? Patrice Bernier terminera-t-il sa carrière dans la gloire ? Mauro Biello démontera-t-il qu’il a tout ce qu’il faut pour diriger dans la MLS ? Salazar fera-t-il regretter tous les recruteurs de ne pas l’avoir repêché en première ronde ? Cameron Porter est-il l’homme d’un seul miracle ? Ciman et Donadel sauront-ils conserver leur sang-froid ?   Les femmes de joueurs vont-elles s’en prendre aux dirigeants sur Facebook ? Le chemin à parcourir pour décrocher les plus grands honneurs sera long et ardu, et si on se fie au passé, il risque d’y avoir de nombreux rebondissements.  Mais si le passé de l’Impact nous a appris quelque chose, est que cette organisation est une des plus résilientes qui soit et qu’une crise pouvant démolir la saison de n’importe quelle autre équipe de la MLS est un mardi comme les autres au bureau pour l’Impact.

Et en fin de semaine une autre saison commence… et encore une fois les partisans risquent d’en avoir pour leur argent, pour des bonnes et moins bonnes raisons…

Mais comme une bonne histoire fait vendre, la MLS aurait tout à gagner à voir le Bleu-Blanc-Noir aller jusqu’au bout…

En tout cas, on ne s’ennuiera pas, ça c’est sûr !

 

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