Qui veut acheter le CF Montréal?

Le CF Montréal  a récemment traversé bien des tumultes. La dernière saison s’est soldée par une absence des séries, une déception d’autant plus grande que l’équipe a dû affronter son ancien entraîneur et son Crew de Columbus, dont la place était assurée, lors du dernier match de la saison. Une douce revanche pour Wilfred Nancy qui a sonné le glas de son successeur, Hernan Losada, à la barre du Bleu-Blanc-Noir. Cependant, derrière les problèmes sportifs se cachent des défis structurels, sont surtout le manque d’investissement dans le fonctionnement normal des opérations.

Une fondation tout de même solide

Le principal point à considérer est que le CF Montréal est l’équipe professionnelle la moins chère en Amérique du Nord, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient. Sa valeur actuelle, étant estimée à 390 millions de dollars, représente une véritable aubaine pour tout investisseur. L’équipe dispose d’un potentiel sportif intéressant, des installations de qualité, une académie bien établie, et une base de supporters fidèles. 

Malgré l’échec sportif, l’équipe s’est battue pour une place en séries tout au long de l’année, ratant son objectif de peu, par une victoire in extremis d’un adversaire New-Yorkais. Son centre d’entrainement est de grande qualité, ayant été même utilisé dans le passé par le Réal Madrid, lors d’une partie de son camp d’entrainement. L’Académie de son côté fournit plus de joueurs d’impacts que les transactions intra-MLS ou les signatures à l’étranger. Malgré l’Absence de supers vedettes ou de grands succès, le Saputo était presque toujours à guichets fermés. Rien qui démontre une organisation en déroute.

Une société distincte 

De plus, le CF Montréal possède un atout unique en Amérique du Nord : un véritable monopole national. Cela va au-delà du simple nationalisme symbolisé par le maillot bleu avec une fleur de lys au milieu du blason. Ce club a non seulement le contrôle sur le développement d’un territoire, mais également d’une communauté qui se bat pour sauvegarder son identité. Le nationalisme ce n’est pas seulement pour les réactionnaires habillés en bruns qui ont peur des étrangers, c’est lavant tout le désir de former une communauté avec un projet politique commun et la volonté de perdurer dans le temps. 

Les résultats sont déjà au rendez-vous, avec plusieurs nouveaux joueurs formés au club, qui ne sont pas seulement titulaires, mais également de futures vedettes de l’équipe première. Avec une telle distinction, le marketing et les communications d’une telle organisation sportive devraient s’écrire tout seuls. 

Des dépenses courantes malheureusement inexistantes 

Pour que le club atteigne son plein potentiel, il a besoin d’investissements dans plusieurs domaines. La création d’une équipe MLS NextPro, l’acquisition de joueurs désignés pour renforcer le projet, l’amélioration du budget dédié aux communications, et éventuellement un nouveau stade, sont des aspects à considérer. La plupart de ces dépenses, toutefois, correspondent aux investissements standard effectués par d’autres équipes de la MLS pour garantir une organisation de qualité, ce qui signifie qu’elles ne devraient pas bouleverser considérablement le plan d’affaires d’un nouveau propriétaire.

Ainsi, le CF Montréal offre une opportunité unique à un investisseur qui souhaite s’engager dans le monde du soccer professionnel tout en participant à la croissance d’une communauté sportive nationale. Avec un projet bien conçu et les investissements appropriés, l’équipe pourrait retrouver sa gloire passée et devenir un acteur majeur sur la scène du soccer nord-américain.

Les seuls ayant à perdre ici, seraient les propriétaires actuels qui vendraient un succès assuré pour une bouchée de pain. 

Prélude à la catastrophe

Déjà que la dégelée de 5-0 contre Vancouver ayant un effectif rempli de réservistes pouvait nous faire craindre le pire, le 4-0 contre le Révolution de la Nouvelle-Angleterre peut nous le confirmer : l’Impact est poche. L’hécatombe du début de saison n’aide sûrement pas, les joueurs semblent toutefois perdus sur le terrain, alors que Bleu-Blanc-Noir était, malgré le manque de résultats, beaucoup plus cohérent en début de saison l’année dernière.

Les gros morceaux, partis vers de meilleurs cieux dans l’entre-saison, ont été timidement remplacés, mais quand tes pièces de rechange sont elles aussi à l’infirmerie… Le nouvel entraîneur a déjà gaspillé ses cartouches avant même le début de la saison. On peut bien accuser le directeur technique pour le manque de qualité dans l’effectif; mais d’un côté le propriétaire ne veut pas délier les cordons de la bourse et, de l’autre, l’entraîneur ne semble pas avoir compris les risques, étant facilement identifiable lors de son embauche.

Alors que le CF croule dans les bas-fonds de la division de l’Est avec un différentiel de but de -13, la nouvelle équipe de Wilfred Nancy est en quatrième position. L’intégration semble être positive pour ce dernier. Désolé de tourner le fer dans la plaie, mais il s’agit du drame qui se joue devant nos yeux, la tragédie s’annonce pour tous les supporteurs. Chaque année, l’histoire se répète, le manque de professionnalisme de l’organisation vient détruire sa progression normale. Même si des améliorations ont été réalisées en ce sens au cours des dernières années, les efforts nous apparaissent insuffisants, alors que le reste de la ligue a passé à un autre niveau. 

La longue liste d’accidents de parcours n’aide aucunement à renforcer l’adhésion des partisans potentiels à cette équipe. Les résultats de l’année dernière ont pu colmater quelques brèches , mais quand l’architecte principal de ces succès à quitter le navire, on peut se demander si, cette fois-ci, le bateau va sombrer pour de bon?

Pas seuls, mais marginaux

C’est toujours un peu compliqué d’amener des gens au stade pour voir les impacts. Habituellement, les amis sont curieux, mais hésitent à accepter à entrer dans ce lieu inconnu aux coutumes étranges et pour y voir un sport qu’ils ne comprennent pas totalement. Être fans du CF, ce n’est pas aussi répondu que le Canadien. Un match du CH peut attirer même les moins intéressés à cause du prestige du Centre Bell, où plusieurs achètent un billet y être vu et se chercher de la reconnaissance avec une publication sur les réseaux sociaux. 

Parler du match de «foot» peut mener à se faire regarder de travers durant les conversations de bureau. Le CF n’est pas unanime, ce n’est pas, malheureusement, aussi enraciné dans l’imaginaire collectif du franco-québécois d’expression française.

Vouloir suivre à tout prix le Bleu-blanc-noir peut être une traversée du désert, surtout pour se trouver des gens qui partagent notre Foi. Il ne s’agit pas ici d’une critique, mais d’un constat : l’impact est plus organique que les autres équipes professionnelles de Montréal. Beaucoup d’activités sont le résultat des efforts de la base. Les tailgates sont de vrais tailgates et non une collection de chapiteaux de commanditaires, tenus par des adolescents blasés où sonnent les chansons nullissimes d’une radio FM. Toutefois, un lieu sans âme, où personne n’a besoin de prouver son appartenance, est moins menaçant pour le commun des mortels. Si certaines organisations se qualifient d’institutions, le jeu du marché les ont transformées en grand fourre-tout sans réelle valeur. Il faut faire ici une différence entre les grandes équipes et les grosses équipes. Par exemple, un Wal-Mart est un gros magasin, mais pas une grande chaîne. Ce n’est pas parce que tout le monde y va que c’est nécessairement bon.

Il faut des endroits pour se rassembler. Se retrouver entre nous. Le degré de ferveur peut en faire hésiter quelques-uns. Les novices pourront être intimidés par le degré d’implication des partisans les plus aguerris. Si certains de ces endroits existent déjà, ils sont peu répandus et surtout, peu connus. Trouver un endroit près de chez soi pour regarder un match entre amis peut devenir une chasse au trésor. La communauté gagnerait à être un peu plus répandue, sans pour autant perdre de son authenticité. L’organisation, mais aussi la base des partisans, se doit de réfléchir sur l’accueil des néophytes. 

Ceci est une tâche moins fastidieuse qu’il n’y parait, car des partisans il y en a, et ce, partout au Québec. Cependant, nous sommes terrains dans un anonymat confortable; où la horde de «Serges» ne vient pas nous embêter. Il serait bon d’afficher notre présence au dehors du stade, quitte à tout faire soi-même. Cela n’est pas impossible. Au début, la couverture médias était inexistante, et ce sont les partisans qui nous donner les premiers podcasts sportifs, les amenant aujourd’hui à être des spécialistes au côté de joueurnalistes habituels. Cette couverture est encore minime, mais elle croit d’année en année. 

Alors prenons contrôle du territoire, organisons des événements et promouvons ceux qui existent déjà. Allez Montréal!

3e défaite de suite lors du 3e match de la saison

Tout a déjà été dit, je ne réécrirai pas le même texte encore une fois.

Le CF n’a pas mal joué, mais à commencer des matchs avec autant de pièces manquantes, c’est difficile d’aller chercher la victoire.

Ce n’est pas un problème d’effort, mais Montréal méritait-il la victoire? Les joueurs peut-être, l’organisation moins…

Pas encore de but, faut-il blâmer l’attaque? Pas vraiment; des attaquants il faut les alimenter… Certains diront que l’on manque de finition, mais la construction était boiteuse, alors que la défense de Nashville était en plein contrôle, une équipe mieux alimentée au niveau talent n’attendait que les erreurs des Montréalais pour s’inscrire au pointage.

L’Impact : changement d’identité

Les personnes nées à l’an 2000 ont 18 ans cette année.  Ces enfants qui deviennent des adultes n’ont aucune attache dans le dernier millénaire ou dans le vingtième siècle. Ceux étant né en 1993, l’année de la dernière conquête de la Stanley du Canadien, auront 25 ans, le même âge que l’Impact de Montréal.

Pour ces jeunes, le club de soccer montréalais est aussi vieux que le Canadien, les Alouettes, l’Université McGill, l’Hôtel de Ville ou le Stade olympique.  Pour eux, les affiches des magasins ont toujours été en français, le Plateau toujours habité par des Français qui paient leur loyer trop cher, les restaurants toujours reconnus comme extraordinaires, la scène musicale comme étant une des plus cool au monde et que les cônes oranges sont une normalité dans notre paysage urbain.

Il en a fait du chemin l’Impact depuis un quart de siècle, depuis le Centre Claude-Robillard, les années de misère… On a vu un miracle en Ligue des Champions, l’arrivée de Drogba, une demi-finale de l’Est devant plus de 61 000 spectateurs; et puis l’année dernière, un retour forcé à la réalité…

Et puis 2018, une nouvelle ère avec l’arrivée de Rémi Garde. Pour le club, il ne s’agit pas uniquement de l’embauche d’un entraîneur de haut niveau, mais également de son arrivée à maturité.  Pour les dirigeants, cela signifie deux choses : premièrement, que l’équipe n’est plus le jouet de passionnés dévoués à la cause, mais aussi de l’acceptation du véritable rôle sportif et social de l’Impact tant au sein de la ligue que de la nation québécoise.

Excellence comme nécessité

Même si cela me rend nauséeux de l’écrire, nous devons remercier le Toronto FC d’en être arrivé là. Il s’agit non seulement de la meilleure rivalité du sport montréalais (même de la MLS), mais également d’une cible que le club doit non seulement atteindre, mais également dépasser.  La grande différence entre la grande majorité des rivalités sportives est que celle entre Montréal et Toronto est également une bataille de styles, de philosophies et surtout d’identités.

Si le Toronto FC domine, c’est avant tout grâce à l’argent. Pendant neuf ans, le TFC a essayé d’avoir une équipe sympathique avec des joueurs locaux et ils étaient exécrables. Le conglomérat de millionnaires qui possède le club a décidé de jeter l’argent par les fenêtres, afin d’avoir une équipe pouvant accéder aux grands honneurs. Il ne faut pas croire pour autant que Toronto a « acheté un championnat ».  Il fallut trois ans pour mettre cette formidable machine de soccer à point, jusqu’à l’année dernière où le club a remporté le Championnat Canadien, la saison régulière et la MLS Cup. Jamais dans la ligue on n’avait vu une réussite aussi fracassante.

Même si l’équipe a toujours été un peu à part des autres, cette année, l’Impact a décidé d’assumer ses différences et d’en faire des avantages.  Comme les grands chefs montréalais, pour se démarquer, il faudra se tourner vers les produits du terroir.  Contrairement au hockey, il n’y a pas de tradition au soccer; il faudra donc tout inventer, accompagné d’une aide extérieure pour se former une identité qui nous est propre.  Et une tradition d’excellence peut se construire assez rapidement, regarder comment le Football universitaire québécois, autrefois moribond, est devenu le meilleur système au Canada.

Cette année l’Impact a arrêté de vouloir faire plaisir à la ligue et au système américain. Pour le meilleur et pour le pire, le Bleu-Blanc-Noir fera à sa façon, avec ses joueurs. On l’a d’ailleurs démontré lors du dernier repêchage, où l’équipe technique a préféré échanger ses choix pour le l’argent, car elle faisait plus confiance aux produits de l’Académie que ceux de la NCAA. Cela n’envoie pas uniquement un message aux jeunes de l’Académie, mais tous ceux qui s’exercent, en ce moment sur les terrains du Québec. Plus précisément que le club va leur laisser une place, qu’ils pourront faire partie d’un projet où ils auront un rôle majeur à jouer. L’impact a compris une évidence que les autres équipes montréalaises ont oublié : que les produits locaux ne servent pas uniquement à vendre des billets , mais qu’ils peuvent contribuer aux succès de l’équipe.

L’Impact possède un avantage avec son Académie, celle d’avoir un bassin intéressant de joueurs locaux et de ne pas en échapper ainsi au profit d’autres équipes.  Elle pourra devenir alors le véritable reflet du talent québécois, talent qui possédera déjà une loyauté au club qui l’a formé et dont les supporteurs connaîtront déjà le potentiel.  Le parcours sera sûrement long et difficile, mais cela paraît être la meilleure direction à suivre.

Un Montréal renouvelé 

Imaginez tous ces jeunes pour qui l’Impact est aussi vieux que le mont Royal ou le Smoked Meat de chez Schwartz’s, pour qui son allégeance va-t-elle pencher? Sûrement pour le club qui reflète le plus son identité, pour qui des gens lui ressemblant participent au succès du groupe. Le Québec d’il y a 25 ans est déjà vieux, enfermé dans un autre siècle, un autre millénaire… Il est temps de regarder vers l’avant, de se reconstruire, de comprendre ce qui nous distingue, ce qui nous rend uniques, ce qui peut faire de nous les meilleurs.

La population montréalaise change non seulement au niveau démographique, mais également à celui des valeurs et des habitudes de vie.  La dernière élection l’a clairement démontré, où les événements à grand déploiement et les promesses du retour des Expos n’ont pas recueilli l’adhésion escomptée.  Les électeurs ont fait fi des souhaits de l’établissement pour élire une administration proposant des idées plus près des intérêts des citoyens.

Pour bon nombre de Québécois, le retour des Expos fait rêver, mais pour les plus jeunes et les nouveaux arrivants les Expos c’est déjà de l’histoire ancienne, c’est un vestige du passé, de la nostalgie. Je ne suis pas contre le retour du baseball majeur dans la métropole, mais mettre autant l’emphase sur ce projet démontrait une déconnexion avec l’électorat. Cela indique également que Montréal se distance du reste du Québec, du moins qu’il essaie de l’emmener dans une autre direction. Pas étonnant que la nouvelle mairesse soit une grande fan de l’Impact, elle est le reflet de nouvelle cohorte de Montréalais qui ne rêvent plus d’une maison en banlieue, d’un beau gazon vert et d’une piscine hors terre.

Cela explique peut-être la réticence de certains qui voient encore le soccer comme un « sport d’immigrants ».  L’Impact s’est développé parallèlement à cette nouvelle génération de Montréalais après le référendum de 1995, loin des divisions traditionnelles, parlant français en plus d’une ou plusieurs autres langues, habitué à la différence, vivant l’effervescence et la solitude de la grande ville. Cette grande ville toutefois plus habituée aux chocs des idées qu’à l’unanimisme de petit village, si différente du reste du Québec, encore plus du reste du Canada, Montréal est devenue une autre façon de représenter le Québec.  Pendant qu’ailleurs on rejette, ici on accepte… À Montréal, l’avenir fait moins peur.

Accepter le changement

Pour beaucoup, accepter l’Impact c’est accepter beaucoup trop de choses pouvant leur déplaire. Accepter que les plus jeunes connaissent plus ce sport qu’eux, accepter une nouvelle culture sportive où se retrouvent des supporteurs et des joueurs de tous horizons.  Soutenir l’Impact, c’est également accepter que le Québec change, et pour certains, il s’agit d’un choix trop difficile à faire.

Combien de championnats aura l’Impact dans 25 ans? Nul ne le sait, mais l’équipe pourrait bien devenir le véritable symbole d’un peuple en pleine quête identitaire. Si le Bleu-Blanc-Noir peut montrer la voie aux autres équipes sportives montréalaises, cela ne peut être que bénéfique à notre société. Car depuis trop longtemps les vieilles façons ne fonctionnent plus et il est grand temps que l’on retrouve le chemin de la victoire… dans le sport comme ailleurs.

Il serait temps de gagner… pour vrai.

montreal_impact_mls_logoCher Impact de Montréal,

Tout au long de l’année, on a attendu ce point tournant, ce moment qui allait dévoilé la grande équipe promise depuis la fin de l’année dernière.  Tout ce qui est arrivé cependant depuis de la saison 2016, c’est qu’on a échangé constamment  notre perception de la saison entre celle du verre à moitié plein et celle du verre à moitié vide. Tout est à demie teinte : un début de saison fracassant suivie de nulles à répétitions, les blessures, les joueurs qui quittent et ceux qui reviennent.  On a repris espoir avec une immense victoire à la maison contre Philadelphie, peu après une défaite horrible contre Chicago, pour être témoins ensuite un gain miraculeux à Toronto avec seulement 10 joueurs, pour s’effondrer encore une fois contre Orlando à la maison… Cette équipe n’a jamais su atteindre sa vitesse de croisière, jamais eu de momentum.

Sérieusement, ça vous prend quoi ? Car tout le monde sait que vous avez tous les ingrédients pour réussir.  Lorsque vous êtes en feu, rien ne peut vous arrêter, vous survolez la ligue, vous impressionnez, vous avez l’air de quelque chose comme une grande équipe. Malheureusement, vous sortez votre meilleur jeu seulement lorsque vous devez réagir aux événements, comme à Toronto par exemple. Il faut constamment vous secouer pour vous faire réagir. Vous êtes bons pour défendre votre honneur, mais l’instinct du tueur vous ne semblez pas l’avoir.

Et pourtant, ce n’est pas la motivation qui vous manque, la fenêtre d’opportunité n’a jamais été aussi belle.  Malgré tout, votre popularité augmente. Vous devez faire quelque correctement…

Vous oeuvrez dans une société en pleine mutation et en quête de repères, vous pourriez indiquer la voie au lieu de vous chercher match après match.  Vous devriez vous rendre compte un peu plus de la bouffée d’air frais que vous offrez dans le paysage montréalais, dominé par le trop convenu et contrôlant Canadien de Montréal qui présente un produit moyen à des vieux riches dépassés se contentant des succès d’une époque révolue.  Les bouffées d’air frais sont rares pour le Montréal multiethnique trop souvent caché par une version générique au teint aussi beige que ses propos. Et ceux qui osent briser cette hégémonie se  voient porter au pilori. L’unanime et immobile Québec semble pareil partout, surtout dans l’univers sportif où le gros rire gras du mononcle enterre tout langage coloré provenu d’ailleurs. Cette société tricotée serrée a délié ses liens depuis plus d’une décennie, et si de plus en plus de voix se fond entendre, le climat de suspicion, de démagogie et d’intolérance devient assez lourd à porter. Les gouvernements, eux, ont trop souvent remplacé les projets de société pour du mépris. Au Québec, la différence est un bruit de fond, un morceau de décors, elle n’est jamais présente à l’avant-scène.

Vous ne vous en rendez pas assez compte, mais vous montrez un visage que l’on ne montre pas (ou presque pas) au Québec. Celui d’une diversité décomplexée qui ne demande aucune permission pour accomplir de grandes choses.  De la ligue des Champions et des séries l’année dernière, à toutes les remontées folles et au match contre Toronto cette année. Chaque semaine vous gagnez des adeptes, conquis par l’ambiance exaltée du Stade Saputo.  On se demande encore pourquoi il y a autant de désarroi de votre côté ?

Il y a l’Histoire qui n’attend qu’à être écrite. L’Impact n’est peut-être pas l’équipe avec la plus grande valeur marchande, avec les plus grandes assistances ou le plus d’abonnements de saison; c’est qui est unique, c’est le contexte social dans lequel il s’inscrit qui va au-delà même du fait français en Amérique du Nord. C’est, peut-être malgré lui, le symbole d’une génération et d’une vision différente du Québec. Bref, si vous gagnez, ça veut dire plus qu’une simple victoire sportive. C’est aussi dire à tant de gens que l’espoir n’est jamais véritablement mort, que le triomphe existe, que l’histoire peut se terminer, qu’on peut tourner la page et commencer un nouveau chapitre.

 

 

Y’en aura pas de facile…

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… À première vue ça sonne bien en maudit, mais quand l’adversité te frappe en pleine gueule, t’aurais préféré que ton parcours de vie soit une jolie promenade dans les bois, pas l’escalade du mont Everest…

L’été s’annonçait radieux pour notre Impact national, mais la dernière fois qu’ils ont gagné, on avait nos tuques sur la tête, un foulard autour du coup et on roulait encore avec nos pneus d’hiver… On a encaissé les nulles, c’est des points en banque, mais avec la défaite à Orlando, la panique commence à s’installer…

Et puis, il y a un foutu Belge qui se blesse dans la vieille Europe et on apprend que Saint-Laurent de la Défense ira le remplacer à l’Euro… Catastrophe ! Le meilleur défenseur de la MLS absent pour un mois, dans une équipe qui se cherche encore… Une longue traversée du désert nous attend mes amis… Notre Foi sera mise à grande épreuve.

J’aimerais vous rappeler qu’on parle de l’Impact de Montréal… Que l’on qualifie comme étant « le meilleur show en Ville », mais l’Impact de Montréal ce n’est pas seulement une ambiance, du spectacle, c’est une suite ininterrompue de drames, de rebondissements et de controverses.  L’Impact de Montréal ce n’est pas juste un « le meilleur show en ville », c’est en fait le meilleur téléroman sur la planète.

Là haut dans les cieux, l’Impact à son propre Réjean Tremblay, son « gars des vues » céleste qui écrit sa saison, avec différents épisodes…des bons, des moins bons et une finale qui, espère-t-il, sera satisfaire les supporters, tout en leur donnant le goût d’être fidèle au poste la saison prochaine. Car si au niveau sportif ça laisse à désirer, au niveau narratif c’est de l’or en barre, c’est tout un show !

Après avoir casser la baraque avec deux victoires complètement folles, l’Impact avait réussi à se maintenir au classement dans l’Est avec des victoires en demi-teinte, après une défaite contre le Toronto FC, le Bleu-Blanc-Noir ne fait plus que des matchs nuls, certains étant carrément décevants, d’autres des morceaux d’anthologie. Partout, on cherche des causes, mais les blessures ont frappé l’équipe qui n’a jamais vraiment aligné un XI partant avec ses meilleurs effectifs dans la meilleure forme possible.

« On va à la guerre avec l’armée qu’on a, pas celle qu’on voudrait avoir » disait le vieux Rumsfeld avant le désastre de la deuxième invasion de l’Irak, mais en ce moment il y a autant de trous dans à boucher dans l’alignement de l’Impact que sur une rue de Montréal… c’est tout dire.

Faudra passer au travers, faudra affronter l’adversité, faudra se forger le caractère.  Comme l’a dit Piton Ruel : « y’en aura pas de facile ».

Vous vous souvenez 2015, le passage rédempteur en Ligue des Champions, le but expiatoire de Cameron Porter contre Pachuca dans les arrêts de jeux, les 60 000 personnes dans le Stade pour la finale crève-coeur contre Amèrica… là aussi un terrible creux de vague qui s’est terminé par le départ de Klopas et l’arrivée messianique de Didier Drogba. Une fin de saison grandiose et s’est terminée un peu abruptement en séries, l’équipe un peu vidée avait trébuchée contre Columbus… Mais tout le monde se disait : « en 2016, ça sera moins chaotique, on pourra se concentrer sur le championnat MLS, l’équipe sera mieux soudée, avec tous ces joueurs on va piétiner les adversaires un à un jusqu’à la coupe ». Déjà on plaçait nos chaises pliantes sur la Sainte-Catherine pour la parade… dur retour sur terre pour les Montréalais.

Dites-vous que tout ça, c’est arrangé avec « le gars des vues », et comment on écrit ça une « bonne vue » ? Tout d’abord, il faut accrocher le spectateur, le saisir, l’émerveiller dès le départ et surtout le lier émotionnellement avec le ou les personnages principaux. Ensuite, on vous montre qu’ils ont les capacités pour vaincre, pour vous faire douter quelques moments plus tard en mettant devant eux un obstacle insurmontable qui à la toute fin sera déjoué due aux qualités intrinsèques des héros. À moins que ce soit une tragédie, là c’est la même chose, mais ça finit mal et on sait tout au long que ça va mal finir… que tout est perdu… qu’on peut ne rien y faire. Alors la saison 2016, une fin heureuse ou malheureuse ?

On parle ici de la MLS qui malgré tous ses nombreux défauts, démontre une grande parité entre les différentes équipes qui la compose.  Portland, le champion 2015, avait gagné le match de barrage dans la conférence de l’ouest en fusillade, après que tous les joueurs des deux équipes aient passé, il fallut s’en remettre aux gardiens de but pour départager le gagnant. Qui aurait prédit une chose pareille, on se serait cru dans un film !

Tout est encore possible, du meilleur comme du pire… il faudra être patient et attendre jusqu’à la fin. Au moins, jusqu’à ici on ne peut pas dire que l’intrigue est mal ficelée, on a tous déjà hâte au prochain épisode. 😉

 

 

 

Le Derby de la 401 (première manche) : avoir la gueule de bois.

Bummer.

Nous étions assis mon père et moi dans le stade Saputo rempli  à craquer, salle comble, une mer de bleu sous un ciel bleu, sans nuages, un ciel grec comme l’a dit mon paternel. 1878611309_12a9c29ed2_o

Les Ultras enthousiastes, la foule de bonne humeur et une équipe confiante, revigorée d’une remontée lors du match précédent sur la route. Nous étions premier dans l’Est et on n’allait pas se faire marcher dessus par les Clowns, pas chez nous, pas dans notre stade.

Et pourtant, l’Impact a perdu 2-0… Le Toronto FC a joué au-dessus de sa tête, parfait, le meilleur match en deux ans selon leur entraineur, et l’arbitrage était pourri…disons inconstant, c’est les aléas de la MLS.

Le Bleu-Blanc-Noir a relativement bien joué, il aurait battu la plupart des équipes avec sa performance, mais le TFC avait l’instinct du tueur, l’oeil du Tigre et l’Impact a cru que seule la supériorité technique viendrait à bout de ces grands bonshommes rouges tant haïs…

À voir le match, j’étais confiant. En première demie, Toronto a eu un penalty, l’Impact avait eu de bonnes chances. En début de deuxième demie, on voyait que Toronto commençait à « manquer de gaz », que l’impact pouvait créer l’égalité et reprendre le contrôle de la partie.  Mais non, Toronto n’a pas paniqué, ils étaient en mission, ils voulaient faire payer le défaite lors des Séries éliminatoires; et pour ce faire, ils ont puisé dans leurs réserves, ont réussi à éteindre le jeu des Montréalais et saisir l’opportunité lorsqu’elle s’est présentée à eux. Après le deuxième but de Giovinco, tout le monde à été assommé, c’était fini. Jamais le grand George St-Pierre n’aura à sonner la cloche. Amère défaite, on est tous sortis déprimés du Stade. Perdre c’est moche; perdre contre Toronto, ça fout le cafard.

Bummer.

Lueur d’espoir… toutefois, à la fin du match on a eu droit à un épisode de brasse-camarade en avant du but, digne d’un match de hockey… ça sentait la rivalité à plein nez.   Déjà on préparait le prochain match.

En revenant à la maison, en écoutant l’après-match, Evan Bush, le gardien de l’Impact, avait bien résumé les lacunes de l’Impact lors de la rencontre… « on les a trop respectés ».  L’Impact n’a pas voulu se salir et n’a voulu souffrir pour la victoire. Avec trois matchs en 8 jours, peut-être que cela est rationnellement explicable, mais ils ont souffert pareil, avec un arbitrage à sévérité variable, les joueurs du Toronto FC ont carrément marché dessus les montréalais qui ont souffert quand même, se permettant également un coup vicieux à l’endroit de Didier Drogba en fin de partie, alors qu’il n’y avait aucun risque de perdre le match.

L’entraineur, Mauro Biello, a déclaré que l’équipe avait beaucoup à apprendre de cette défaite. Apprendre que dans la MLS, on aime le style MLS, c’est à dire, qu’on privilégie la rudesse des joueurs « locaux » au talent des joueurs étrangers; apprendre que pour gagner contre le TFC, il faut être prêt à aller à la guerre; apprendre aussi, que perdre contre Toronto c’est déprimant, et qu’on se fout bien qu’ils gagnent tous les matchs après… Perdre contre Toronto, ça reste en mémoire, ça fait mal à l’égo, ça entache une réputation de gagnants.

Bummer.

On se revoit au mois de juin, bandes de clowns.

 

Vendre l’Impact à Montréal et au Québec

Le premier match de la saison de l’Impact a attiré 27 545 spectateurs au stade olympique, l’organisation en aurait aimé 34 000. Dommage, car bien des gens se sont privés d’un excellent spectacle où les Montréalais ont fini par s’imposer par la marque de 3-0 contre le New York Red Bull, pourtant le champion de la saison régulière 2015, et tout ça sans Didier Drogba. Bon, le stade Olympique peut être d’un ennui mortel, Drogba s’entraine encore sous le chaud soleil de la Californie pour bien préparer son genou pour la saison et malgré la qualité de l’équipe, les Red Bulls n’entraînent pas les plus grandes passions au Québec… On suppose tous que le Stade Saputo va être plein contre le Toronto FC lors de la « vraie ouverture » au mois d’avril, mais ça, c’est seulement un match dans la saison…

Malgré tout, tous les journalistes sportifs clament que c’est « l’année de l’Impact ».   Les Canadiens se sont enfoncés tellement loin dans la médiocrité que l’amateur de sport moyen n’a plus d’autres choix que d’aller voir l’Impact pour avoir sous les yeux un produit de qualité. Mais aller jouer dans la cour de la Sainte Flanelle peut s’avérer hasardeux; il s’agit d’une institution plus que centenaire, tandis que l’Impact a 23 ans d’existence et seulement 4 ans en MLS…  Car contrairement à leur relation avec le Canadien de Montréal, les Québécois(es) ne naissent pas fans de l’Impact, ils le deviennent…

Mais on ne doit pas voir le fait qu’elle ne traîne pas trop de passé, d’histoire, comme un désavantage, mais plutôt comme une opportunité, car elle peut se permettre beaucoup plus d’innovation au niveau de la stratégie de communication et de l’image de marque.  On retrouve déjà beaucoup de choses sur les réseaux sociaux et l’internet parlant de l’Impact ou de la culture soccer en général. Le club de soccer fait sa part, mais il devrait s’affairer à fédérer tous ces éléments et publiciser les bons coups venant de la base dans les canaux plus officiels.

L’Impact doit profiter de la créativité de sa base pour faire plus de marketing viral.  En bref, il s’agit de faire le « template » et laisser les partisans s’occuper de la diffusion. Dans ce genre de stratégie, il faut viser à engendrer un cycle de création perpétuel, donnant aux partisans l’impression d’être continuellement impliqués.  Les tentatives pour forger des liens du haut vers sa base [top-down], plutôt que prendre les initiatives de la base [bottom-up] peut s’avérer désastreux. Le supposé hymne de l’équipe créé par Radio-Radio l’année dernière a eu une réponse assez négative. On comprend que l’organisation avait fait une fleur a un partenaire d’affaires, mais les fans ne sont pas sentis représentés par ce coup de pub. D’un autre côté, un simple renard qui a élu domicile au Stade Saputo est devenu rapidement la vraie mascotte de l’équipe (désolé Tac-tik)… Ces choses-là arrivent par hasard, mais vu qu’elles viennent de la base, le lien émotionnel est plus fort.

Je sais que certains profanes auront de la difficulté à me croire, mais l’ambiance au Stade Saputo est du tonnerre, et même mieux qu’au Centre Bell.  L’Impact se doit de miser sur l’expérience supporters, plutôt que sur l’équipe (bon là l’équipe est excellente, mais un jour elle va l’être moins…) Les victoires ne font pas nécessairement vendre, elles facilitent plutôt la vente de billets.  Et comme le match d’ouverture l’a démontré, une équipe gagnante ne semble pas suffisante.

L’Impact c’est comme Arcade Fire; le Canadien comme Céline Dion. Ce n’est pas dans la même ligue, pas le même public et ce ne sont pas les mêmes besoins de diffusion. L’Impact n’a pas le même bassin de fans, mais leur dévouement peut compenser leur nombre.   Il faut comprendre que l’amateur de sport moyen va venir une fois de temps en temps voir un match, comme il va voir un match par année (ou aux deux ans) pour le Canadien de Montréal… même chose pour les Alouettes… Comme pour toute équipe professionnelle,  l’impact va vivre et mourir avec ses partisans les plus dévoués.

Rentrer du monde dans le stade, c’est comme faire sortir le vote à une élection, faut juste savoir où se trouve nos « sympathisants » et les contacter adéquatement pour qu’ils viennent. Si on n’a pas une couverture média mur à mur et 24 heures sur 24, comme en bénéficie l’institution nationale qu’est le Canadien, il faut une bonne organisation de terrain, et la ferveur des partisans peut s’avérer un outil intéressant dans ce cas-ci.

Oui les gens doivent aller voir les matchs au stade, mais ce n’est pas tout le monde qui peut acheter des billets de saison (ou des forfaits de « mini-saison »). L’Impact a besoin de lieux de rencontre, comme des bars de quartier où on peut aller voir les matchs, car ce n’est pas tout le monde qui a le câble… surtout que les 18-34 ans sont plutôt du genre à pirater des « livestreams » que de s’abonner à TVAsports.  C’est en renforçant le sentiment de communauté que l’équipe va conserver ses partisans et en attirer des nouveaux.

Déjà des activités de toutes sortes sont organisées par des groupes de supporters, il serait bien d’en entendre un peu plus parler.  L’équipe fait déjà beaucoup d’efforts, la couverture média entourant l’Étoile du Nord, l’énorme cloche du stade Saputo, constitue un bon coup de la part de l’organisation.  Il y a toutefois, tout un travail d’information à faire sur la culture sportive à l’intérieur du stade lors des matchs, ce qui pourrait désorienter un spectateur lors de sa première visite. Éduquer le grand public sur les différents groupes de supporters et présenter les gens qui en font partie peuvent entraîner une identification avec l’équipe avant même qu’il se rende au Stade. Cela peut également segmenter le message sans trop d’effort de conceptualisation. Là aussi, l’équipe fait des efforts en ce sens, mais il serait plus préférable, à mon avis, qu’elle pousse plus dans cette direction, plutôt que d’attendre que les médias conventionnels fassent la moitié du travail à leur place.

Car voyez-vous, nous sommes pas le Canadien de Montréal…

Thank god.

Les deux matchs d’ouverture de l’Impact

Il y a tout d’abord le premier match de la saison contre les Whitecaps de Vancouver…

Il y a ensuite le match d’ouverture local au stade olympique contre les Red Bulls de New York le 12 mars.

Mais il y a une date sur le calendrier qui est entourée au gros marqueur rouge tellement fort qu’elle doit être visible dans tout le vestiaire de l’Impact, c’est celle du premier match au Stade Saputo contre le Toronto FC le 23 avril…

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Autre preuve que la rivalité TFC-IMFC est bien enracinée, les médias torontois se permettent déjà un « cheap shot » envers Didier Drogba, sûrement dans le but de « préparer » le match du 23  avril.

Ne vous trompez pas, tout le monde sera bien content de retrouver son équipe au stade olympique pour le début de la saison locale, mais le « Big O » n’a pas la même ambiance que le Stade Saputo.  Il faut y être allé pour comprendre, ce stade a une énergie particulière allant bien au-delà des cris des ultras. Quand on y entre, on sent l’énergie nous aspirer et il est très facile de se laisser conquérir à la première vue du terrain et des estrades qui l’entourent. Même à moitié plein la fébrilité est palpable, et quand on joue à guichet fermé, c’est le délire total.

On ne pouvait pas faire mieux, pour « ouvrir » le Stade Saputo. C’est vraiment là que l’on va pouvoir évaluer si les joueurs ont bien assimilé le nouveau système de Mauro Biello et si Drogba devrait avoir repris toute sa forme, après un retard de préparation et son incapacité de performer sur des surfaces synthétiques en début de saison.

Oui, le Toronto FC a sûrement encore sur le coeur la défaite de 3-0 subite lors des dernières séries éliminatoires et voudront venger cet affront, mais la rivalité entre les deux clubs remonte à bien plus loin… À vrai dire, avant même que l’Impact évolue en MLS…

Les fans montréalais se souviennent très bien du premier championnat canadien où l’Impact encore en 2e division avait battu, chez eux, le club torontois qui, selon la légende, était tellement sûr de l’emporter qu’il avait déjà commandé les panneaux publicitaires pour annoncer leurs matchs en ligue des champions de la CONCACAF…

Ce n’est pas la géographie et l’histoire qui fait de cette rivalité, une des plus intenses de la ligue. En fait, tout semble les opposer, par leur style, leurs dirigeants, leur évolution, leur philosophie… Le Toronto FC est un élément parmi tant d’autres  dans le conglomérat qu’est Maple Leafs Sport & Entertainment, possédant également les Maple Leafs (LNH) et les Raptors (NBA).  Cette équipe est plutôt vue par ses nombreux propriétaires comme un divertissement sportif, plus que quelque chose de transcendant comme peut l’être l’Impact.  Il faut savoir que l’Impact est une équipe qui s’est toujours encrée dans sa communauté et qui est la propriété d’une famille montréalaise s’étant donné comme mission de promouvoir activement le soccer dans la Belle Province. Contrairement à la ville reine, il y a dans la métropole québécoise un climat de compétition entre les différentes équipes professionnelles qui pousse l’Impact à offrir une équipe non seulement gagnante, mais spectaculaire, afin de faire parler d’elle dans un Marché quasiment dominé par le Club de hockey Canadien.

Ces différences « structurelles » vont également influencer les styles de jeu. Le TFC est plus un club de « domination » sur le terrain, tandis que l’Impact mise plutôt sur l’opportunisme.  Le dernier en séries 2015 le prouve bien, le Bleu-Blanc-Noir n’a eu besoin que des 38 premières minutes  pour clore le débat. Après cela, Toronto a repris ses esprits et imposé son rythme, mais le mal était déjà fait et la pente beaucoup trop dure à remonter.  Malgré le côté plus spectaculaire de son jeu, l’Impact avait souvent tendance à jouer avec le feu, prendre des cartons dans des moments inopportuns et démontrait plus de difficulté à conserver le momentum.

C’est une critique que certains font depuis longtemps à l’Impact est de n’avoir jamais eu de style. Je crois plutôt qu’à l’image de sa ville, le club montréalais à tous les styles… Année après année, il est incapable de maintenir une vitesse de croisière, ses championnats étant habituellement remportés par des remontées vertigineuses en fin de saison.  Il doit être tout de même quelque peu complexe pour ses adversaires de se préparer adéquatement à affronter l’Impact, car on sait jamais sur quelle équipe on ne va tomber.  Sur le terrain comme en dehors, l’Impact de Montréal c’est du chaos organisé.

Mais la vraie raison qui explique pourquoi l’Impact gagne, c’est qu’elle est en mission. Il y a un facteur identitaire assez fort chez l’Impact, ce qui est assez fréquent dans la planète foot, mais qui n’est pas encore très bien développé en MLS. Pensez-vous franchement qu’un joueur du TFC (ou toute autre équipe de la MLS) aurait subit ce qu’à subit le capitaine de l’impact, Patrice Bernier, l’année dernière : blessures, sous-utilisations, pour devenir le héros du dernier duel face au Toronto FC ? C’est ce qui explique peut-être, la capacité de l’équipe de « faire des miracles » lors de l’édition 2015 de la ligue des champions de la CONCACAF. C’est ce qui explique peut-être qu’il ne leur a pas pris 9 ans pour participer à un match des séries de la MLS (hein Toronto !).

Gagne ou perds, de toute façon, il y aura toujours un prochain match pour remettre les pendules à l’heure. Surtout, les deux clubs ont tout à gagner à mousser cette rivalité, afin de gagner en popularité. Et la saison 2016 promet à ce niveau, un match de saison régulière entre les deux clubs n’ayant jamais été attendu aussi fébrilement.