Première visite au stade Saputo de l’année

Mes ami.e.s m’ont offert comme cadeau pour souligner mes quarante ans des billets pour un match du CF Montréal. Très bons billets d’ailleurs, achetés lorsque l’équipe gisait dans les bas fonds de la médiocrité et que certains faisaient des rabais pour une place au stade Saputo. J’étais également fort heureux de revoir ces ami.e.s alors que le beau temps faisait un retour. 

Comme d’habitude, les deux mêmes personnes, moi inclus, ont dû attendre le reste de la troupe au taillage, mais les autres sont arrivés avec nourriture et rafraichissement alcoolisés, donc tout est pardonné. J’invite tout le monde à assister à ces avant-matchs forts sympathiques, créés par les partisans, qui démontrent les liens forts de cette communauté. Au-delà des résultats sur le terrain, ce qui m’apparaît le plus important c’est de renforcer l’esprit de famille de l’Impact, qui dépasse la simple consommation de produits de divertissement. L’attachement va au-delà d’une équipe, il touche également tout ceux qui y adhèrent. 

Du côté sportif,ce fut un bon match, mais heureusement que le Orlando vise aussi bien que des Stormtroopers. Malgré cela, le Bleu-blanc-noir, s’est bien ajusté en deuxième demie. L’entrée de Romell Quioto a pour sa part, totalement redynamisé le jeu offensif des Montréalais devant un adversaire qui commençait à montrer des signes de faiblesse. 

Le clou de la soirée a été la vague que les fans ont perpétuée durant une bonne dizaine de minutes. C’est bien la victoire, mais de revoir son stade quasi complet retrouver sa bonne humeur, c’est encore mieux. En espérant que le plaisir continue!

Pas seuls, mais marginaux

C’est toujours un peu compliqué d’amener des gens au stade pour voir les impacts. Habituellement, les amis sont curieux, mais hésitent à accepter à entrer dans ce lieu inconnu aux coutumes étranges et pour y voir un sport qu’ils ne comprennent pas totalement. Être fans du CF, ce n’est pas aussi répondu que le Canadien. Un match du CH peut attirer même les moins intéressés à cause du prestige du Centre Bell, où plusieurs achètent un billet y être vu et se chercher de la reconnaissance avec une publication sur les réseaux sociaux. 

Parler du match de «foot» peut mener à se faire regarder de travers durant les conversations de bureau. Le CF n’est pas unanime, ce n’est pas, malheureusement, aussi enraciné dans l’imaginaire collectif du franco-québécois d’expression française.

Vouloir suivre à tout prix le Bleu-blanc-noir peut être une traversée du désert, surtout pour se trouver des gens qui partagent notre Foi. Il ne s’agit pas ici d’une critique, mais d’un constat : l’impact est plus organique que les autres équipes professionnelles de Montréal. Beaucoup d’activités sont le résultat des efforts de la base. Les tailgates sont de vrais tailgates et non une collection de chapiteaux de commanditaires, tenus par des adolescents blasés où sonnent les chansons nullissimes d’une radio FM. Toutefois, un lieu sans âme, où personne n’a besoin de prouver son appartenance, est moins menaçant pour le commun des mortels. Si certaines organisations se qualifient d’institutions, le jeu du marché les ont transformées en grand fourre-tout sans réelle valeur. Il faut faire ici une différence entre les grandes équipes et les grosses équipes. Par exemple, un Wal-Mart est un gros magasin, mais pas une grande chaîne. Ce n’est pas parce que tout le monde y va que c’est nécessairement bon.

Il faut des endroits pour se rassembler. Se retrouver entre nous. Le degré de ferveur peut en faire hésiter quelques-uns. Les novices pourront être intimidés par le degré d’implication des partisans les plus aguerris. Si certains de ces endroits existent déjà, ils sont peu répandus et surtout, peu connus. Trouver un endroit près de chez soi pour regarder un match entre amis peut devenir une chasse au trésor. La communauté gagnerait à être un peu plus répandue, sans pour autant perdre de son authenticité. L’organisation, mais aussi la base des partisans, se doit de réfléchir sur l’accueil des néophytes. 

Ceci est une tâche moins fastidieuse qu’il n’y parait, car des partisans il y en a, et ce, partout au Québec. Cependant, nous sommes terrains dans un anonymat confortable; où la horde de «Serges» ne vient pas nous embêter. Il serait bon d’afficher notre présence au dehors du stade, quitte à tout faire soi-même. Cela n’est pas impossible. Au début, la couverture médias était inexistante, et ce sont les partisans qui nous donner les premiers podcasts sportifs, les amenant aujourd’hui à être des spécialistes au côté de joueurnalistes habituels. Cette couverture est encore minime, mais elle croit d’année en année. 

Alors prenons contrôle du territoire, organisons des événements et promouvons ceux qui existent déjà. Allez Montréal!

Avoir 40 ans

Je n’étais pas au stade olympique et je n’ai pas regardé le match à la maison. Quoi! Moi, manquer une partie des impacts, soirée de retour a la maison par-dessus le marché? Et oui, mais j’avais une bonne raison: je faisais mon entrée dans le club des vieux croûtons, je soulignais mon quarantième anniversaire de naissance.

De toute façon, pensai-je, le stade n’est qu’un tombeau de béton où l’ambiance va mourir avant de ressusciter au printemps avec le premier match au stade Saputo. 

Je peut-être manqué de sports cette semaine-là, mais l’organisation d’une fête, même assez modeste peut s’avérer un exercice ardu. Trouver une date qui satisfassent les invités, restaurant, bar, les invitations et s’assurer que tout le monde ait les bonnes informations, ça prend de la charge mentale, une chance que ma sœur s’est portée volontaire comme co-organisatrice.

J’ai commencé la festoyer tôt, car mes parents voulaient me donner mes cadeaux avant de se rendre au restaurant. Quelques verres de vino, déjà dans le système, pour calmer la nervosité et le début de la crise de la quarantaine, me donnais l’impression d’être à un avant-match au grand soleil, dans le stationnement du centre Claude-Robillard. Comme dans tout, être ponctuel est une bonne chose, surtout pour ceux devant entrer au stade olympique. Je peux me consoler en pensant que je ne me suis pas resté dehors au froid à manquer le début de la partie.

Car malgré le tapage dans le restaurant et les entrecroisements des conversations entre amis, j’ai réussi à regarder le début de la partie. Dès le départ, un but sur penalty, ça regardait bien. Mon assiette arrivant, je pouvais me concentrer à discuter avec chacun des invités.

Je n’aime pas ces gros groupes, car on n’a pas vraiment le temps de parler à tout le monde. J’aurais aimé avoir un peu plus de temps avec chacun des membres de ma famille et mes amis. J’ai quand même eu le temps de faire des promesses à plusieurs d’entre eux sur l’effet de l’alcool, toujours un signe de fiabilité… 😉

Durant le repas, j’ai consulté mon téléphone qui m’indiqua un score de 1-1. Aussi bien retourner à mes amis, ça sentait une quatrième déception de suite pour les Montréalais en gris.

Avant de quitter le restaurant, j’ai regardé une autre fois : 2-1 pour les Unions de Philadelphie! Et bien, mon intuition était juste! Comme j’ai bien fait de consacrer cette soirée à la célébration de ma propre personne.

Avant de continuer la fête au bar, j’ai remis de petites surprises à chacun des invités. Je ne dévoilerai pas la nature de celles-ci, car certains de mes camarades ne les ont pas encore reçus. C’est avec bon entrain que nous avons continué la soirée.

Comme je suis rendu vieux, la soirée ne s’est pas terminée trop tard. Très tard, mettons pour un plus de trente ans; pas vraiment tard, si on se fie à mes folles années de prime jeunesse. J’avais toutefois la tête qui tournait un peu. Quand j’ai vu le score final du match, 3-2 pour les impacts, je me suis demandé si l’alcool me jouait des tours. 

J’ai regardé les faits saillants dans mon lit, tout en m’hydratant convenablement pour ne pas avoir une gueule de bois le lendemain. J’ai quand même eu la gueule de bois le lendemain. Ça avait l’air d’un beau match… Un match historique même! Espérons que cette rencontre sera un point tournant dans la saison. 

Pour ceux qui étaient au stade, ils le considèrent sûrement comme un moment inoubliable. De mon côté, je me souviendrai de mon anniversaire avec beaucoup de gratitude, car c’est toujours important de s’entourer des gens que l’on apprécie.

Un début de saison écrit tout croche sur le coin d’une table

En résumé, c’était brouillon. Rien de dépaysant toutefois pour les supporteurs de la première heure de l’Impact. Une déception généralisée qui n’est que le reflet d’un entre-saison n’ayant qu’amenuisé l’enthousiasme de la population, malheureusement au plus haut après une saison de rêve.

Au premier abord, un entraîneur apprécié qui quitte pour un rival de division pour cause de mésentente avec le propriétaire, devant supposément s’éloigner au plus possible du vestiaire. Chassez le naturel, il revient au galop pour engueuler les joueurs après une horrible défaite contre la pire équipe du circuit. Les plus fefans diront que cette altercation fut salvatrice voyant les résultats de l’équipe pour la suite de la saison. Quand le finaliste au titre d’entraineur de l’année quitte sans demander merci, il faut avoir bu du kool-aid assez corsé pour y voir quelque chose de positif. 

Mais bon, on ne s’entendait pas à grand-chose côté sportif, pour le premier match de la saison. Un nouvel entraîneur, donc qui n’a pas une connaissance profonde de son effectif et devant faire ce qu’il peut avec quelques pièces manquantes. C’est un premier match, on ne peut pas vraiment critiquer le côté technique. De tout sport, dans toutes les ligues, le début de saison c’est toujours tout croche.. Sportivement, le match avait l’air d’une ligue de bière, avec un Miami qui semblait mieux organisé, même si ce n’était pas super bien organisé. Les buts des adversaires ne passeront pas dans les faits saillants de la semaine, les arrêts devant les Montréalais pourraient peut-être y figurer. 

En parlant d’organisation foireuse, que dire de la diffusion d’Apple TV+… On parle un peu partout de représentativité, notre belle société distincte a eu droit un produit tout aussi décevant que le Club de Foot sur le terrain. On nous accueille avec une belle demi-heure d’avant-match de Speak White, suivi d’une description digne d’un match préparatoire contre les Rowdies, les enfants dévalant la côte en moins. Le son était pénible, le descripteur et le commentateur faisant de leur mieux; mais vu l’alignement qu’Apple a engagé, on se demandait pourquoi on nous avait envoyé l’équipe C en début de saison. Le produit qu’Apple nous sert n’est pas pour nous; c’est pour les Yankees, les sauvageons du Nord n’auront qu’à se contenter de leur petit pain…

J’ai regardé le match sur mon téléphone, visuellement c’était aussi confus que dans nos oreilles. N’ayant pas encore de nouveau maillot principal les Impacts étaient obligés d’aborder leurs chandails gris, motif comptoir de cuisine en marbre. Malheureusement pour mon daltonisme, le Miami arborait le rose «bachelorette party». Partout, les ratés de l’entre-saison se révélaient plus facilement que les bons coups. 

Espérons que ça sera mieux la semaine prochaine…

Pourquoi sommes-nous aussi mauvais?

À Montréal, nos équipes professionnelles sportives sont nulles, exécrables, minables, pitoyables et il ne semble pas y avoir réellement de lumière au bout du tunnel. Sportivement, des erreurs ont été commises et ont été identifiées. De plus, les dirigeants de ces équipes ont tenté, sans succès, de les régler. Ces équipes ont maintes fois remplacé le personnel d’entraineurs, mais malgré quelques soubresauts, la médiocrité persiste. Il est à se demander si le problème dépasse le cadre sportif, s’il serait plutôt le reflet d’un mal plus profond dans notre société.

Car lorsqu’on parle de sport, on parle de compétition, de dépassement de soi, de leadership, de talents, de créativité et d’énergie. Pouvons-nous dire que ces éléments sont présents au Québec? Du moins, sont-ils présents en nombre suffisant dans les lieux de décisions? Le manque de résultats au niveau de ces équipes sportives démontrerait-il que, parallèlement, nous souffrions d’une médiocrité globale, au niveau institutionnel, économique ainsi que politique? Sommes-nous englués dans de vieilles façons de faire, de concevoir nos organisations de telles sortes que même lorsqu’on veut les améliorer, nous sommes incapables d’accomplir de réels progrès?

Je ne pointe pas du doigt la structure de l’entreprise privée, ou l’idéologie néolibérale. Il serait trop facile, de prendre ce chemin et de se lancer dans une plaidoirie plus à gauche. Toutefois, on peut observer qu’une certaine façon de concevoir les organisations, plutôt traditionalistes, très rattachée à une certaine conception de l’entrepreneuriat est solidement enracinée au Québec. Si ces dernières peuvent être encore adéquates pour une PME, il n’en est guère pour une institution sociale d’importance comme une équipe professionnelle de grande envergure. Vous pourriez mettre les meilleurs éléments à des postes clés dans chacune de ces équipes, elles devraient continuer à échouer, car leurs structures décisionnelles sont inadéquates.

Une affaire de famille

Malgré tous les millions qui y transitent, les équipes sportives montréalaises sont des entreprises familiales.  Ce lien personnel avec l’entreprise pourrait apparaitre comme étant un avantage, mais ces dernières années, les liens quasi filiaux entre certains dirigeants et leurs propriétaires ont retardé des décisions pouvant améliorer ces équipes. Comme dans une famille, on préfère l’absence de conflit et la cohésion sociale au détriment de l’efficacité. L’entêtement des propriétaires de conserver une trop grande part décisionnelle dans leurs organisations, a empêché ces dernières de recourir à l’aide dont elles avaient besoin.

Mauvaise conception du leadership

Il ne faut pas prendre de la passion et de l’engagement pour du leadership. Certains vont jusqu’à prendre le dévouement sans esprit critique comme étant une «bonne attitude». Pour progresser, il faut savoir prendre du recul, comprendre les fondements du problème et être prêt à le concevoir différemment. 

Une personne ayant vraiment à coeur le succès de l’équipe (ou de toute autre organisation) réfléchit, conteste les façons de faire, veut améliorer la situation au lieu d’être prise dans le statu quo. Si cette critique doit se faire dans le respect, les employés doivent se sentir à l’aise d’apporter leur point de vue. 

Ce que nos équipes recherchent ce n’est pas du dévouement, mais du dévouement qui ne remet d’aucune façon en question l’autorité du propriétaire et de ses subalternes. 

Une institution sociale

Le sport c’est important. Ce n’est pas qu’un simple divertissement où des millionnaires font faire des profits à des milliardaires sur le dos des masses incultes. Posséder une équipe professionnelle revient avec une responsabilité morale, celle de s’impliquer dans sa communauté, et en plus de tenter d’améliorer la vie des individus qui la composent. Et quelques fois (pas toujours) pour cela, la victoire doit avoir la priorité sur la rentabilité.

Montréal est un centre culturel et universitaire de première importance dans le monde, de plus les talents en haute technologie se démarquent, des jeux vidéos à l’intelligence artificielle, elle devient une référence, une ville pleinement ancrée dans le XXIe siècle. Pourtant, nos propriétaires même s’ils ont à coeur le succès de leur équipe, sont encore pris dans le XXe, où la structure hautement hiérarchisée ne peut qu’amener d’innovation que «par le haut», où les informations sont cachées en plus d’être menée par des leurs sautes d’humeur plutôt que par un réel plan à long terme. 

Dans ce monde, d’hypercommunication et de communauté virtuelle ne pas tenir compte de l’opinion de ces partisans ne peut que tuer sa franchise à petit feu. Si les décisions sportives doivent avoir le dessus sur le marketing, il faut tout de même tenir compte de l’évaluation de ses effectifs par l’ensemble de la communauté. Si les entraineurs et les directeurs généraux doivent avoir le dernier mot, s’entourer de vieux amis et de sycophantes, n’ayant comme expérience d’avoir partagé le même vestiaire à un moment ou un autre de leurs carrières n’est pas un gage de succès. Les statistiques ne proviennent non seulement des performances des joueurs, mais peuvent provenir également des partisans qui peuvent souvent avoir une opinion plus que les équipes techniques. Il y a dans le partage d’information, des innovations à découvrir et de nouvelles méthodes de dépistage à appliquer. 

Le plus important, toutefois, serait d’arrêter de prendre le partisan comme un simple consommateur, vide de toute capacité d’analyse. Les échanges simultanés maintenant possibles grâce aux réseaux sociaux font d’eux des participants actifs au match. Il n’y a plus le filtre du journaliste, devant souvent se censurer pour continuer à avoir accès à l’équipe qu’il suit. Lorsqu’un dirigeant s’enferme dans un cadre d’analyse erroné, il ne déçoit plus, il enrage les partisans. Et malheureusement, pour punir l’équipe certains décident de ne plus dépenser ses dollars loisirs pour assister aux matchs locaux.

Mesurer adéquatement le succès

Prenez n’importe qu’elle entreprise, elle se fixera des objectifs et tentera de les atteindre. Certaines seront couronnées de succès, d’autres failliront à la tâche. Toutefois, notre système étant ce qu’il est, il est rare que les grandes entreprises paient réellement pour leurs échecs. Souvent, celles-ci obtiendront une aide gouvernementale qui ne demandera rien en retour, laissant en place des dirigeants incompétents qui continueront à prendre de mauvaises décisions. De leur côté, les gouvernements s’en lavent les mains, prétextant qu’ils viennent de sauver des milliers d’emplois. Et lorsque ce n’est pas les gouvernements, ce sont les fonds de solidarité ou les institutions financières qui viennent sauver les entreprises fautives qui ne se remettront rarement en question. 

Alors, prenez des gens qui baignent dans ce type «d’environnement décisionnel» où l’imputabilité n’existe pratiquement pas. Qu’arrive-t-il lorsque les défaites s’accumulent à une vitesse fulgurante et où l’espoir est pratiquement disparu? Ils trouvent des excuses, comme l’attitude, les blessures ou encore que les autres équipes ont eu l’audace de chercher à s’améliorer… quelle pratique déloyale! 

La beauté du sport réside également dans le fait qu’il est pratiquement impossible de cacher ses erreurs, le talent parle autant que l’incompétence. C’est un domaine où l’humilité n’est pas qu’un avantage, mais également une nécessité. Malheureusement, s’asseoir sur ses lauriers et quelques exploits passés n’est pas suffisant.

Une des pistes de solutions de nos dirigeants sportifs serait peut-être de sortir du cadre de l’entreprise privée où les décideurs préfèrent les conférences de motivation vides sur le «leadership» aux données réelles et aux innovations dans le domaine du management. Si vous me trouvez trop critique, un rapport de la firme Deloitte met en lumière de graves lacunes chez les employeurs canadiens. Celles qui montrent la voie tendent plutôt à faire participer les employés dans le processus décisionnel, à s’impliquer socialement, à offrir de meilleures conditions de travail et possède une réelle volonté d’intégrer les nouvelles technologies. 

Nos équipes n’ont pas tout faux, mais certains éléments manquent toujours. Pour y remédier, il faudrait premièrement que les propriétaires prennent du recul et laissent leur place à quelqu’un ayant de véritables compétences pour diriger une telle entreprise. De plus, il faudrait recruter les administrateurs ailleurs que chez les anciens joueurs ou les écoles de gestions. Dans certaines circonstances, leur apport peut être utile, mais il y a d’autres avenues qui s’offrent à ces équipes. Une diversité dans les postes décisionnels ne peut qu’emmener de nouveaux points de vue, de nouvelles solutions à des problèmes qui ne font que s’aggraver. 

Des équipes vraiment montréalaises

Sans tomber dans le jovialisme délirant de l’acceptation à outrance, du politiquement correct et de la société arc-en-ciel que peut entrainer le discours du Multiculturalisme; il faut se rendre compte que le monde change. Les vieilles méthodes fonctionnaient peut-être lors des dernières décennies, mais il faut comprendre que les résultats ne sont plus au rendez-vous. De plus, changer les décideurs par d’autres, quasiment identiques, devraient apporter le même genre de résultats, et perpétuer les insuccès généralisés. Nous méritons mieux.

Montréal n’est-elle pas une ville célébrée pour son ouverture d’esprit, pour son accueil ainsi que pour sa grande diversité? Alors, pourquoi ne pas avoir des équipes qui reflètent réellement la ville qu’elle est censée représenter ? Cela ne doit pas être uniquement visible sur le terrain, surtout lorsque tous dans l’équipe doivent répondre au fils de quelqu’un… Mais n’est-ce pas là le reflet de notre pays, de nos institutions politiques?

À Montréal, le sport est souvent le seul pont entre les deux solitudes, entre les différentes communautés culturelles, entre les riches et les pauvres. Dans un Québec de plus en plus déchiré  sur les questions identitaires, il serait bien que ces liens se renforcent, que nous aillons quelques choses à célébrer. Et ces choses ne pourront survenir en se refermant sur nous-mêmes et en s’obstinant à perpétuer des habitudes tombées en désuétudes. 

Sport professionnel : pour une meilleure intervention de l’État

Avec la possible arrivée de la coupe du monde de soccer et du retour des Expos lors des prochaines années, on parle de plus en plus de l’intervention des différents ordres des gouvernements (municipal, provincial, fédéral) dans les projets de développements des infrastructures sportives. Les semaines qui ont suivi l’élection de Valérie Plante à la Mairie de Montréal, ont amené à une angoisse des milieux d’affaires et sportifs, face au supposé désintérêt de l’administration montréalaise quant à la construction d’un nouveau stade de baseball à Griffintown.

Si le projet semble emballant, beaucoup de citoyens ont encore en mémoire le fiasco financier de la construction du stade olympique, tombeau pharaonique des dernières années des Expos dans la Métropole. De plus, une autre dépense de plusieurs millions de dollars pour le Centre Vidéotron, un cadeau gouvernemental pour une compagnie privée incapable de ramener les Nordiques dans la Capitale, a laissé un goût amer à certains, qui ne veulent pas revoir une infrastructure vide, vouée à des équipes juniors ou des spectacles de musiques métal.

Au niveau gouvernemental, par contre, plusieurs autres avenues sont possibles au-delà de la construction de stades et des congés de taxes.  L’État n’est pas obligé de donner des aides financières aux équipes, il peut aussi en donner aux joueurs. Il pourrait aider au recrutement de certains éléments en établissant un régime fiscal spécifiquement aux joueurs professionnels, selon une moyenne des taux d’imposition des différents états ou provinces de l’Amérique du Nord. Cet avantage fiscal pourrait être offert en échange de participation civile à des projets de sensibilisation ou d’actions communautaires, qu’on le veuille ou non, ces professionnels sont souvent des modèles plus importants que les politiciens ou artistes.

On peut aussi aider les équipes à faire face à la dévaluation du dollar canadien, afin de pouvoir compétitionner  plus équitablement face aux marchés américains, car leurs dépenses se font souvent en dollars américains, tandis que leurs revenus le sont en dollars canadiens. Un fiscaliste pourrait trouver une solution mieux que moi à ce sujet, mais c’est un aspect que l’on ne peut mettre de côté pour l’établissement d’une franchise viable au Québec.

En échange de ces aides financières, les équipes pourraient également laisser des billets à des prix modiques ou abordables… Si l’État doit intervenir directement, cela devrait être avant tout pour assurer une accessibilité aux sports, autant dans l’arène que dans les estrades. Le sport doit être pour tout le monde, car avoir un accès limité aux activités sportives durant l’enfance amène non seulement des problèmes de santé, mais aussi d’estime de soi, en faisant en sorte que les rêves de « de la ligue nationale» ne sont désormais possible qu’aux mieux nantis.

Les municipalités aiment construire des arénas et des centres aquatiques pour faire plaisir à leurs amis entrepreneurs ou ingénieurs, mais le sport c’est plus que du béton.  Le sport c’est avant tout des êtres humains, qui veulent participer pou encourager, qui veulent construire quelque chose pour eux-mêmes, mais également pour leur collectivité.

Le gouvernement doit voir les équipes professionnelles comme une chaîne faisant partie de la structure de développement sportif national et les intégrer au sein de leurs politiques publiques. Il ne s’agit pas ici que de divertissement.

Une équipe «nationale» demande un programme national, il faut donc offrir des opportunités à des talents locaux. Cela serait possible si on avait une véritable équipe nationale pour souvenir le développement des athlètes, mais le Québec doit pour l’instant être subordonné à des fédérations nationales ayant des intérêts pouvant diverger des nôtres. Les équipes professionnelles viennent ainsi combler un manque, elles permettre d’apporter une fierté collective, une fierté que l’on partager qu’avec sa communauté… une communauté qui nous définit mieux, celle qui nous appartient vraiment.

Faire fi du financement public dans l’établissement d’une franchise sportive privée est quasi impossible à concevoir. Ces équipes comprennent trop d’éléments collectifs pour être vues comme une simple propriété d’un millionnaire excentrique ou d’un consortium milliardaire. L’État doit prendre une place dans ce type de projet, en fait, il doit prendre toute la place liée à la sphère publique.  Et celle-ci est principalement liée au développement et au renforcement des différentes structures sportives.

Il faudra comprendre aussi que pour avoir des résultats intéressants pour nos équipes professionnelles, que ce soit au niveau des victoires que des revenus, nous devons former de meilleurs athlètes au sein des différentes disciplines sportives. Non seulement pour fournir des joueurs locaux, mais aussi intéresser plus de gens à ces sports.  Voilà ici, je crois, la plus importante intervention qu’un État peut donner à une équipe professionnelle.

Il faudra produire les meilleurs joueurs en Amérique du Nord, afin d’offrir les meilleures opportunités aux garçons et aux filles qui pratiquent ces sports. Les avantages de tels projets sont nombreux, aide à la lutte au décrochage scolaire, développement d’une expertise au niveau national et une meilleure santé de la population dans son ensemble qui a un plus grand accès à l’activité physique. De plus l’aménagement d’infrastructures sportives pour la collectivité peut servir à revitaliser des secteurs en difficulté, en plus de rassembler les communautés autour d’une équipe. Apprendre à aimer une équipe n’est-il pas un bon moyen d’apprendre à nous aimer nous-mêmes, en tant que groupe?

Cela pourra paraître utopiste, mais l’excellence ne naît pas d’elle-même. Et pour faire comprendre à la population que les victoires sont à portée de main, que rien n’est impossible dans notre coin de pays, il faut bien commencer par gagner quelque part. Le sport ce n’est pas  qu’une business, c’est une fabrique de significations dans un monde en quête de repères, c’est aussi le chantier d’une fierté collective qui se perd alors que les barrières tombent, c’est le dernier cri de ralliement des dernières véritables batailles, c’est un des derniers bastions de nos vies quasi virtuelles où l’humain est la mesure de toute chose. Il est temps, je crois, de se le rapproprier.


Politiques publiques proposées dans cet article

  1. Régime fiscal distinct pour les joueurs professionnels
  2. Aide concernant la dévaluation du dollars canadien
  3. Programme de développement nationaux intégrant les équipes professionnelles

Pourquoi tu ne viens pas nous voir?

Le hockey est fini, pourtant on en parle encore. L’année dernière nous étions plus de 61 000 dans le Stade Saputo pour la finale de l’Est, et là on n’est même pas capable de remplir le Stade Saputo.

Les gens semblent toutefois intéressés, mais il y a comme un blocage dans l’ensemble de la société, comme si une force mystérieuse les empêchait d’assister à un match de soccer… Pour beaucoup, l’Impact reste un corps étranger, une curiosité liée seulement aux Québécois issus de l’immigration.  Pourtant, la fleur de lys sur le maillot bleu azur n’est-elle pas assez grande?

Toutes les personnes qui sont allées ont adoré leur expérience, mais il y allé de leur chef, sans y être invités, semble encore difficile. Pour la majorité, l’Impact semble être un club d’initiés, comme peut l’être un café italien ou un bar de hipsters. Et même si l’Impact démontre un pouvoir d’attraction sur les plus jeunes, ce sont les plus vieux qui possèdent les dollars. C’est clair, l’identification à l’équipe n’est pas chose naturelle pour une très grande portion de la population.

Mais sérieusement, vous voulez quoi? Les meilleurs joueurs, même les étrangers, parlent français. Cela sans compter sur les entraineurs, le personnel technique, l’administration, le propriétaire… On n’est pas en déficit de Québécois et de francophones.

Le Canadien n’a malheureusement pas d’académie et d’autres pays francophones pour aller chercher ses joueurs. C’est normal qu’à travers le temps avec l’ajout de joueurs étrangers dans la ligue nationale, la portée symbolique des matchs diminue. Chose qui est tout le contraire pour le Bleu-Blanc-Noir, car tu peux trouver que les noms de famille de certains joueurs ne fassent pas assez « de souche » à ton goût, ailleurs dans la ligue on ne fait pas cette différence, c’est tous des « french frogs ».

Pas pour rien, que l’équipe montréalaise à cette attitude de « nous contre le monde », partout dans la ligue, quoique tout de même appréciée, la différence frappe. Mais où le conflit prend tout son sens, c’est évidemment contre le Toronto FC, cette équipe anglophone dominée par un  conglomérat anonyme qui s’achète les championnats. Infâmes ennemis en rouge, le même dans l’imaginaire collectif que celui sur les Plaines d’Abraham et les perdants, étrangement, portent le même emblème.

La plus grande rivalité de la MLS c’est Toronto contre Montréal, et pendant que le BMO Field se remplit, toi tu restes chez vous. T’as peur de quoi? D’avoir du fun… Partout dans le monde, on regarde le match TFC contre Montréal, et partout, Toronto c’est le méchant.  Partout, au fond d’eux-mêmes, les amateurs de foot prennent pour l’Impact, sauf toi… Tu penses sûrement à l’alignement du Canadien, dommage t’as manqué quelque chose…

Ernest Renan disait que les nations se forgent plus dans les tragédies que dans les triomphes et ce n’est pas les tragédies qui manquent dans la courte histoire de l’Impact… Au-delà, des défaites crève-coeur en ligue des champions, en série ou en championnat canadien, l’Impact a le don de perdre avec autant de panache qu’elle gagne… On sort la plupart du temps d’une partie un peu ébranlé…

Ça doit tout de même être plus compliqué d’être un joueur de l’impact, il ne faut pas seulement être bon, il y a une mission à porter. Parce que même si elle ne veut pas l’avouer, elle est la seule qui représente une entité nationale. Au-delà de la politique et des conflits qui font de nous ce que nous sommes, toute équipe majeure qui s’installe à Montréal devient essentiellement plus qu’une équipe. Le sport est un langage. Avec l’Impact, on converse non seulement avec le monde, mais également avec le Québec en entier.  De voir, ces joueurs d’origines diverses travailler ensemble et réaliser de grandes choses, ça envoie un message qui a une grande signification dans une collectivité qui tend de plus en plus à se diviser. Dans le fond, c’est peut-être ça qui te dérange…

C’est quoi être un Québécois au juste? Une langue, des valeurs, une histoire ou une culture commune? Oui, mais non…

Un Québécois c’est quelqu’un qui au-delà de son intérêt personnel, porte la responsabilité historique d’un peuple qui a réussi à survivre et qui continuera d’exister dans les années à venir. Pas besoin d’être l’illustre ancêtre d’un soldat du régiment Carignan-Salière et d’une Fille du Roy pour ça.

Faudrait que tu comprennes que l’Impact est le meilleur porte-étendard, de nos rêves et nos aspirations collectives, sur la planète.  C’est une fenêtre sur le monde, un monde qui peut comprendre par le langage universel du soccer, ce qui nous anime, et surtout ce qui nous rend distincts, ce qui nous permet une fois de temps en temps d’être quelque chose comme une grande équipe, comme un grand peuple…

Mes vacances « baseball » cet été

Cet été, j’ai réalisé un rêve un peu fou et très particulier.  J’avais depuis longtemps l’idée de parcourir le Québec régional dans le but de visiter ses microbrasseries et assister à des matchs de baseball qui y survit encore.

Le baseball peut aussi être un bon prétexte pour visiter le Québec et de sortir des sentiers battus.  Nous ça été la bière, mais il y a des artisans, des restaurants, des musées, des campings, des sentiers de VTT, ou des pistes cyclables un peu partout, ce n’est pas les activités qui manquent.

Mon périple a commencé en quelque sorte avec un match de l’Impact la veille de ma « tournée », et quel match ! Un tour du chapeau de Drogba, Patti qui tricote de bas et sert des tasses de café à l’équipe adverse toute la soirée, en plus de Mancosu qui marque à sa présence avec le club montréalais… Avec les ultras en feu, le Stade Saputo a failli exploser.

Alors avec toute cette émotion, je me suis couché tard, pour partir au petit matin pour un match de baseball de la ligue Can-Am au Stade Municipal de Québec en après-midi.  Je m’attendais a un peu plus d’un match entre les Capitales et les Aigles de Trois-Rivières.  Les visiteurs l’ont emporté 4-1 sur des erreurs…

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Match Aigles de Trois-Rivières @ Capitales de Québec

La première impression que j’ai eu au match des Capitales de Québec, c’est la quasi-absence de minorités visibles dans les estrades.  Pour le gars de Villeray, ce genre d’environnement est toujours un peu déconcertant…

On a été moins chanceux à Trois-Rivières, le match a été reporté pour cause de pluie.  On a fait un peu de visite, on a bu beaucoup plus que prévu. (NDLR : Finalement, on a pu utiliser nos billets pour un match durant la fin de semaine de la fête du Travail, on a eu droit a un match de fou où les Aigles l’ont emporté 10-9 en dixième manches).

Après un arrêt à Magog, nous sommes allés voir deux matchs à Coaticook et à Sherbrooke.  Je peux vous certifier que le baseball dans les Cantons-de-l’Est, c’est sérieux. Le stade à Coaticook est assez surprenant pour une « petite ville »; celui à Sherbrooke est un peu moins beau, mais on y compense largement par l’ambiance et l’organisation.  Bref, on a eu bien du fun.

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Stade Municipal de Québec

Au baseball, comparativement aux autres sports, le niveau de jeu n’a aucune influence sur mon appréciation du spectacle.  J’aime le soccer, j’adore l’Impact, mais je ne crois pas que j’aurais beaucoup de plaisir à regarder un match de semi-pro avec le même plaisir.  Lorsqu’on passe dans un parc où il y a un match de baseball, il est plus que fréquent qu’on arrête pour regarder. C’est un sport qui « impose » la pause, qui fait arrêter le temps, ce que les gens ne font pas dorénavant assez…

Le meilleur moyen de perdre 3 à 4 heures dans une journée, car aller un voir « une game de balle », il faut accepter de perdre son temps. C’est prendre une pause avec le rythme effréné de la vie moderne. C’est aussi un acte de Foi, car on sait lorsque ça commence, mais on ne sait jamais lorsque ça va finir.  Regarder du baseball, c’est plus anticiper le dénouement du jeu, que le jeu lui-même. La beauté de ce sport réside plus dans l’imprévu, l’inespérée, la différence étant toujours faite lorsqu’un des joueurs effectue une action considérée au-delà de ses capacités.

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Match Cactus de Victoriaville @ Expos de Sherbrooke, Stade Amédée-Roy

Certains en visite aux États-Unis vont voir des parties des ligues majeures comme si c’était quelque chose d’exotique, comme je l’ai déjà fait au Wrigley Field à Chicago.  Pour beaucoup, le baseball ne fait déjà plus partie de nous, mais les Québécois jouent au baseball depuis plus d’un siècle.  Le baseball, c’est un élément de notre héritage, de notre identité.

 

Toutefois, le manque de leadership des Expos d’emmener des Québécois dans les ligues majeures, de prendre prendre possession véritablement de ce sport, de donner aux jeunes athlètes québécois un autre domaine où ils pouvaient exceller, peut expliquer que ce détachement fut aussi facile ces dernières années.

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Stade Expos de Sherbrooke @ Big Bill de Coaticook, Stade Julien-Morin

Aller voir un match de baseball en Région, c’est un peu comme assister à une assemblée de comté du PQ, beaucoup de têtes blanches, pas beaucoup d’immigrants, une poignée de fanatiques et deux-trois touristes… Le baseball est devenu en quelque sorte un acte de survivance et du même coup une réaction à de profonds changements qui bouleversent la société québécoise.  C’est un lien avec un passé qui s’efface tranquillement…

Il faut arrêter de croire que le « retour du baseball » passe par un retour des Expos. Avant 1968, les terrains de baseball étaient remplis partout sur le territoire du Québec, les joueurs québécois dans les ligues majeures étaient tout aussi rares et personne ne semblait s’en soucier.

C’est pourquoi je crois qu’il faudrait une équipe sénior ou Can-Am, plus près du centre-ville (sur le Plateau ou quelque chose du genre) et il faudrait même la présence de ces équipes de niveau « inférieur » à Montréal, même si les Expos revenaient s’installer dans la Métropole. Premièrement, cela donnerait accès à un niveau supérieur aux joueurs québécois et montréalais. Ensuite, permettrait à certains quartiers de renforcer leur sentiment d’appartenance, en ayant un lieu de rencontre.  Car, il y a toujours de la place au baseball et le baseball accueille tout le monde, c’est le plus démocratique des sports. Les bons joueurs sont ceux qui réussissent un coup sûr environ, 3 fois sur 10. On célèbre en quelque sorte les moins pires plutôt que les meilleurs, tout le monde peut s’identifier à ce genre d’athlètes.  C’est pourquoi je crois que le plan d’action de la Ville de Montréal pour le baseball est une bonne chose, il était temps qu’on réinvestisse un peu dans ce sport oublié. Expos ou pas Expos, je crois que cela ne peut être que bénéfique pour les jeunes, nos infrastructures sportives, et l’augmentation de l’activité physique.

Il serait temps de gagner… pour vrai.

montreal_impact_mls_logoCher Impact de Montréal,

Tout au long de l’année, on a attendu ce point tournant, ce moment qui allait dévoilé la grande équipe promise depuis la fin de l’année dernière.  Tout ce qui est arrivé cependant depuis de la saison 2016, c’est qu’on a échangé constamment  notre perception de la saison entre celle du verre à moitié plein et celle du verre à moitié vide. Tout est à demie teinte : un début de saison fracassant suivie de nulles à répétitions, les blessures, les joueurs qui quittent et ceux qui reviennent.  On a repris espoir avec une immense victoire à la maison contre Philadelphie, peu après une défaite horrible contre Chicago, pour être témoins ensuite un gain miraculeux à Toronto avec seulement 10 joueurs, pour s’effondrer encore une fois contre Orlando à la maison… Cette équipe n’a jamais su atteindre sa vitesse de croisière, jamais eu de momentum.

Sérieusement, ça vous prend quoi ? Car tout le monde sait que vous avez tous les ingrédients pour réussir.  Lorsque vous êtes en feu, rien ne peut vous arrêter, vous survolez la ligue, vous impressionnez, vous avez l’air de quelque chose comme une grande équipe. Malheureusement, vous sortez votre meilleur jeu seulement lorsque vous devez réagir aux événements, comme à Toronto par exemple. Il faut constamment vous secouer pour vous faire réagir. Vous êtes bons pour défendre votre honneur, mais l’instinct du tueur vous ne semblez pas l’avoir.

Et pourtant, ce n’est pas la motivation qui vous manque, la fenêtre d’opportunité n’a jamais été aussi belle.  Malgré tout, votre popularité augmente. Vous devez faire quelque correctement…

Vous oeuvrez dans une société en pleine mutation et en quête de repères, vous pourriez indiquer la voie au lieu de vous chercher match après match.  Vous devriez vous rendre compte un peu plus de la bouffée d’air frais que vous offrez dans le paysage montréalais, dominé par le trop convenu et contrôlant Canadien de Montréal qui présente un produit moyen à des vieux riches dépassés se contentant des succès d’une époque révolue.  Les bouffées d’air frais sont rares pour le Montréal multiethnique trop souvent caché par une version générique au teint aussi beige que ses propos. Et ceux qui osent briser cette hégémonie se  voient porter au pilori. L’unanime et immobile Québec semble pareil partout, surtout dans l’univers sportif où le gros rire gras du mononcle enterre tout langage coloré provenu d’ailleurs. Cette société tricotée serrée a délié ses liens depuis plus d’une décennie, et si de plus en plus de voix se fond entendre, le climat de suspicion, de démagogie et d’intolérance devient assez lourd à porter. Les gouvernements, eux, ont trop souvent remplacé les projets de société pour du mépris. Au Québec, la différence est un bruit de fond, un morceau de décors, elle n’est jamais présente à l’avant-scène.

Vous ne vous en rendez pas assez compte, mais vous montrez un visage que l’on ne montre pas (ou presque pas) au Québec. Celui d’une diversité décomplexée qui ne demande aucune permission pour accomplir de grandes choses.  De la ligue des Champions et des séries l’année dernière, à toutes les remontées folles et au match contre Toronto cette année. Chaque semaine vous gagnez des adeptes, conquis par l’ambiance exaltée du Stade Saputo.  On se demande encore pourquoi il y a autant de désarroi de votre côté ?

Il y a l’Histoire qui n’attend qu’à être écrite. L’Impact n’est peut-être pas l’équipe avec la plus grande valeur marchande, avec les plus grandes assistances ou le plus d’abonnements de saison; c’est qui est unique, c’est le contexte social dans lequel il s’inscrit qui va au-delà même du fait français en Amérique du Nord. C’est, peut-être malgré lui, le symbole d’une génération et d’une vision différente du Québec. Bref, si vous gagnez, ça veut dire plus qu’une simple victoire sportive. C’est aussi dire à tant de gens que l’espoir n’est jamais véritablement mort, que le triomphe existe, que l’histoire peut se terminer, qu’on peut tourner la page et commencer un nouveau chapitre.

 

 

Y’en aura pas de facile…

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… À première vue ça sonne bien en maudit, mais quand l’adversité te frappe en pleine gueule, t’aurais préféré que ton parcours de vie soit une jolie promenade dans les bois, pas l’escalade du mont Everest…

L’été s’annonçait radieux pour notre Impact national, mais la dernière fois qu’ils ont gagné, on avait nos tuques sur la tête, un foulard autour du coup et on roulait encore avec nos pneus d’hiver… On a encaissé les nulles, c’est des points en banque, mais avec la défaite à Orlando, la panique commence à s’installer…

Et puis, il y a un foutu Belge qui se blesse dans la vieille Europe et on apprend que Saint-Laurent de la Défense ira le remplacer à l’Euro… Catastrophe ! Le meilleur défenseur de la MLS absent pour un mois, dans une équipe qui se cherche encore… Une longue traversée du désert nous attend mes amis… Notre Foi sera mise à grande épreuve.

J’aimerais vous rappeler qu’on parle de l’Impact de Montréal… Que l’on qualifie comme étant « le meilleur show en Ville », mais l’Impact de Montréal ce n’est pas seulement une ambiance, du spectacle, c’est une suite ininterrompue de drames, de rebondissements et de controverses.  L’Impact de Montréal ce n’est pas juste un « le meilleur show en ville », c’est en fait le meilleur téléroman sur la planète.

Là haut dans les cieux, l’Impact à son propre Réjean Tremblay, son « gars des vues » céleste qui écrit sa saison, avec différents épisodes…des bons, des moins bons et une finale qui, espère-t-il, sera satisfaire les supporters, tout en leur donnant le goût d’être fidèle au poste la saison prochaine. Car si au niveau sportif ça laisse à désirer, au niveau narratif c’est de l’or en barre, c’est tout un show !

Après avoir casser la baraque avec deux victoires complètement folles, l’Impact avait réussi à se maintenir au classement dans l’Est avec des victoires en demi-teinte, après une défaite contre le Toronto FC, le Bleu-Blanc-Noir ne fait plus que des matchs nuls, certains étant carrément décevants, d’autres des morceaux d’anthologie. Partout, on cherche des causes, mais les blessures ont frappé l’équipe qui n’a jamais vraiment aligné un XI partant avec ses meilleurs effectifs dans la meilleure forme possible.

« On va à la guerre avec l’armée qu’on a, pas celle qu’on voudrait avoir » disait le vieux Rumsfeld avant le désastre de la deuxième invasion de l’Irak, mais en ce moment il y a autant de trous dans à boucher dans l’alignement de l’Impact que sur une rue de Montréal… c’est tout dire.

Faudra passer au travers, faudra affronter l’adversité, faudra se forger le caractère.  Comme l’a dit Piton Ruel : « y’en aura pas de facile ».

Vous vous souvenez 2015, le passage rédempteur en Ligue des Champions, le but expiatoire de Cameron Porter contre Pachuca dans les arrêts de jeux, les 60 000 personnes dans le Stade pour la finale crève-coeur contre Amèrica… là aussi un terrible creux de vague qui s’est terminé par le départ de Klopas et l’arrivée messianique de Didier Drogba. Une fin de saison grandiose et s’est terminée un peu abruptement en séries, l’équipe un peu vidée avait trébuchée contre Columbus… Mais tout le monde se disait : « en 2016, ça sera moins chaotique, on pourra se concentrer sur le championnat MLS, l’équipe sera mieux soudée, avec tous ces joueurs on va piétiner les adversaires un à un jusqu’à la coupe ». Déjà on plaçait nos chaises pliantes sur la Sainte-Catherine pour la parade… dur retour sur terre pour les Montréalais.

Dites-vous que tout ça, c’est arrangé avec « le gars des vues », et comment on écrit ça une « bonne vue » ? Tout d’abord, il faut accrocher le spectateur, le saisir, l’émerveiller dès le départ et surtout le lier émotionnellement avec le ou les personnages principaux. Ensuite, on vous montre qu’ils ont les capacités pour vaincre, pour vous faire douter quelques moments plus tard en mettant devant eux un obstacle insurmontable qui à la toute fin sera déjoué due aux qualités intrinsèques des héros. À moins que ce soit une tragédie, là c’est la même chose, mais ça finit mal et on sait tout au long que ça va mal finir… que tout est perdu… qu’on peut ne rien y faire. Alors la saison 2016, une fin heureuse ou malheureuse ?

On parle ici de la MLS qui malgré tous ses nombreux défauts, démontre une grande parité entre les différentes équipes qui la compose.  Portland, le champion 2015, avait gagné le match de barrage dans la conférence de l’ouest en fusillade, après que tous les joueurs des deux équipes aient passé, il fallut s’en remettre aux gardiens de but pour départager le gagnant. Qui aurait prédit une chose pareille, on se serait cru dans un film !

Tout est encore possible, du meilleur comme du pire… il faudra être patient et attendre jusqu’à la fin. Au moins, jusqu’à ici on ne peut pas dire que l’intrigue est mal ficelée, on a tous déjà hâte au prochain épisode. 😉