Les deux matchs d’ouverture de l’Impact
Il y a tout d’abord le premier match de la saison contre les Whitecaps de Vancouver…
Il y a ensuite le match d’ouverture local au stade olympique contre les Red Bulls de New York le 12 mars.
Mais il y a une date sur le calendrier qui est entourée au gros marqueur rouge tellement fort qu’elle doit être visible dans tout le vestiaire de l’Impact, c’est celle du premier match au Stade Saputo contre le Toronto FC le 23 avril…
Ne vous trompez pas, tout le monde sera bien content de retrouver son équipe au stade olympique pour le début de la saison locale, mais le « Big O » n’a pas la même ambiance que le Stade Saputo. Il faut y être allé pour comprendre, ce stade a une énergie particulière allant bien au-delà des cris des ultras. Quand on y entre, on sent l’énergie nous aspirer et il est très facile de se laisser conquérir à la première vue du terrain et des estrades qui l’entourent. Même à moitié plein la fébrilité est palpable, et quand on joue à guichet fermé, c’est le délire total.
On ne pouvait pas faire mieux, pour « ouvrir » le Stade Saputo. C’est vraiment là que l’on va pouvoir évaluer si les joueurs ont bien assimilé le nouveau système de Mauro Biello et si Drogba devrait avoir repris toute sa forme, après un retard de préparation et son incapacité de performer sur des surfaces synthétiques en début de saison.
Oui, le Toronto FC a sûrement encore sur le coeur la défaite de 3-0 subite lors des dernières séries éliminatoires et voudront venger cet affront, mais la rivalité entre les deux clubs remonte à bien plus loin… À vrai dire, avant même que l’Impact évolue en MLS…
Les fans montréalais se souviennent très bien du premier championnat canadien où l’Impact encore en 2e division avait battu, chez eux, le club torontois qui, selon la légende, était tellement sûr de l’emporter qu’il avait déjà commandé les panneaux publicitaires pour annoncer leurs matchs en ligue des champions de la CONCACAF…
Ce n’est pas la géographie et l’histoire qui fait de cette rivalité, une des plus intenses de la ligue. En fait, tout semble les opposer, par leur style, leurs dirigeants, leur évolution, leur philosophie… Le Toronto FC est un élément parmi tant d’autres dans le conglomérat qu’est Maple Leafs Sport & Entertainment, possédant également les Maple Leafs (LNH) et les Raptors (NBA). Cette équipe est plutôt vue par ses nombreux propriétaires comme un divertissement sportif, plus que quelque chose de transcendant comme peut l’être l’Impact. Il faut savoir que l’Impact est une équipe qui s’est toujours encrée dans sa communauté et qui est la propriété d’une famille montréalaise s’étant donné comme mission de promouvoir activement le soccer dans la Belle Province. Contrairement à la ville reine, il y a dans la métropole québécoise un climat de compétition entre les différentes équipes professionnelles qui pousse l’Impact à offrir une équipe non seulement gagnante, mais spectaculaire, afin de faire parler d’elle dans un Marché quasiment dominé par le Club de hockey Canadien.
Ces différences « structurelles » vont également influencer les styles de jeu. Le TFC est plus un club de « domination » sur le terrain, tandis que l’Impact mise plutôt sur l’opportunisme. Le dernier en séries 2015 le prouve bien, le Bleu-Blanc-Noir n’a eu besoin que des 38 premières minutes pour clore le débat. Après cela, Toronto a repris ses esprits et imposé son rythme, mais le mal était déjà fait et la pente beaucoup trop dure à remonter. Malgré le côté plus spectaculaire de son jeu, l’Impact avait souvent tendance à jouer avec le feu, prendre des cartons dans des moments inopportuns et démontrait plus de difficulté à conserver le momentum.
C’est une critique que certains font depuis longtemps à l’Impact est de n’avoir jamais eu de style. Je crois plutôt qu’à l’image de sa ville, le club montréalais à tous les styles… Année après année, il est incapable de maintenir une vitesse de croisière, ses championnats étant habituellement remportés par des remontées vertigineuses en fin de saison. Il doit être tout de même quelque peu complexe pour ses adversaires de se préparer adéquatement à affronter l’Impact, car on sait jamais sur quelle équipe on ne va tomber. Sur le terrain comme en dehors, l’Impact de Montréal c’est du chaos organisé.
Mais la vraie raison qui explique pourquoi l’Impact gagne, c’est qu’elle est en mission. Il y a un facteur identitaire assez fort chez l’Impact, ce qui est assez fréquent dans la planète foot, mais qui n’est pas encore très bien développé en MLS. Pensez-vous franchement qu’un joueur du TFC (ou toute autre équipe de la MLS) aurait subit ce qu’à subit le capitaine de l’impact, Patrice Bernier, l’année dernière : blessures, sous-utilisations, pour devenir le héros du dernier duel face au Toronto FC ? C’est ce qui explique peut-être, la capacité de l’équipe de « faire des miracles » lors de l’édition 2015 de la ligue des champions de la CONCACAF. C’est ce qui explique peut-être qu’il ne leur a pas pris 9 ans pour participer à un match des séries de la MLS (hein Toronto !).
Gagne ou perds, de toute façon, il y aura toujours un prochain match pour remettre les pendules à l’heure. Surtout, les deux clubs ont tout à gagner à mousser cette rivalité, afin de gagner en popularité. Et la saison 2016 promet à ce niveau, un match de saison régulière entre les deux clubs n’ayant jamais été attendu aussi fébrilement.