Qui veut acheter le CF Montréal?

Le CF Montréal  a récemment traversé bien des tumultes. La dernière saison s’est soldée par une absence des séries, une déception d’autant plus grande que l’équipe a dû affronter son ancien entraîneur et son Crew de Columbus, dont la place était assurée, lors du dernier match de la saison. Une douce revanche pour Wilfred Nancy qui a sonné le glas de son successeur, Hernan Losada, à la barre du Bleu-Blanc-Noir. Cependant, derrière les problèmes sportifs se cachent des défis structurels, sont surtout le manque d’investissement dans le fonctionnement normal des opérations.

Une fondation tout de même solide

Le principal point à considérer est que le CF Montréal est l’équipe professionnelle la moins chère en Amérique du Nord, ce qui est à la fois un avantage et un inconvénient. Sa valeur actuelle, étant estimée à 390 millions de dollars, représente une véritable aubaine pour tout investisseur. L’équipe dispose d’un potentiel sportif intéressant, des installations de qualité, une académie bien établie, et une base de supporters fidèles. 

Malgré l’échec sportif, l’équipe s’est battue pour une place en séries tout au long de l’année, ratant son objectif de peu, par une victoire in extremis d’un adversaire New-Yorkais. Son centre d’entrainement est de grande qualité, ayant été même utilisé dans le passé par le Réal Madrid, lors d’une partie de son camp d’entrainement. L’Académie de son côté fournit plus de joueurs d’impacts que les transactions intra-MLS ou les signatures à l’étranger. Malgré l’Absence de supers vedettes ou de grands succès, le Saputo était presque toujours à guichets fermés. Rien qui démontre une organisation en déroute.

Une société distincte 

De plus, le CF Montréal possède un atout unique en Amérique du Nord : un véritable monopole national. Cela va au-delà du simple nationalisme symbolisé par le maillot bleu avec une fleur de lys au milieu du blason. Ce club a non seulement le contrôle sur le développement d’un territoire, mais également d’une communauté qui se bat pour sauvegarder son identité. Le nationalisme ce n’est pas seulement pour les réactionnaires habillés en bruns qui ont peur des étrangers, c’est lavant tout le désir de former une communauté avec un projet politique commun et la volonté de perdurer dans le temps. 

Les résultats sont déjà au rendez-vous, avec plusieurs nouveaux joueurs formés au club, qui ne sont pas seulement titulaires, mais également de futures vedettes de l’équipe première. Avec une telle distinction, le marketing et les communications d’une telle organisation sportive devraient s’écrire tout seuls. 

Des dépenses courantes malheureusement inexistantes 

Pour que le club atteigne son plein potentiel, il a besoin d’investissements dans plusieurs domaines. La création d’une équipe MLS NextPro, l’acquisition de joueurs désignés pour renforcer le projet, l’amélioration du budget dédié aux communications, et éventuellement un nouveau stade, sont des aspects à considérer. La plupart de ces dépenses, toutefois, correspondent aux investissements standard effectués par d’autres équipes de la MLS pour garantir une organisation de qualité, ce qui signifie qu’elles ne devraient pas bouleverser considérablement le plan d’affaires d’un nouveau propriétaire.

Ainsi, le CF Montréal offre une opportunité unique à un investisseur qui souhaite s’engager dans le monde du soccer professionnel tout en participant à la croissance d’une communauté sportive nationale. Avec un projet bien conçu et les investissements appropriés, l’équipe pourrait retrouver sa gloire passée et devenir un acteur majeur sur la scène du soccer nord-américain.

Les seuls ayant à perdre ici, seraient les propriétaires actuels qui vendraient un succès assuré pour une bouchée de pain. 

Première visite au stade Saputo de l’année

Mes ami.e.s m’ont offert comme cadeau pour souligner mes quarante ans des billets pour un match du CF Montréal. Très bons billets d’ailleurs, achetés lorsque l’équipe gisait dans les bas fonds de la médiocrité et que certains faisaient des rabais pour une place au stade Saputo. J’étais également fort heureux de revoir ces ami.e.s alors que le beau temps faisait un retour. 

Comme d’habitude, les deux mêmes personnes, moi inclus, ont dû attendre le reste de la troupe au taillage, mais les autres sont arrivés avec nourriture et rafraichissement alcoolisés, donc tout est pardonné. J’invite tout le monde à assister à ces avant-matchs forts sympathiques, créés par les partisans, qui démontrent les liens forts de cette communauté. Au-delà des résultats sur le terrain, ce qui m’apparaît le plus important c’est de renforcer l’esprit de famille de l’Impact, qui dépasse la simple consommation de produits de divertissement. L’attachement va au-delà d’une équipe, il touche également tout ceux qui y adhèrent. 

Du côté sportif,ce fut un bon match, mais heureusement que le Orlando vise aussi bien que des Stormtroopers. Malgré cela, le Bleu-blanc-noir, s’est bien ajusté en deuxième demie. L’entrée de Romell Quioto a pour sa part, totalement redynamisé le jeu offensif des Montréalais devant un adversaire qui commençait à montrer des signes de faiblesse. 

Le clou de la soirée a été la vague que les fans ont perpétuée durant une bonne dizaine de minutes. C’est bien la victoire, mais de revoir son stade quasi complet retrouver sa bonne humeur, c’est encore mieux. En espérant que le plaisir continue!

Hernan Losada est un être humain

Les débuts difficiles ont amené des critiques fortement méritées à l’entraineur du CF Montréal. Malgré la victoire contre les taureaux rouges du nouveau York, le Bleu-blanc-noir est toujours dernier dans l’Est. Même si la prudence est de mise, on peut détecter une amélioration dans le jeu des Montréalais. Un peu de positif pour l’entraineur Hernan Losada, dont beaucoup réclamaient le congédiement hâtif.

Les critiques constructives n’indiquent pas que l’on déteste notre équipe. Toutefois, l’exaspération de plusieurs partisans face aux piètres performances de l’équipe, en ont poussé certains à émettre des propos vitrioliques au détriment des décideurs, visant notamment l’entraîneur du Club de foot anciennement amateur de flocons. Même si on peut qualifier les décisions de Losada de mauvaises, ce dernier les a prises dans l’intérêt de l’équipe. Personne n’est infaillible, et plusieurs éléments jouaient contre lui. Ce dernier veut avant tout gagner et, surtout, conserver son emploi.

Malgré une saison historique l’année dernière, la vente de certains joueurs, un propriétaire qui ne veut pas investir et un directeur technique devant jongler avec un budget réduit, pouvaient nous faire douter sur les performances de l’équipe cette saison. En plus de cela, une préparation physique catastrophique au camp d’entraînement a engendré un fort taux d’occupation de l’infirmerie, privant l’équipe de plusieurs vedettes. Les joueurs déjà démotivés par l’entre-saison n’avaient pas beaucoup de raisons de se réjouir une fois sur le terrain.

Je vais m’avancer ici dans la psychologie à 5 cennes, mais l’organisation semblait vouloir prouver que la saison précédente n’était pas si exceptionnelle. Que n’importe quel entraineur pouvait amener cet effectif à de bons résultats. Au lieu de faciliter la tâche de Losada, on aurait voulu donner le même niveau de difficulté à l’entraineur, en espérant un résultat similaire. La réalité les a pourtant rattrapés, les ajustements ont été faits, mais un peu trop tard diront certains.

Les ajouts de Duke et Lassiter ont redynamisé une équipe amorphe qui ne savait plus pourquoi elle devait faire des efforts. Les victoires récentes n’ont pas été acquises contre des superpuissances, loin de là, mais elles ont le mérite de remettre l’attention sur le prochain match au lieu des insuccès passés.

Ces récents succès n’absolvent pas l’entraineur de toutes ces fautes. Il faut être pragmatique, le mettre à la porte maintenant, ça servirait à quoi? Il vaudrait mieux d’attendre les renforts, par le retour de joueurs blessés et de probables signatures, et d’évaluer la situation lorsque l’effectif complet sera en place. Losada pourrait-il accumuler des victoires en deuxième moitié de saisons ou faut-il le remplacer pour apporter une nouvelle énergie? S’il tient le coup jusqu’à la fin, cela n’empêchera pas de le remplacer par un nouveau stratège, si l’on juge que cela est la meilleure option pour l’équipe.

Prélude à la catastrophe

Déjà que la dégelée de 5-0 contre Vancouver ayant un effectif rempli de réservistes pouvait nous faire craindre le pire, le 4-0 contre le Révolution de la Nouvelle-Angleterre peut nous le confirmer : l’Impact est poche. L’hécatombe du début de saison n’aide sûrement pas, les joueurs semblent toutefois perdus sur le terrain, alors que Bleu-Blanc-Noir était, malgré le manque de résultats, beaucoup plus cohérent en début de saison l’année dernière.

Les gros morceaux, partis vers de meilleurs cieux dans l’entre-saison, ont été timidement remplacés, mais quand tes pièces de rechange sont elles aussi à l’infirmerie… Le nouvel entraîneur a déjà gaspillé ses cartouches avant même le début de la saison. On peut bien accuser le directeur technique pour le manque de qualité dans l’effectif; mais d’un côté le propriétaire ne veut pas délier les cordons de la bourse et, de l’autre, l’entraîneur ne semble pas avoir compris les risques, étant facilement identifiable lors de son embauche.

Alors que le CF croule dans les bas-fonds de la division de l’Est avec un différentiel de but de -13, la nouvelle équipe de Wilfred Nancy est en quatrième position. L’intégration semble être positive pour ce dernier. Désolé de tourner le fer dans la plaie, mais il s’agit du drame qui se joue devant nos yeux, la tragédie s’annonce pour tous les supporteurs. Chaque année, l’histoire se répète, le manque de professionnalisme de l’organisation vient détruire sa progression normale. Même si des améliorations ont été réalisées en ce sens au cours des dernières années, les efforts nous apparaissent insuffisants, alors que le reste de la ligue a passé à un autre niveau. 

La longue liste d’accidents de parcours n’aide aucunement à renforcer l’adhésion des partisans potentiels à cette équipe. Les résultats de l’année dernière ont pu colmater quelques brèches , mais quand l’architecte principal de ces succès à quitter le navire, on peut se demander si, cette fois-ci, le bateau va sombrer pour de bon?

Austin pas une belle game…

Samedi passé c’était la fête ma mère, alors j’ai manqué les quinze premières minutes de la partie du Club de Foot MTL contre le Austin. Vous savez, une mère c’est important, assez pour manquer 15 minutes d’un match de championnat MLS. Bien heureux d’avoir pu souligner l’anniversaire de ma mère lors d’un beau souper en famille.

Ç’a été un match chaudement disputé, avec de bien belles choses, surtout des joueurs formés au club… L’alignement un peu rafistolé pour cause de blessures n’a pas dérapé lors de la première heure de jeu et créait même quelques belles chances de marquer… La fin a été moins belle, alors que la blessure du défenseur central qui n’est pas vraiment un défenseur central, Samuel Piette, jouant à cette position, car tous les autres défenseurs centraux étaient blessés, à fait effondrer le château de cartes qui était le plan de match du CF, déjà pas super bien assemblé au départ… 

Les changements d’Austin ont-ils vraiment fait la différence? La formation montréalaise, constituée principalement de transplantés, éloignés de leurs rôles de prédilections, ne pouvait offrir malheureusement qu’une résistance diminuée. Entré dans le dernier quart, l’ancien porte-couleur du Bleu-blanc-noir, Max Urruti, n’en demandait pas tant pour nous faire une reprise de sa revanche de l’année dernière, en nous plantant un but dans les dernières minutes. Celui qui était incapable de finir avec nous, nous a finis deux fois plutôt qu’une. L’ironie est si grande que même les scénaristes hollywoodiens n’auraient pu l’écrire… 

Les joueurs ne devraient pas trop s’en mettre sur les épaules, cette défaite n’est, dans les faits, que le produit de la préparation trop intensive de l’entraîneur et du manque de solutions de rechange offertes par le directeur technique. Avoir les bons joueurs aux bonnes places n’est pas un luxe, c’est pas mal la base… surtout en début de saison. 

Y’en n’aura pas de facile… surtout quand les décideurs ne se facilitent pas la tâche.

Un début de saison écrit tout croche sur le coin d’une table

En résumé, c’était brouillon. Rien de dépaysant toutefois pour les supporteurs de la première heure de l’Impact. Une déception généralisée qui n’est que le reflet d’un entre-saison n’ayant qu’amenuisé l’enthousiasme de la population, malheureusement au plus haut après une saison de rêve.

Au premier abord, un entraîneur apprécié qui quitte pour un rival de division pour cause de mésentente avec le propriétaire, devant supposément s’éloigner au plus possible du vestiaire. Chassez le naturel, il revient au galop pour engueuler les joueurs après une horrible défaite contre la pire équipe du circuit. Les plus fefans diront que cette altercation fut salvatrice voyant les résultats de l’équipe pour la suite de la saison. Quand le finaliste au titre d’entraineur de l’année quitte sans demander merci, il faut avoir bu du kool-aid assez corsé pour y voir quelque chose de positif. 

Mais bon, on ne s’entendait pas à grand-chose côté sportif, pour le premier match de la saison. Un nouvel entraîneur, donc qui n’a pas une connaissance profonde de son effectif et devant faire ce qu’il peut avec quelques pièces manquantes. C’est un premier match, on ne peut pas vraiment critiquer le côté technique. De tout sport, dans toutes les ligues, le début de saison c’est toujours tout croche.. Sportivement, le match avait l’air d’une ligue de bière, avec un Miami qui semblait mieux organisé, même si ce n’était pas super bien organisé. Les buts des adversaires ne passeront pas dans les faits saillants de la semaine, les arrêts devant les Montréalais pourraient peut-être y figurer. 

En parlant d’organisation foireuse, que dire de la diffusion d’Apple TV+… On parle un peu partout de représentativité, notre belle société distincte a eu droit un produit tout aussi décevant que le Club de Foot sur le terrain. On nous accueille avec une belle demi-heure d’avant-match de Speak White, suivi d’une description digne d’un match préparatoire contre les Rowdies, les enfants dévalant la côte en moins. Le son était pénible, le descripteur et le commentateur faisant de leur mieux; mais vu l’alignement qu’Apple a engagé, on se demandait pourquoi on nous avait envoyé l’équipe C en début de saison. Le produit qu’Apple nous sert n’est pas pour nous; c’est pour les Yankees, les sauvageons du Nord n’auront qu’à se contenter de leur petit pain…

J’ai regardé le match sur mon téléphone, visuellement c’était aussi confus que dans nos oreilles. N’ayant pas encore de nouveau maillot principal les Impacts étaient obligés d’aborder leurs chandails gris, motif comptoir de cuisine en marbre. Malheureusement pour mon daltonisme, le Miami arborait le rose «bachelorette party». Partout, les ratés de l’entre-saison se révélaient plus facilement que les bons coups. 

Espérons que ça sera mieux la semaine prochaine…

L’Impact : changement d’identité

Les personnes nées à l’an 2000 ont 18 ans cette année.  Ces enfants qui deviennent des adultes n’ont aucune attache dans le dernier millénaire ou dans le vingtième siècle. Ceux étant né en 1993, l’année de la dernière conquête de la Stanley du Canadien, auront 25 ans, le même âge que l’Impact de Montréal.

Pour ces jeunes, le club de soccer montréalais est aussi vieux que le Canadien, les Alouettes, l’Université McGill, l’Hôtel de Ville ou le Stade olympique.  Pour eux, les affiches des magasins ont toujours été en français, le Plateau toujours habité par des Français qui paient leur loyer trop cher, les restaurants toujours reconnus comme extraordinaires, la scène musicale comme étant une des plus cool au monde et que les cônes oranges sont une normalité dans notre paysage urbain.

Il en a fait du chemin l’Impact depuis un quart de siècle, depuis le Centre Claude-Robillard, les années de misère… On a vu un miracle en Ligue des Champions, l’arrivée de Drogba, une demi-finale de l’Est devant plus de 61 000 spectateurs; et puis l’année dernière, un retour forcé à la réalité…

Et puis 2018, une nouvelle ère avec l’arrivée de Rémi Garde. Pour le club, il ne s’agit pas uniquement de l’embauche d’un entraîneur de haut niveau, mais également de son arrivée à maturité.  Pour les dirigeants, cela signifie deux choses : premièrement, que l’équipe n’est plus le jouet de passionnés dévoués à la cause, mais aussi de l’acceptation du véritable rôle sportif et social de l’Impact tant au sein de la ligue que de la nation québécoise.

Excellence comme nécessité

Même si cela me rend nauséeux de l’écrire, nous devons remercier le Toronto FC d’en être arrivé là. Il s’agit non seulement de la meilleure rivalité du sport montréalais (même de la MLS), mais également d’une cible que le club doit non seulement atteindre, mais également dépasser.  La grande différence entre la grande majorité des rivalités sportives est que celle entre Montréal et Toronto est également une bataille de styles, de philosophies et surtout d’identités.

Si le Toronto FC domine, c’est avant tout grâce à l’argent. Pendant neuf ans, le TFC a essayé d’avoir une équipe sympathique avec des joueurs locaux et ils étaient exécrables. Le conglomérat de millionnaires qui possède le club a décidé de jeter l’argent par les fenêtres, afin d’avoir une équipe pouvant accéder aux grands honneurs. Il ne faut pas croire pour autant que Toronto a « acheté un championnat ».  Il fallut trois ans pour mettre cette formidable machine de soccer à point, jusqu’à l’année dernière où le club a remporté le Championnat Canadien, la saison régulière et la MLS Cup. Jamais dans la ligue on n’avait vu une réussite aussi fracassante.

Même si l’équipe a toujours été un peu à part des autres, cette année, l’Impact a décidé d’assumer ses différences et d’en faire des avantages.  Comme les grands chefs montréalais, pour se démarquer, il faudra se tourner vers les produits du terroir.  Contrairement au hockey, il n’y a pas de tradition au soccer; il faudra donc tout inventer, accompagné d’une aide extérieure pour se former une identité qui nous est propre.  Et une tradition d’excellence peut se construire assez rapidement, regarder comment le Football universitaire québécois, autrefois moribond, est devenu le meilleur système au Canada.

Cette année l’Impact a arrêté de vouloir faire plaisir à la ligue et au système américain. Pour le meilleur et pour le pire, le Bleu-Blanc-Noir fera à sa façon, avec ses joueurs. On l’a d’ailleurs démontré lors du dernier repêchage, où l’équipe technique a préféré échanger ses choix pour le l’argent, car elle faisait plus confiance aux produits de l’Académie que ceux de la NCAA. Cela n’envoie pas uniquement un message aux jeunes de l’Académie, mais tous ceux qui s’exercent, en ce moment sur les terrains du Québec. Plus précisément que le club va leur laisser une place, qu’ils pourront faire partie d’un projet où ils auront un rôle majeur à jouer. L’impact a compris une évidence que les autres équipes montréalaises ont oublié : que les produits locaux ne servent pas uniquement à vendre des billets , mais qu’ils peuvent contribuer aux succès de l’équipe.

L’Impact possède un avantage avec son Académie, celle d’avoir un bassin intéressant de joueurs locaux et de ne pas en échapper ainsi au profit d’autres équipes.  Elle pourra devenir alors le véritable reflet du talent québécois, talent qui possédera déjà une loyauté au club qui l’a formé et dont les supporteurs connaîtront déjà le potentiel.  Le parcours sera sûrement long et difficile, mais cela paraît être la meilleure direction à suivre.

Un Montréal renouvelé 

Imaginez tous ces jeunes pour qui l’Impact est aussi vieux que le mont Royal ou le Smoked Meat de chez Schwartz’s, pour qui son allégeance va-t-elle pencher? Sûrement pour le club qui reflète le plus son identité, pour qui des gens lui ressemblant participent au succès du groupe. Le Québec d’il y a 25 ans est déjà vieux, enfermé dans un autre siècle, un autre millénaire… Il est temps de regarder vers l’avant, de se reconstruire, de comprendre ce qui nous distingue, ce qui nous rend uniques, ce qui peut faire de nous les meilleurs.

La population montréalaise change non seulement au niveau démographique, mais également à celui des valeurs et des habitudes de vie.  La dernière élection l’a clairement démontré, où les événements à grand déploiement et les promesses du retour des Expos n’ont pas recueilli l’adhésion escomptée.  Les électeurs ont fait fi des souhaits de l’établissement pour élire une administration proposant des idées plus près des intérêts des citoyens.

Pour bon nombre de Québécois, le retour des Expos fait rêver, mais pour les plus jeunes et les nouveaux arrivants les Expos c’est déjà de l’histoire ancienne, c’est un vestige du passé, de la nostalgie. Je ne suis pas contre le retour du baseball majeur dans la métropole, mais mettre autant l’emphase sur ce projet démontrait une déconnexion avec l’électorat. Cela indique également que Montréal se distance du reste du Québec, du moins qu’il essaie de l’emmener dans une autre direction. Pas étonnant que la nouvelle mairesse soit une grande fan de l’Impact, elle est le reflet de nouvelle cohorte de Montréalais qui ne rêvent plus d’une maison en banlieue, d’un beau gazon vert et d’une piscine hors terre.

Cela explique peut-être la réticence de certains qui voient encore le soccer comme un « sport d’immigrants ».  L’Impact s’est développé parallèlement à cette nouvelle génération de Montréalais après le référendum de 1995, loin des divisions traditionnelles, parlant français en plus d’une ou plusieurs autres langues, habitué à la différence, vivant l’effervescence et la solitude de la grande ville. Cette grande ville toutefois plus habituée aux chocs des idées qu’à l’unanimisme de petit village, si différente du reste du Québec, encore plus du reste du Canada, Montréal est devenue une autre façon de représenter le Québec.  Pendant qu’ailleurs on rejette, ici on accepte… À Montréal, l’avenir fait moins peur.

Accepter le changement

Pour beaucoup, accepter l’Impact c’est accepter beaucoup trop de choses pouvant leur déplaire. Accepter que les plus jeunes connaissent plus ce sport qu’eux, accepter une nouvelle culture sportive où se retrouvent des supporteurs et des joueurs de tous horizons.  Soutenir l’Impact, c’est également accepter que le Québec change, et pour certains, il s’agit d’un choix trop difficile à faire.

Combien de championnats aura l’Impact dans 25 ans? Nul ne le sait, mais l’équipe pourrait bien devenir le véritable symbole d’un peuple en pleine quête identitaire. Si le Bleu-Blanc-Noir peut montrer la voie aux autres équipes sportives montréalaises, cela ne peut être que bénéfique à notre société. Car depuis trop longtemps les vieilles façons ne fonctionnent plus et il est grand temps que l’on retrouve le chemin de la victoire… dans le sport comme ailleurs.

Pourquoi tu ne viens pas nous voir?

Le hockey est fini, pourtant on en parle encore. L’année dernière nous étions plus de 61 000 dans le Stade Saputo pour la finale de l’Est, et là on n’est même pas capable de remplir le Stade Saputo.

Les gens semblent toutefois intéressés, mais il y a comme un blocage dans l’ensemble de la société, comme si une force mystérieuse les empêchait d’assister à un match de soccer… Pour beaucoup, l’Impact reste un corps étranger, une curiosité liée seulement aux Québécois issus de l’immigration.  Pourtant, la fleur de lys sur le maillot bleu azur n’est-elle pas assez grande?

Toutes les personnes qui sont allées ont adoré leur expérience, mais il y allé de leur chef, sans y être invités, semble encore difficile. Pour la majorité, l’Impact semble être un club d’initiés, comme peut l’être un café italien ou un bar de hipsters. Et même si l’Impact démontre un pouvoir d’attraction sur les plus jeunes, ce sont les plus vieux qui possèdent les dollars. C’est clair, l’identification à l’équipe n’est pas chose naturelle pour une très grande portion de la population.

Mais sérieusement, vous voulez quoi? Les meilleurs joueurs, même les étrangers, parlent français. Cela sans compter sur les entraineurs, le personnel technique, l’administration, le propriétaire… On n’est pas en déficit de Québécois et de francophones.

Le Canadien n’a malheureusement pas d’académie et d’autres pays francophones pour aller chercher ses joueurs. C’est normal qu’à travers le temps avec l’ajout de joueurs étrangers dans la ligue nationale, la portée symbolique des matchs diminue. Chose qui est tout le contraire pour le Bleu-Blanc-Noir, car tu peux trouver que les noms de famille de certains joueurs ne fassent pas assez « de souche » à ton goût, ailleurs dans la ligue on ne fait pas cette différence, c’est tous des « french frogs ».

Pas pour rien, que l’équipe montréalaise à cette attitude de « nous contre le monde », partout dans la ligue, quoique tout de même appréciée, la différence frappe. Mais où le conflit prend tout son sens, c’est évidemment contre le Toronto FC, cette équipe anglophone dominée par un  conglomérat anonyme qui s’achète les championnats. Infâmes ennemis en rouge, le même dans l’imaginaire collectif que celui sur les Plaines d’Abraham et les perdants, étrangement, portent le même emblème.

La plus grande rivalité de la MLS c’est Toronto contre Montréal, et pendant que le BMO Field se remplit, toi tu restes chez vous. T’as peur de quoi? D’avoir du fun… Partout dans le monde, on regarde le match TFC contre Montréal, et partout, Toronto c’est le méchant.  Partout, au fond d’eux-mêmes, les amateurs de foot prennent pour l’Impact, sauf toi… Tu penses sûrement à l’alignement du Canadien, dommage t’as manqué quelque chose…

Ernest Renan disait que les nations se forgent plus dans les tragédies que dans les triomphes et ce n’est pas les tragédies qui manquent dans la courte histoire de l’Impact… Au-delà, des défaites crève-coeur en ligue des champions, en série ou en championnat canadien, l’Impact a le don de perdre avec autant de panache qu’elle gagne… On sort la plupart du temps d’une partie un peu ébranlé…

Ça doit tout de même être plus compliqué d’être un joueur de l’impact, il ne faut pas seulement être bon, il y a une mission à porter. Parce que même si elle ne veut pas l’avouer, elle est la seule qui représente une entité nationale. Au-delà de la politique et des conflits qui font de nous ce que nous sommes, toute équipe majeure qui s’installe à Montréal devient essentiellement plus qu’une équipe. Le sport est un langage. Avec l’Impact, on converse non seulement avec le monde, mais également avec le Québec en entier.  De voir, ces joueurs d’origines diverses travailler ensemble et réaliser de grandes choses, ça envoie un message qui a une grande signification dans une collectivité qui tend de plus en plus à se diviser. Dans le fond, c’est peut-être ça qui te dérange…

C’est quoi être un Québécois au juste? Une langue, des valeurs, une histoire ou une culture commune? Oui, mais non…

Un Québécois c’est quelqu’un qui au-delà de son intérêt personnel, porte la responsabilité historique d’un peuple qui a réussi à survivre et qui continuera d’exister dans les années à venir. Pas besoin d’être l’illustre ancêtre d’un soldat du régiment Carignan-Salière et d’une Fille du Roy pour ça.

Faudrait que tu comprennes que l’Impact est le meilleur porte-étendard, de nos rêves et nos aspirations collectives, sur la planète.  C’est une fenêtre sur le monde, un monde qui peut comprendre par le langage universel du soccer, ce qui nous anime, et surtout ce qui nous rend distincts, ce qui nous permet une fois de temps en temps d’être quelque chose comme une grande équipe, comme un grand peuple…

Il serait temps de gagner… pour vrai.

montreal_impact_mls_logoCher Impact de Montréal,

Tout au long de l’année, on a attendu ce point tournant, ce moment qui allait dévoilé la grande équipe promise depuis la fin de l’année dernière.  Tout ce qui est arrivé cependant depuis de la saison 2016, c’est qu’on a échangé constamment  notre perception de la saison entre celle du verre à moitié plein et celle du verre à moitié vide. Tout est à demie teinte : un début de saison fracassant suivie de nulles à répétitions, les blessures, les joueurs qui quittent et ceux qui reviennent.  On a repris espoir avec une immense victoire à la maison contre Philadelphie, peu après une défaite horrible contre Chicago, pour être témoins ensuite un gain miraculeux à Toronto avec seulement 10 joueurs, pour s’effondrer encore une fois contre Orlando à la maison… Cette équipe n’a jamais su atteindre sa vitesse de croisière, jamais eu de momentum.

Sérieusement, ça vous prend quoi ? Car tout le monde sait que vous avez tous les ingrédients pour réussir.  Lorsque vous êtes en feu, rien ne peut vous arrêter, vous survolez la ligue, vous impressionnez, vous avez l’air de quelque chose comme une grande équipe. Malheureusement, vous sortez votre meilleur jeu seulement lorsque vous devez réagir aux événements, comme à Toronto par exemple. Il faut constamment vous secouer pour vous faire réagir. Vous êtes bons pour défendre votre honneur, mais l’instinct du tueur vous ne semblez pas l’avoir.

Et pourtant, ce n’est pas la motivation qui vous manque, la fenêtre d’opportunité n’a jamais été aussi belle.  Malgré tout, votre popularité augmente. Vous devez faire quelque correctement…

Vous oeuvrez dans une société en pleine mutation et en quête de repères, vous pourriez indiquer la voie au lieu de vous chercher match après match.  Vous devriez vous rendre compte un peu plus de la bouffée d’air frais que vous offrez dans le paysage montréalais, dominé par le trop convenu et contrôlant Canadien de Montréal qui présente un produit moyen à des vieux riches dépassés se contentant des succès d’une époque révolue.  Les bouffées d’air frais sont rares pour le Montréal multiethnique trop souvent caché par une version générique au teint aussi beige que ses propos. Et ceux qui osent briser cette hégémonie se  voient porter au pilori. L’unanime et immobile Québec semble pareil partout, surtout dans l’univers sportif où le gros rire gras du mononcle enterre tout langage coloré provenu d’ailleurs. Cette société tricotée serrée a délié ses liens depuis plus d’une décennie, et si de plus en plus de voix se fond entendre, le climat de suspicion, de démagogie et d’intolérance devient assez lourd à porter. Les gouvernements, eux, ont trop souvent remplacé les projets de société pour du mépris. Au Québec, la différence est un bruit de fond, un morceau de décors, elle n’est jamais présente à l’avant-scène.

Vous ne vous en rendez pas assez compte, mais vous montrez un visage que l’on ne montre pas (ou presque pas) au Québec. Celui d’une diversité décomplexée qui ne demande aucune permission pour accomplir de grandes choses.  De la ligue des Champions et des séries l’année dernière, à toutes les remontées folles et au match contre Toronto cette année. Chaque semaine vous gagnez des adeptes, conquis par l’ambiance exaltée du Stade Saputo.  On se demande encore pourquoi il y a autant de désarroi de votre côté ?

Il y a l’Histoire qui n’attend qu’à être écrite. L’Impact n’est peut-être pas l’équipe avec la plus grande valeur marchande, avec les plus grandes assistances ou le plus d’abonnements de saison; c’est qui est unique, c’est le contexte social dans lequel il s’inscrit qui va au-delà même du fait français en Amérique du Nord. C’est, peut-être malgré lui, le symbole d’une génération et d’une vision différente du Québec. Bref, si vous gagnez, ça veut dire plus qu’une simple victoire sportive. C’est aussi dire à tant de gens que l’espoir n’est jamais véritablement mort, que le triomphe existe, que l’histoire peut se terminer, qu’on peut tourner la page et commencer un nouveau chapitre.

 

 

Y’en aura pas de facile…

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… À première vue ça sonne bien en maudit, mais quand l’adversité te frappe en pleine gueule, t’aurais préféré que ton parcours de vie soit une jolie promenade dans les bois, pas l’escalade du mont Everest…

L’été s’annonçait radieux pour notre Impact national, mais la dernière fois qu’ils ont gagné, on avait nos tuques sur la tête, un foulard autour du coup et on roulait encore avec nos pneus d’hiver… On a encaissé les nulles, c’est des points en banque, mais avec la défaite à Orlando, la panique commence à s’installer…

Et puis, il y a un foutu Belge qui se blesse dans la vieille Europe et on apprend que Saint-Laurent de la Défense ira le remplacer à l’Euro… Catastrophe ! Le meilleur défenseur de la MLS absent pour un mois, dans une équipe qui se cherche encore… Une longue traversée du désert nous attend mes amis… Notre Foi sera mise à grande épreuve.

J’aimerais vous rappeler qu’on parle de l’Impact de Montréal… Que l’on qualifie comme étant « le meilleur show en Ville », mais l’Impact de Montréal ce n’est pas seulement une ambiance, du spectacle, c’est une suite ininterrompue de drames, de rebondissements et de controverses.  L’Impact de Montréal ce n’est pas juste un « le meilleur show en ville », c’est en fait le meilleur téléroman sur la planète.

Là haut dans les cieux, l’Impact à son propre Réjean Tremblay, son « gars des vues » céleste qui écrit sa saison, avec différents épisodes…des bons, des moins bons et une finale qui, espère-t-il, sera satisfaire les supporters, tout en leur donnant le goût d’être fidèle au poste la saison prochaine. Car si au niveau sportif ça laisse à désirer, au niveau narratif c’est de l’or en barre, c’est tout un show !

Après avoir casser la baraque avec deux victoires complètement folles, l’Impact avait réussi à se maintenir au classement dans l’Est avec des victoires en demi-teinte, après une défaite contre le Toronto FC, le Bleu-Blanc-Noir ne fait plus que des matchs nuls, certains étant carrément décevants, d’autres des morceaux d’anthologie. Partout, on cherche des causes, mais les blessures ont frappé l’équipe qui n’a jamais vraiment aligné un XI partant avec ses meilleurs effectifs dans la meilleure forme possible.

« On va à la guerre avec l’armée qu’on a, pas celle qu’on voudrait avoir » disait le vieux Rumsfeld avant le désastre de la deuxième invasion de l’Irak, mais en ce moment il y a autant de trous dans à boucher dans l’alignement de l’Impact que sur une rue de Montréal… c’est tout dire.

Faudra passer au travers, faudra affronter l’adversité, faudra se forger le caractère.  Comme l’a dit Piton Ruel : « y’en aura pas de facile ».

Vous vous souvenez 2015, le passage rédempteur en Ligue des Champions, le but expiatoire de Cameron Porter contre Pachuca dans les arrêts de jeux, les 60 000 personnes dans le Stade pour la finale crève-coeur contre Amèrica… là aussi un terrible creux de vague qui s’est terminé par le départ de Klopas et l’arrivée messianique de Didier Drogba. Une fin de saison grandiose et s’est terminée un peu abruptement en séries, l’équipe un peu vidée avait trébuchée contre Columbus… Mais tout le monde se disait : « en 2016, ça sera moins chaotique, on pourra se concentrer sur le championnat MLS, l’équipe sera mieux soudée, avec tous ces joueurs on va piétiner les adversaires un à un jusqu’à la coupe ». Déjà on plaçait nos chaises pliantes sur la Sainte-Catherine pour la parade… dur retour sur terre pour les Montréalais.

Dites-vous que tout ça, c’est arrangé avec « le gars des vues », et comment on écrit ça une « bonne vue » ? Tout d’abord, il faut accrocher le spectateur, le saisir, l’émerveiller dès le départ et surtout le lier émotionnellement avec le ou les personnages principaux. Ensuite, on vous montre qu’ils ont les capacités pour vaincre, pour vous faire douter quelques moments plus tard en mettant devant eux un obstacle insurmontable qui à la toute fin sera déjoué due aux qualités intrinsèques des héros. À moins que ce soit une tragédie, là c’est la même chose, mais ça finit mal et on sait tout au long que ça va mal finir… que tout est perdu… qu’on peut ne rien y faire. Alors la saison 2016, une fin heureuse ou malheureuse ?

On parle ici de la MLS qui malgré tous ses nombreux défauts, démontre une grande parité entre les différentes équipes qui la compose.  Portland, le champion 2015, avait gagné le match de barrage dans la conférence de l’ouest en fusillade, après que tous les joueurs des deux équipes aient passé, il fallut s’en remettre aux gardiens de but pour départager le gagnant. Qui aurait prédit une chose pareille, on se serait cru dans un film !

Tout est encore possible, du meilleur comme du pire… il faudra être patient et attendre jusqu’à la fin. Au moins, jusqu’à ici on ne peut pas dire que l’intrigue est mal ficelée, on a tous déjà hâte au prochain épisode. 😉