Qui veut acheter le CF Montréal?

Le CF Montréal  a récemment traversé bien des tumultes. La dernière saison s’est soldée par une absence des séries, une déception d’autant plus grande que l’équipe a dû affronter son ancien entraîneur et son Crew de Columbus, dont la place était assurée, lors du dernier match de la saison. Une douce revanche pour Wilfred Nancy qui a sonné le glas de son successeur, Hernan Losada, à la barre du Bleu-Blanc-Noir. Cependant, derrière les problèmes sportifs se cachent des défis structurels, sont surtout le manque d’investissement dans le fonctionnement normal des opérations.

Une fondation tout de même solide

Le principal point à considérer est que le CF Montréal est l’équipe professionnelle la moins chère en Amérique du Nord, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient. Sa valeur actuelle, étant estimée à 390 millions de dollars, représente une véritable aubaine pour tout investisseur. L’équipe dispose d’un potentiel sportif intéressant, des installations de qualité, une académie bien établie, et une base de supporters fidèles. 

Malgré l’échec sportif, l’équipe s’est battue pour une place en séries tout au long de l’année, ratant son objectif de peu, par une victoire in extremis d’un adversaire New-Yorkais. Son centre d’entrainement est de grande qualité, ayant été même utilisé dans le passé par le Réal Madrid, lors d’une partie de son camp d’entrainement. L’Académie de son côté fournit plus de joueurs d’impacts que les transactions intra-MLS ou les signatures à l’étranger. Malgré l’Absence de supers vedettes ou de grands succès, le Saputo était presque toujours à guichets fermés. Rien qui démontre une organisation en déroute.

Une société distincte 

De plus, le CF Montréal possède un atout unique en Amérique du Nord : un véritable monopole national. Cela va au-delà du simple nationalisme symbolisé par le maillot bleu avec une fleur de lys au milieu du blason. Ce club a non seulement le contrôle sur le développement d’un territoire, mais également d’une communauté qui se bat pour sauvegarder son identité. Le nationalisme ce n’est pas seulement pour les réactionnaires habillés en bruns qui ont peur des étrangers, c’est lavant tout le désir de former une communauté avec un projet politique commun et la volonté de perdurer dans le temps. 

Les résultats sont déjà au rendez-vous, avec plusieurs nouveaux joueurs formés au club, qui ne sont pas seulement titulaires, mais également de futures vedettes de l’équipe première. Avec une telle distinction, le marketing et les communications d’une telle organisation sportive devraient s’écrire tout seuls. 

Des dépenses courantes malheureusement inexistantes 

Pour que le club atteigne son plein potentiel, il a besoin d’investissements dans plusieurs domaines. La création d’une équipe MLS NextPro, l’acquisition de joueurs désignés pour renforcer le projet, l’amélioration du budget dédié aux communications, et éventuellement un nouveau stade, sont des aspects à considérer. La plupart de ces dépenses, toutefois, correspondent aux investissements standard effectués par d’autres équipes de la MLS pour garantir une organisation de qualité, ce qui signifie qu’elles ne devraient pas bouleverser considérablement le plan d’affaires d’un nouveau propriétaire.

Ainsi, le CF Montréal offre une opportunité unique à un investisseur qui souhaite s’engager dans le monde du soccer professionnel tout en participant à la croissance d’une communauté sportive nationale. Avec un projet bien conçu et les investissements appropriés, l’équipe pourrait retrouver sa gloire passée et devenir un acteur majeur sur la scène du soccer nord-américain.

Les seuls ayant à perdre ici, seraient les propriétaires actuels qui vendraient un succès assuré pour une bouchée de pain. 

Première visite au stade Saputo de l’année

Mes ami.e.s m’ont offert comme cadeau pour souligner mes quarante ans des billets pour un match du CF Montréal. Très bons billets d’ailleurs, achetés lorsque l’équipe gisait dans les bas fonds de la médiocrité et que certains faisaient des rabais pour une place au stade Saputo. J’étais également fort heureux de revoir ces ami.e.s alors que le beau temps faisait un retour. 

Comme d’habitude, les deux mêmes personnes, moi inclus, ont dû attendre le reste de la troupe au taillage, mais les autres sont arrivés avec nourriture et rafraichissement alcoolisés, donc tout est pardonné. J’invite tout le monde à assister à ces avant-matchs forts sympathiques, créés par les partisans, qui démontrent les liens forts de cette communauté. Au-delà des résultats sur le terrain, ce qui m’apparaît le plus important c’est de renforcer l’esprit de famille de l’Impact, qui dépasse la simple consommation de produits de divertissement. L’attachement va au-delà d’une équipe, il touche également tout ceux qui y adhèrent. 

Du côté sportif,ce fut un bon match, mais heureusement que le Orlando vise aussi bien que des Stormtroopers. Malgré cela, le Bleu-blanc-noir, s’est bien ajusté en deuxième demie. L’entrée de Romell Quioto a pour sa part, totalement redynamisé le jeu offensif des Montréalais devant un adversaire qui commençait à montrer des signes de faiblesse. 

Le clou de la soirée a été la vague que les fans ont perpétuée durant une bonne dizaine de minutes. C’est bien la victoire, mais de revoir son stade quasi complet retrouver sa bonne humeur, c’est encore mieux. En espérant que le plaisir continue!

Hernan Losada est un être humain

Les débuts difficiles ont amené des critiques fortement méritées à l’entraineur du CF Montréal. Malgré la victoire contre les taureaux rouges du nouveau York, le Bleu-blanc-noir est toujours dernier dans l’Est. Même si la prudence est de mise, on peut détecter une amélioration dans le jeu des Montréalais. Un peu de positif pour l’entraineur Hernan Losada, dont beaucoup réclamaient le congédiement hâtif.

Les critiques constructives n’indiquent pas que l’on déteste notre équipe. Toutefois, l’exaspération de plusieurs partisans face aux piètres performances de l’équipe, en ont poussé certains à émettre des propos vitrioliques au détriment des décideurs, visant notamment l’entraîneur du Club de foot anciennement amateur de flocons. Même si on peut qualifier les décisions de Losada de mauvaises, ce dernier les a prises dans l’intérêt de l’équipe. Personne n’est infaillible, et plusieurs éléments jouaient contre lui. Ce dernier veut avant tout gagner et, surtout, conserver son emploi.

Malgré une saison historique l’année dernière, la vente de certains joueurs, un propriétaire qui ne veut pas investir et un directeur technique devant jongler avec un budget réduit, pouvaient nous faire douter sur les performances de l’équipe cette saison. En plus de cela, une préparation physique catastrophique au camp d’entraînement a engendré un fort taux d’occupation de l’infirmerie, privant l’équipe de plusieurs vedettes. Les joueurs déjà démotivés par l’entre-saison n’avaient pas beaucoup de raisons de se réjouir une fois sur le terrain.

Je vais m’avancer ici dans la psychologie à 5 cennes, mais l’organisation semblait vouloir prouver que la saison précédente n’était pas si exceptionnelle. Que n’importe quel entraineur pouvait amener cet effectif à de bons résultats. Au lieu de faciliter la tâche de Losada, on aurait voulu donner le même niveau de difficulté à l’entraineur, en espérant un résultat similaire. La réalité les a pourtant rattrapés, les ajustements ont été faits, mais un peu trop tard diront certains.

Les ajouts de Duke et Lassiter ont redynamisé une équipe amorphe qui ne savait plus pourquoi elle devait faire des efforts. Les victoires récentes n’ont pas été acquises contre des superpuissances, loin de là, mais elles ont le mérite de remettre l’attention sur le prochain match au lieu des insuccès passés.

Ces récents succès n’absolvent pas l’entraineur de toutes ces fautes. Il faut être pragmatique, le mettre à la porte maintenant, ça servirait à quoi? Il vaudrait mieux d’attendre les renforts, par le retour de joueurs blessés et de probables signatures, et d’évaluer la situation lorsque l’effectif complet sera en place. Losada pourrait-il accumuler des victoires en deuxième moitié de saisons ou faut-il le remplacer pour apporter une nouvelle énergie? S’il tient le coup jusqu’à la fin, cela n’empêchera pas de le remplacer par un nouveau stratège, si l’on juge que cela est la meilleure option pour l’équipe.

Prélude à la catastrophe

Déjà que la dégelée de 5-0 contre Vancouver ayant un effectif rempli de réservistes pouvait nous faire craindre le pire, le 4-0 contre le Révolution de la Nouvelle-Angleterre peut nous le confirmer : l’Impact est poche. L’hécatombe du début de saison n’aide sûrement pas, les joueurs semblent toutefois perdus sur le terrain, alors que Bleu-Blanc-Noir était, malgré le manque de résultats, beaucoup plus cohérent en début de saison l’année dernière.

Les gros morceaux, partis vers de meilleurs cieux dans l’entre-saison, ont été timidement remplacés, mais quand tes pièces de rechange sont elles aussi à l’infirmerie… Le nouvel entraîneur a déjà gaspillé ses cartouches avant même le début de la saison. On peut bien accuser le directeur technique pour le manque de qualité dans l’effectif; mais d’un côté le propriétaire ne veut pas délier les cordons de la bourse et, de l’autre, l’entraîneur ne semble pas avoir compris les risques, étant facilement identifiable lors de son embauche.

Alors que le CF croule dans les bas-fonds de la division de l’Est avec un différentiel de but de -13, la nouvelle équipe de Wilfred Nancy est en quatrième position. L’intégration semble être positive pour ce dernier. Désolé de tourner le fer dans la plaie, mais il s’agit du drame qui se joue devant nos yeux, la tragédie s’annonce pour tous les supporteurs. Chaque année, l’histoire se répète, le manque de professionnalisme de l’organisation vient détruire sa progression normale. Même si des améliorations ont été réalisées en ce sens au cours des dernières années, les efforts nous apparaissent insuffisants, alors que le reste de la ligue a passé à un autre niveau. 

La longue liste d’accidents de parcours n’aide aucunement à renforcer l’adhésion des partisans potentiels à cette équipe. Les résultats de l’année dernière ont pu colmater quelques brèches , mais quand l’architecte principal de ces succès à quitter le navire, on peut se demander si, cette fois-ci, le bateau va sombrer pour de bon?

Pas seuls, mais marginaux

C’est toujours un peu compliqué d’amener des gens au stade pour voir les impacts. Habituellement, les amis sont curieux, mais hésitent à accepter à entrer dans ce lieu inconnu aux coutumes étranges et pour y voir un sport qu’ils ne comprennent pas totalement. Être fans du CF, ce n’est pas aussi répondu que le Canadien. Un match du CH peut attirer même les moins intéressés à cause du prestige du Centre Bell, où plusieurs achètent un billet y être vu et se chercher de la reconnaissance avec une publication sur les réseaux sociaux. 

Parler du match de «foot» peut mener à se faire regarder de travers durant les conversations de bureau. Le CF n’est pas unanime, ce n’est pas, malheureusement, aussi enraciné dans l’imaginaire collectif du franco-québécois d’expression française.

Vouloir suivre à tout prix le Bleu-blanc-noir peut être une traversée du désert, surtout pour se trouver des gens qui partagent notre Foi. Il ne s’agit pas ici d’une critique, mais d’un constat : l’impact est plus organique que les autres équipes professionnelles de Montréal. Beaucoup d’activités sont le résultat des efforts de la base. Les tailgates sont de vrais tailgates et non une collection de chapiteaux de commanditaires, tenus par des adolescents blasés où sonnent les chansons nullissimes d’une radio FM. Toutefois, un lieu sans âme, où personne n’a besoin de prouver son appartenance, est moins menaçant pour le commun des mortels. Si certaines organisations se qualifient d’institutions, le jeu du marché les ont transformées en grand fourre-tout sans réelle valeur. Il faut faire ici une différence entre les grandes équipes et les grosses équipes. Par exemple, un Wal-Mart est un gros magasin, mais pas une grande chaîne. Ce n’est pas parce que tout le monde y va que c’est nécessairement bon.

Il faut des endroits pour se rassembler. Se retrouver entre nous. Le degré de ferveur peut en faire hésiter quelques-uns. Les novices pourront être intimidés par le degré d’implication des partisans les plus aguerris. Si certains de ces endroits existent déjà, ils sont peu répandus et surtout, peu connus. Trouver un endroit près de chez soi pour regarder un match entre amis peut devenir une chasse au trésor. La communauté gagnerait à être un peu plus répandue, sans pour autant perdre de son authenticité. L’organisation, mais aussi la base des partisans, se doit de réfléchir sur l’accueil des néophytes. 

Ceci est une tâche moins fastidieuse qu’il n’y parait, car des partisans il y en a, et ce, partout au Québec. Cependant, nous sommes terrains dans un anonymat confortable; où la horde de «Serges» ne vient pas nous embêter. Il serait bon d’afficher notre présence au dehors du stade, quitte à tout faire soi-même. Cela n’est pas impossible. Au début, la couverture médias était inexistante, et ce sont les partisans qui nous donner les premiers podcasts sportifs, les amenant aujourd’hui à être des spécialistes au côté de joueurnalistes habituels. Cette couverture est encore minime, mais elle croit d’année en année. 

Alors prenons contrôle du territoire, organisons des événements et promouvons ceux qui existent déjà. Allez Montréal!

Avoir 40 ans

Je n’étais pas au stade olympique et je n’ai pas regardé le match à la maison. Quoi! Moi, manquer une partie des impacts, soirée de retour a la maison par-dessus le marché? Et oui, mais j’avais une bonne raison: je faisais mon entrée dans le club des vieux croûtons, je soulignais mon quarantième anniversaire de naissance.

De toute façon, pensai-je, le stade n’est qu’un tombeau de béton où l’ambiance va mourir avant de ressusciter au printemps avec le premier match au stade Saputo. 

Je peut-être manqué de sports cette semaine-là, mais l’organisation d’une fête, même assez modeste peut s’avérer un exercice ardu. Trouver une date qui satisfassent les invités, restaurant, bar, les invitations et s’assurer que tout le monde ait les bonnes informations, ça prend de la charge mentale, une chance que ma sœur s’est portée volontaire comme co-organisatrice.

J’ai commencé la festoyer tôt, car mes parents voulaient me donner mes cadeaux avant de se rendre au restaurant. Quelques verres de vino, déjà dans le système, pour calmer la nervosité et le début de la crise de la quarantaine, me donnais l’impression d’être à un avant-match au grand soleil, dans le stationnement du centre Claude-Robillard. Comme dans tout, être ponctuel est une bonne chose, surtout pour ceux devant entrer au stade olympique. Je peux me consoler en pensant que je ne me suis pas resté dehors au froid à manquer le début de la partie.

Car malgré le tapage dans le restaurant et les entrecroisements des conversations entre amis, j’ai réussi à regarder le début de la partie. Dès le départ, un but sur penalty, ça regardait bien. Mon assiette arrivant, je pouvais me concentrer à discuter avec chacun des invités.

Je n’aime pas ces gros groupes, car on n’a pas vraiment le temps de parler à tout le monde. J’aurais aimé avoir un peu plus de temps avec chacun des membres de ma famille et mes amis. J’ai quand même eu le temps de faire des promesses à plusieurs d’entre eux sur l’effet de l’alcool, toujours un signe de fiabilité… 😉

Durant le repas, j’ai consulté mon téléphone qui m’indiqua un score de 1-1. Aussi bien retourner à mes amis, ça sentait une quatrième déception de suite pour les Montréalais en gris.

Avant de quitter le restaurant, j’ai regardé une autre fois : 2-1 pour les Unions de Philadelphie! Et bien, mon intuition était juste! Comme j’ai bien fait de consacrer cette soirée à la célébration de ma propre personne.

Avant de continuer la fête au bar, j’ai remis de petites surprises à chacun des invités. Je ne dévoilerai pas la nature de celles-ci, car certains de mes camarades ne les ont pas encore reçus. C’est avec bon entrain que nous avons continué la soirée.

Comme je suis rendu vieux, la soirée ne s’est pas terminée trop tard. Très tard, mettons pour un plus de trente ans; pas vraiment tard, si on se fie à mes folles années de prime jeunesse. J’avais toutefois la tête qui tournait un peu. Quand j’ai vu le score final du match, 3-2 pour les impacts, je me suis demandé si l’alcool me jouait des tours. 

J’ai regardé les faits saillants dans mon lit, tout en m’hydratant convenablement pour ne pas avoir une gueule de bois le lendemain. J’ai quand même eu la gueule de bois le lendemain. Ça avait l’air d’un beau match… Un match historique même! Espérons que cette rencontre sera un point tournant dans la saison. 

Pour ceux qui étaient au stade, ils le considèrent sûrement comme un moment inoubliable. De mon côté, je me souviendrai de mon anniversaire avec beaucoup de gratitude, car c’est toujours important de s’entourer des gens que l’on apprécie.

Austin pas une belle game…

Samedi passé c’était la fête ma mère, alors j’ai manqué les quinze premières minutes de la partie du Club de Foot MTL contre le Austin. Vous savez, une mère c’est important, assez pour manquer 15 minutes d’un match de championnat MLS. Bien heureux d’avoir pu souligner l’anniversaire de ma mère lors d’un beau souper en famille.

Ç’a été un match chaudement disputé, avec de bien belles choses, surtout des joueurs formés au club… L’alignement un peu rafistolé pour cause de blessures n’a pas dérapé lors de la première heure de jeu et créait même quelques belles chances de marquer… La fin a été moins belle, alors que la blessure du défenseur central qui n’est pas vraiment un défenseur central, Samuel Piette, jouant à cette position, car tous les autres défenseurs centraux étaient blessés, à fait effondrer le château de cartes qui était le plan de match du CF, déjà pas super bien assemblé au départ… 

Les changements d’Austin ont-ils vraiment fait la différence? La formation montréalaise, constituée principalement de transplantés, éloignés de leurs rôles de prédilections, ne pouvait offrir malheureusement qu’une résistance diminuée. Entré dans le dernier quart, l’ancien porte-couleur du Bleu-blanc-noir, Max Urruti, n’en demandait pas tant pour nous faire une reprise de sa revanche de l’année dernière, en nous plantant un but dans les dernières minutes. Celui qui était incapable de finir avec nous, nous a finis deux fois plutôt qu’une. L’ironie est si grande que même les scénaristes hollywoodiens n’auraient pu l’écrire… 

Les joueurs ne devraient pas trop s’en mettre sur les épaules, cette défaite n’est, dans les faits, que le produit de la préparation trop intensive de l’entraîneur et du manque de solutions de rechange offertes par le directeur technique. Avoir les bons joueurs aux bonnes places n’est pas un luxe, c’est pas mal la base… surtout en début de saison. 

Y’en n’aura pas de facile… surtout quand les décideurs ne se facilitent pas la tâche.

Un début de saison écrit tout croche sur le coin d’une table

En résumé, c’était brouillon. Rien de dépaysant toutefois pour les supporteurs de la première heure de l’Impact. Une déception généralisée qui n’est que le reflet d’un entre-saison n’ayant qu’amenuisé l’enthousiasme de la population, malheureusement au plus haut après une saison de rêve.

Au premier abord, un entraîneur apprécié qui quitte pour un rival de division pour cause de mésentente avec le propriétaire, devant supposément s’éloigner au plus possible du vestiaire. Chassez le naturel, il revient au galop pour engueuler les joueurs après une horrible défaite contre la pire équipe du circuit. Les plus fefans diront que cette altercation fut salvatrice voyant les résultats de l’équipe pour la suite de la saison. Quand le finaliste au titre d’entraineur de l’année quitte sans demander merci, il faut avoir bu du kool-aid assez corsé pour y voir quelque chose de positif. 

Mais bon, on ne s’entendait pas à grand-chose côté sportif, pour le premier match de la saison. Un nouvel entraîneur, donc qui n’a pas une connaissance profonde de son effectif et devant faire ce qu’il peut avec quelques pièces manquantes. C’est un premier match, on ne peut pas vraiment critiquer le côté technique. De tout sport, dans toutes les ligues, le début de saison c’est toujours tout croche.. Sportivement, le match avait l’air d’une ligue de bière, avec un Miami qui semblait mieux organisé, même si ce n’était pas super bien organisé. Les buts des adversaires ne passeront pas dans les faits saillants de la semaine, les arrêts devant les Montréalais pourraient peut-être y figurer. 

En parlant d’organisation foireuse, que dire de la diffusion d’Apple TV+… On parle un peu partout de représentativité, notre belle société distincte a eu droit un produit tout aussi décevant que le Club de Foot sur le terrain. On nous accueille avec une belle demi-heure d’avant-match de Speak White, suivi d’une description digne d’un match préparatoire contre les Rowdies, les enfants dévalant la côte en moins. Le son était pénible, le descripteur et le commentateur faisant de leur mieux; mais vu l’alignement qu’Apple a engagé, on se demandait pourquoi on nous avait envoyé l’équipe C en début de saison. Le produit qu’Apple nous sert n’est pas pour nous; c’est pour les Yankees, les sauvageons du Nord n’auront qu’à se contenter de leur petit pain…

J’ai regardé le match sur mon téléphone, visuellement c’était aussi confus que dans nos oreilles. N’ayant pas encore de nouveau maillot principal les Impacts étaient obligés d’aborder leurs chandails gris, motif comptoir de cuisine en marbre. Malheureusement pour mon daltonisme, le Miami arborait le rose «bachelorette party». Partout, les ratés de l’entre-saison se révélaient plus facilement que les bons coups. 

Espérons que ça sera mieux la semaine prochaine…

Pourquoi sommes-nous aussi mauvais?

À Montréal, nos équipes professionnelles sportives sont nulles, exécrables, minables, pitoyables et il ne semble pas y avoir réellement de lumière au bout du tunnel. Sportivement, des erreurs ont été commises et ont été identifiées. De plus, les dirigeants de ces équipes ont tenté, sans succès, de les régler. Ces équipes ont maintes fois remplacé le personnel d’entraineurs, mais malgré quelques soubresauts, la médiocrité persiste. Il est à se demander si le problème dépasse le cadre sportif, s’il serait plutôt le reflet d’un mal plus profond dans notre société.

Car lorsqu’on parle de sport, on parle de compétition, de dépassement de soi, de leadership, de talents, de créativité et d’énergie. Pouvons-nous dire que ces éléments sont présents au Québec? Du moins, sont-ils présents en nombre suffisant dans les lieux de décisions? Le manque de résultats au niveau de ces équipes sportives démontrerait-il que, parallèlement, nous souffrions d’une médiocrité globale, au niveau institutionnel, économique ainsi que politique? Sommes-nous englués dans de vieilles façons de faire, de concevoir nos organisations de telles sortes que même lorsqu’on veut les améliorer, nous sommes incapables d’accomplir de réels progrès?

Je ne pointe pas du doigt la structure de l’entreprise privée, ou l’idéologie néolibérale. Il serait trop facile, de prendre ce chemin et de se lancer dans une plaidoirie plus à gauche. Toutefois, on peut observer qu’une certaine façon de concevoir les organisations, plutôt traditionalistes, très rattachée à une certaine conception de l’entrepreneuriat est solidement enracinée au Québec. Si ces dernières peuvent être encore adéquates pour une PME, il n’en est guère pour une institution sociale d’importance comme une équipe professionnelle de grande envergure. Vous pourriez mettre les meilleurs éléments à des postes clés dans chacune de ces équipes, elles devraient continuer à échouer, car leurs structures décisionnelles sont inadéquates.

Une affaire de famille

Malgré tous les millions qui y transitent, les équipes sportives montréalaises sont des entreprises familiales.  Ce lien personnel avec l’entreprise pourrait apparaitre comme étant un avantage, mais ces dernières années, les liens quasi filiaux entre certains dirigeants et leurs propriétaires ont retardé des décisions pouvant améliorer ces équipes. Comme dans une famille, on préfère l’absence de conflit et la cohésion sociale au détriment de l’efficacité. L’entêtement des propriétaires de conserver une trop grande part décisionnelle dans leurs organisations, a empêché ces dernières de recourir à l’aide dont elles avaient besoin.

Mauvaise conception du leadership

Il ne faut pas prendre de la passion et de l’engagement pour du leadership. Certains vont jusqu’à prendre le dévouement sans esprit critique comme étant une «bonne attitude». Pour progresser, il faut savoir prendre du recul, comprendre les fondements du problème et être prêt à le concevoir différemment. 

Une personne ayant vraiment à coeur le succès de l’équipe (ou de toute autre organisation) réfléchit, conteste les façons de faire, veut améliorer la situation au lieu d’être prise dans le statu quo. Si cette critique doit se faire dans le respect, les employés doivent se sentir à l’aise d’apporter leur point de vue. 

Ce que nos équipes recherchent ce n’est pas du dévouement, mais du dévouement qui ne remet d’aucune façon en question l’autorité du propriétaire et de ses subalternes. 

Une institution sociale

Le sport c’est important. Ce n’est pas qu’un simple divertissement où des millionnaires font faire des profits à des milliardaires sur le dos des masses incultes. Posséder une équipe professionnelle revient avec une responsabilité morale, celle de s’impliquer dans sa communauté, et en plus de tenter d’améliorer la vie des individus qui la composent. Et quelques fois (pas toujours) pour cela, la victoire doit avoir la priorité sur la rentabilité.

Montréal est un centre culturel et universitaire de première importance dans le monde, de plus les talents en haute technologie se démarquent, des jeux vidéos à l’intelligence artificielle, elle devient une référence, une ville pleinement ancrée dans le XXIe siècle. Pourtant, nos propriétaires même s’ils ont à coeur le succès de leur équipe, sont encore pris dans le XXe, où la structure hautement hiérarchisée ne peut qu’amener d’innovation que «par le haut», où les informations sont cachées en plus d’être menée par des leurs sautes d’humeur plutôt que par un réel plan à long terme. 

Dans ce monde, d’hypercommunication et de communauté virtuelle ne pas tenir compte de l’opinion de ces partisans ne peut que tuer sa franchise à petit feu. Si les décisions sportives doivent avoir le dessus sur le marketing, il faut tout de même tenir compte de l’évaluation de ses effectifs par l’ensemble de la communauté. Si les entraineurs et les directeurs généraux doivent avoir le dernier mot, s’entourer de vieux amis et de sycophantes, n’ayant comme expérience d’avoir partagé le même vestiaire à un moment ou un autre de leurs carrières n’est pas un gage de succès. Les statistiques ne proviennent non seulement des performances des joueurs, mais peuvent provenir également des partisans qui peuvent souvent avoir une opinion plus que les équipes techniques. Il y a dans le partage d’information, des innovations à découvrir et de nouvelles méthodes de dépistage à appliquer. 

Le plus important, toutefois, serait d’arrêter de prendre le partisan comme un simple consommateur, vide de toute capacité d’analyse. Les échanges simultanés maintenant possibles grâce aux réseaux sociaux font d’eux des participants actifs au match. Il n’y a plus le filtre du journaliste, devant souvent se censurer pour continuer à avoir accès à l’équipe qu’il suit. Lorsqu’un dirigeant s’enferme dans un cadre d’analyse erroné, il ne déçoit plus, il enrage les partisans. Et malheureusement, pour punir l’équipe certains décident de ne plus dépenser ses dollars loisirs pour assister aux matchs locaux.

Mesurer adéquatement le succès

Prenez n’importe qu’elle entreprise, elle se fixera des objectifs et tentera de les atteindre. Certaines seront couronnées de succès, d’autres failliront à la tâche. Toutefois, notre système étant ce qu’il est, il est rare que les grandes entreprises paient réellement pour leurs échecs. Souvent, celles-ci obtiendront une aide gouvernementale qui ne demandera rien en retour, laissant en place des dirigeants incompétents qui continueront à prendre de mauvaises décisions. De leur côté, les gouvernements s’en lavent les mains, prétextant qu’ils viennent de sauver des milliers d’emplois. Et lorsque ce n’est pas les gouvernements, ce sont les fonds de solidarité ou les institutions financières qui viennent sauver les entreprises fautives qui ne se remettront rarement en question. 

Alors, prenez des gens qui baignent dans ce type «d’environnement décisionnel» où l’imputabilité n’existe pratiquement pas. Qu’arrive-t-il lorsque les défaites s’accumulent à une vitesse fulgurante et où l’espoir est pratiquement disparu? Ils trouvent des excuses, comme l’attitude, les blessures ou encore que les autres équipes ont eu l’audace de chercher à s’améliorer… quelle pratique déloyale! 

La beauté du sport réside également dans le fait qu’il est pratiquement impossible de cacher ses erreurs, le talent parle autant que l’incompétence. C’est un domaine où l’humilité n’est pas qu’un avantage, mais également une nécessité. Malheureusement, s’asseoir sur ses lauriers et quelques exploits passés n’est pas suffisant.

Une des pistes de solutions de nos dirigeants sportifs serait peut-être de sortir du cadre de l’entreprise privée où les décideurs préfèrent les conférences de motivation vides sur le «leadership» aux données réelles et aux innovations dans le domaine du management. Si vous me trouvez trop critique, un rapport de la firme Deloitte met en lumière de graves lacunes chez les employeurs canadiens. Celles qui montrent la voie tendent plutôt à faire participer les employés dans le processus décisionnel, à s’impliquer socialement, à offrir de meilleures conditions de travail et possède une réelle volonté d’intégrer les nouvelles technologies. 

Nos équipes n’ont pas tout faux, mais certains éléments manquent toujours. Pour y remédier, il faudrait premièrement que les propriétaires prennent du recul et laissent leur place à quelqu’un ayant de véritables compétences pour diriger une telle entreprise. De plus, il faudrait recruter les administrateurs ailleurs que chez les anciens joueurs ou les écoles de gestions. Dans certaines circonstances, leur apport peut être utile, mais il y a d’autres avenues qui s’offrent à ces équipes. Une diversité dans les postes décisionnels ne peut qu’emmener de nouveaux points de vue, de nouvelles solutions à des problèmes qui ne font que s’aggraver. 

Des équipes vraiment montréalaises

Sans tomber dans le jovialisme délirant de l’acceptation à outrance, du politiquement correct et de la société arc-en-ciel que peut entrainer le discours du Multiculturalisme; il faut se rendre compte que le monde change. Les vieilles méthodes fonctionnaient peut-être lors des dernières décennies, mais il faut comprendre que les résultats ne sont plus au rendez-vous. De plus, changer les décideurs par d’autres, quasiment identiques, devraient apporter le même genre de résultats, et perpétuer les insuccès généralisés. Nous méritons mieux.

Montréal n’est-elle pas une ville célébrée pour son ouverture d’esprit, pour son accueil ainsi que pour sa grande diversité? Alors, pourquoi ne pas avoir des équipes qui reflètent réellement la ville qu’elle est censée représenter ? Cela ne doit pas être uniquement visible sur le terrain, surtout lorsque tous dans l’équipe doivent répondre au fils de quelqu’un… Mais n’est-ce pas là le reflet de notre pays, de nos institutions politiques?

À Montréal, le sport est souvent le seul pont entre les deux solitudes, entre les différentes communautés culturelles, entre les riches et les pauvres. Dans un Québec de plus en plus déchiré  sur les questions identitaires, il serait bien que ces liens se renforcent, que nous aillons quelques choses à célébrer. Et ces choses ne pourront survenir en se refermant sur nous-mêmes et en s’obstinant à perpétuer des habitudes tombées en désuétudes. 

Sport professionnel : pour une meilleure intervention de l’État

Avec la possible arrivée de la coupe du monde de soccer et du retour des Expos lors des prochaines années, on parle de plus en plus de l’intervention des différents ordres des gouvernements (municipal, provincial, fédéral) dans les projets de développements des infrastructures sportives. Les semaines qui ont suivi l’élection de Valérie Plante à la Mairie de Montréal, ont amené à une angoisse des milieux d’affaires et sportifs, face au supposé désintérêt de l’administration montréalaise quant à la construction d’un nouveau stade de baseball à Griffintown.

Si le projet semble emballant, beaucoup de citoyens ont encore en mémoire le fiasco financier de la construction du stade olympique, tombeau pharaonique des dernières années des Expos dans la Métropole. De plus, une autre dépense de plusieurs millions de dollars pour le Centre Vidéotron, un cadeau gouvernemental pour une compagnie privée incapable de ramener les Nordiques dans la Capitale, a laissé un goût amer à certains, qui ne veulent pas revoir une infrastructure vide, vouée à des équipes juniors ou des spectacles de musiques métal.

Au niveau gouvernemental, par contre, plusieurs autres avenues sont possibles au-delà de la construction de stades et des congés de taxes.  L’État n’est pas obligé de donner des aides financières aux équipes, il peut aussi en donner aux joueurs. Il pourrait aider au recrutement de certains éléments en établissant un régime fiscal spécifiquement aux joueurs professionnels, selon une moyenne des taux d’imposition des différents états ou provinces de l’Amérique du Nord. Cet avantage fiscal pourrait être offert en échange de participation civile à des projets de sensibilisation ou d’actions communautaires, qu’on le veuille ou non, ces professionnels sont souvent des modèles plus importants que les politiciens ou artistes.

On peut aussi aider les équipes à faire face à la dévaluation du dollar canadien, afin de pouvoir compétitionner  plus équitablement face aux marchés américains, car leurs dépenses se font souvent en dollars américains, tandis que leurs revenus le sont en dollars canadiens. Un fiscaliste pourrait trouver une solution mieux que moi à ce sujet, mais c’est un aspect que l’on ne peut mettre de côté pour l’établissement d’une franchise viable au Québec.

En échange de ces aides financières, les équipes pourraient également laisser des billets à des prix modiques ou abordables… Si l’État doit intervenir directement, cela devrait être avant tout pour assurer une accessibilité aux sports, autant dans l’arène que dans les estrades. Le sport doit être pour tout le monde, car avoir un accès limité aux activités sportives durant l’enfance amène non seulement des problèmes de santé, mais aussi d’estime de soi, en faisant en sorte que les rêves de « de la ligue nationale» ne sont désormais possible qu’aux mieux nantis.

Les municipalités aiment construire des arénas et des centres aquatiques pour faire plaisir à leurs amis entrepreneurs ou ingénieurs, mais le sport c’est plus que du béton.  Le sport c’est avant tout des êtres humains, qui veulent participer pou encourager, qui veulent construire quelque chose pour eux-mêmes, mais également pour leur collectivité.

Le gouvernement doit voir les équipes professionnelles comme une chaîne faisant partie de la structure de développement sportif national et les intégrer au sein de leurs politiques publiques. Il ne s’agit pas ici que de divertissement.

Une équipe «nationale» demande un programme national, il faut donc offrir des opportunités à des talents locaux. Cela serait possible si on avait une véritable équipe nationale pour souvenir le développement des athlètes, mais le Québec doit pour l’instant être subordonné à des fédérations nationales ayant des intérêts pouvant diverger des nôtres. Les équipes professionnelles viennent ainsi combler un manque, elles permettre d’apporter une fierté collective, une fierté que l’on partager qu’avec sa communauté… une communauté qui nous définit mieux, celle qui nous appartient vraiment.

Faire fi du financement public dans l’établissement d’une franchise sportive privée est quasi impossible à concevoir. Ces équipes comprennent trop d’éléments collectifs pour être vues comme une simple propriété d’un millionnaire excentrique ou d’un consortium milliardaire. L’État doit prendre une place dans ce type de projet, en fait, il doit prendre toute la place liée à la sphère publique.  Et celle-ci est principalement liée au développement et au renforcement des différentes structures sportives.

Il faudra comprendre aussi que pour avoir des résultats intéressants pour nos équipes professionnelles, que ce soit au niveau des victoires que des revenus, nous devons former de meilleurs athlètes au sein des différentes disciplines sportives. Non seulement pour fournir des joueurs locaux, mais aussi intéresser plus de gens à ces sports.  Voilà ici, je crois, la plus importante intervention qu’un État peut donner à une équipe professionnelle.

Il faudra produire les meilleurs joueurs en Amérique du Nord, afin d’offrir les meilleures opportunités aux garçons et aux filles qui pratiquent ces sports. Les avantages de tels projets sont nombreux, aide à la lutte au décrochage scolaire, développement d’une expertise au niveau national et une meilleure santé de la population dans son ensemble qui a un plus grand accès à l’activité physique. De plus l’aménagement d’infrastructures sportives pour la collectivité peut servir à revitaliser des secteurs en difficulté, en plus de rassembler les communautés autour d’une équipe. Apprendre à aimer une équipe n’est-il pas un bon moyen d’apprendre à nous aimer nous-mêmes, en tant que groupe?

Cela pourra paraître utopiste, mais l’excellence ne naît pas d’elle-même. Et pour faire comprendre à la population que les victoires sont à portée de main, que rien n’est impossible dans notre coin de pays, il faut bien commencer par gagner quelque part. Le sport ce n’est pas  qu’une business, c’est une fabrique de significations dans un monde en quête de repères, c’est aussi le chantier d’une fierté collective qui se perd alors que les barrières tombent, c’est le dernier cri de ralliement des dernières véritables batailles, c’est un des derniers bastions de nos vies quasi virtuelles où l’humain est la mesure de toute chose. Il est temps, je crois, de se le rapproprier.


Politiques publiques proposées dans cet article

  1. Régime fiscal distinct pour les joueurs professionnels
  2. Aide concernant la dévaluation du dollars canadien
  3. Programme de développement nationaux intégrant les équipes professionnelles