Vendre l’Impact à Montréal et au Québec

Le premier match de la saison de l’Impact a attiré 27 545 spectateurs au stade olympique, l’organisation en aurait aimé 34 000. Dommage, car bien des gens se sont privés d’un excellent spectacle où les Montréalais ont fini par s’imposer par la marque de 3-0 contre le New York Red Bull, pourtant le champion de la saison régulière 2015, et tout ça sans Didier Drogba. Bon, le stade Olympique peut être d’un ennui mortel, Drogba s’entraine encore sous le chaud soleil de la Californie pour bien préparer son genou pour la saison et malgré la qualité de l’équipe, les Red Bulls n’entraînent pas les plus grandes passions au Québec… On suppose tous que le Stade Saputo va être plein contre le Toronto FC lors de la « vraie ouverture » au mois d’avril, mais ça, c’est seulement un match dans la saison…

Malgré tout, tous les journalistes sportifs clament que c’est « l’année de l’Impact ».   Les Canadiens se sont enfoncés tellement loin dans la médiocrité que l’amateur de sport moyen n’a plus d’autres choix que d’aller voir l’Impact pour avoir sous les yeux un produit de qualité. Mais aller jouer dans la cour de la Sainte Flanelle peut s’avérer hasardeux; il s’agit d’une institution plus que centenaire, tandis que l’Impact a 23 ans d’existence et seulement 4 ans en MLS…  Car contrairement à leur relation avec le Canadien de Montréal, les Québécois(es) ne naissent pas fans de l’Impact, ils le deviennent…

Mais on ne doit pas voir le fait qu’elle ne traîne pas trop de passé, d’histoire, comme un désavantage, mais plutôt comme une opportunité, car elle peut se permettre beaucoup plus d’innovation au niveau de la stratégie de communication et de l’image de marque.  On retrouve déjà beaucoup de choses sur les réseaux sociaux et l’internet parlant de l’Impact ou de la culture soccer en général. Le club de soccer fait sa part, mais il devrait s’affairer à fédérer tous ces éléments et publiciser les bons coups venant de la base dans les canaux plus officiels.

L’Impact doit profiter de la créativité de sa base pour faire plus de marketing viral.  En bref, il s’agit de faire le « template » et laisser les partisans s’occuper de la diffusion. Dans ce genre de stratégie, il faut viser à engendrer un cycle de création perpétuel, donnant aux partisans l’impression d’être continuellement impliqués.  Les tentatives pour forger des liens du haut vers sa base [top-down], plutôt que prendre les initiatives de la base [bottom-up] peut s’avérer désastreux. Le supposé hymne de l’équipe créé par Radio-Radio l’année dernière a eu une réponse assez négative. On comprend que l’organisation avait fait une fleur a un partenaire d’affaires, mais les fans ne sont pas sentis représentés par ce coup de pub. D’un autre côté, un simple renard qui a élu domicile au Stade Saputo est devenu rapidement la vraie mascotte de l’équipe (désolé Tac-tik)… Ces choses-là arrivent par hasard, mais vu qu’elles viennent de la base, le lien émotionnel est plus fort.

Je sais que certains profanes auront de la difficulté à me croire, mais l’ambiance au Stade Saputo est du tonnerre, et même mieux qu’au Centre Bell.  L’Impact se doit de miser sur l’expérience supporters, plutôt que sur l’équipe (bon là l’équipe est excellente, mais un jour elle va l’être moins…) Les victoires ne font pas nécessairement vendre, elles facilitent plutôt la vente de billets.  Et comme le match d’ouverture l’a démontré, une équipe gagnante ne semble pas suffisante.

L’Impact c’est comme Arcade Fire; le Canadien comme Céline Dion. Ce n’est pas dans la même ligue, pas le même public et ce ne sont pas les mêmes besoins de diffusion. L’Impact n’a pas le même bassin de fans, mais leur dévouement peut compenser leur nombre.   Il faut comprendre que l’amateur de sport moyen va venir une fois de temps en temps voir un match, comme il va voir un match par année (ou aux deux ans) pour le Canadien de Montréal… même chose pour les Alouettes… Comme pour toute équipe professionnelle,  l’impact va vivre et mourir avec ses partisans les plus dévoués.

Rentrer du monde dans le stade, c’est comme faire sortir le vote à une élection, faut juste savoir où se trouve nos « sympathisants » et les contacter adéquatement pour qu’ils viennent. Si on n’a pas une couverture média mur à mur et 24 heures sur 24, comme en bénéficie l’institution nationale qu’est le Canadien, il faut une bonne organisation de terrain, et la ferveur des partisans peut s’avérer un outil intéressant dans ce cas-ci.

Oui les gens doivent aller voir les matchs au stade, mais ce n’est pas tout le monde qui peut acheter des billets de saison (ou des forfaits de « mini-saison »). L’Impact a besoin de lieux de rencontre, comme des bars de quartier où on peut aller voir les matchs, car ce n’est pas tout le monde qui a le câble… surtout que les 18-34 ans sont plutôt du genre à pirater des « livestreams » que de s’abonner à TVAsports.  C’est en renforçant le sentiment de communauté que l’équipe va conserver ses partisans et en attirer des nouveaux.

Déjà des activités de toutes sortes sont organisées par des groupes de supporters, il serait bien d’en entendre un peu plus parler.  L’équipe fait déjà beaucoup d’efforts, la couverture média entourant l’Étoile du Nord, l’énorme cloche du stade Saputo, constitue un bon coup de la part de l’organisation.  Il y a toutefois, tout un travail d’information à faire sur la culture sportive à l’intérieur du stade lors des matchs, ce qui pourrait désorienter un spectateur lors de sa première visite. Éduquer le grand public sur les différents groupes de supporters et présenter les gens qui en font partie peuvent entraîner une identification avec l’équipe avant même qu’il se rende au Stade. Cela peut également segmenter le message sans trop d’effort de conceptualisation. Là aussi, l’équipe fait des efforts en ce sens, mais il serait plus préférable, à mon avis, qu’elle pousse plus dans cette direction, plutôt que d’attendre que les médias conventionnels fassent la moitié du travail à leur place.

Car voyez-vous, nous sommes pas le Canadien de Montréal…

Thank god.

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