Première visite au stade Saputo de l’année

Mes ami.e.s m’ont offert comme cadeau pour souligner mes quarante ans des billets pour un match du CF Montréal. Très bons billets d’ailleurs, achetés lorsque l’équipe gisait dans les bas fonds de la médiocrité et que certains faisaient des rabais pour une place au stade Saputo. J’étais également fort heureux de revoir ces ami.e.s alors que le beau temps faisait un retour. 

Comme d’habitude, les deux mêmes personnes, moi inclus, ont dû attendre le reste de la troupe au taillage, mais les autres sont arrivés avec nourriture et rafraichissement alcoolisés, donc tout est pardonné. J’invite tout le monde à assister à ces avant-matchs forts sympathiques, créés par les partisans, qui démontrent les liens forts de cette communauté. Au-delà des résultats sur le terrain, ce qui m’apparaît le plus important c’est de renforcer l’esprit de famille de l’Impact, qui dépasse la simple consommation de produits de divertissement. L’attachement va au-delà d’une équipe, il touche également tout ceux qui y adhèrent. 

Du côté sportif,ce fut un bon match, mais heureusement que le Orlando vise aussi bien que des Stormtroopers. Malgré cela, le Bleu-blanc-noir, s’est bien ajusté en deuxième demie. L’entrée de Romell Quioto a pour sa part, totalement redynamisé le jeu offensif des Montréalais devant un adversaire qui commençait à montrer des signes de faiblesse. 

Le clou de la soirée a été la vague que les fans ont perpétuée durant une bonne dizaine de minutes. C’est bien la victoire, mais de revoir son stade quasi complet retrouver sa bonne humeur, c’est encore mieux. En espérant que le plaisir continue!

Pas seuls, mais marginaux

C’est toujours un peu compliqué d’amener des gens au stade pour voir les impacts. Habituellement, les amis sont curieux, mais hésitent à accepter à entrer dans ce lieu inconnu aux coutumes étranges et pour y voir un sport qu’ils ne comprennent pas totalement. Être fans du CF, ce n’est pas aussi répondu que le Canadien. Un match du CH peut attirer même les moins intéressés à cause du prestige du Centre Bell, où plusieurs achètent un billet y être vu et se chercher de la reconnaissance avec une publication sur les réseaux sociaux. 

Parler du match de «foot» peut mener à se faire regarder de travers durant les conversations de bureau. Le CF n’est pas unanime, ce n’est pas, malheureusement, aussi enraciné dans l’imaginaire collectif du franco-québécois d’expression française.

Vouloir suivre à tout prix le Bleu-blanc-noir peut être une traversée du désert, surtout pour se trouver des gens qui partagent notre Foi. Il ne s’agit pas ici d’une critique, mais d’un constat : l’impact est plus organique que les autres équipes professionnelles de Montréal. Beaucoup d’activités sont le résultat des efforts de la base. Les tailgates sont de vrais tailgates et non une collection de chapiteaux de commanditaires, tenus par des adolescents blasés où sonnent les chansons nullissimes d’une radio FM. Toutefois, un lieu sans âme, où personne n’a besoin de prouver son appartenance, est moins menaçant pour le commun des mortels. Si certaines organisations se qualifient d’institutions, le jeu du marché les ont transformées en grand fourre-tout sans réelle valeur. Il faut faire ici une différence entre les grandes équipes et les grosses équipes. Par exemple, un Wal-Mart est un gros magasin, mais pas une grande chaîne. Ce n’est pas parce que tout le monde y va que c’est nécessairement bon.

Il faut des endroits pour se rassembler. Se retrouver entre nous. Le degré de ferveur peut en faire hésiter quelques-uns. Les novices pourront être intimidés par le degré d’implication des partisans les plus aguerris. Si certains de ces endroits existent déjà, ils sont peu répandus et surtout, peu connus. Trouver un endroit près de chez soi pour regarder un match entre amis peut devenir une chasse au trésor. La communauté gagnerait à être un peu plus répandue, sans pour autant perdre de son authenticité. L’organisation, mais aussi la base des partisans, se doit de réfléchir sur l’accueil des néophytes. 

Ceci est une tâche moins fastidieuse qu’il n’y parait, car des partisans il y en a, et ce, partout au Québec. Cependant, nous sommes terrains dans un anonymat confortable; où la horde de «Serges» ne vient pas nous embêter. Il serait bon d’afficher notre présence au dehors du stade, quitte à tout faire soi-même. Cela n’est pas impossible. Au début, la couverture médias était inexistante, et ce sont les partisans qui nous donner les premiers podcasts sportifs, les amenant aujourd’hui à être des spécialistes au côté de joueurnalistes habituels. Cette couverture est encore minime, mais elle croit d’année en année. 

Alors prenons contrôle du territoire, organisons des événements et promouvons ceux qui existent déjà. Allez Montréal!

Il serait temps de gagner… pour vrai.

montreal_impact_mls_logoCher Impact de Montréal,

Tout au long de l’année, on a attendu ce point tournant, ce moment qui allait dévoilé la grande équipe promise depuis la fin de l’année dernière.  Tout ce qui est arrivé cependant depuis de la saison 2016, c’est qu’on a échangé constamment  notre perception de la saison entre celle du verre à moitié plein et celle du verre à moitié vide. Tout est à demie teinte : un début de saison fracassant suivie de nulles à répétitions, les blessures, les joueurs qui quittent et ceux qui reviennent.  On a repris espoir avec une immense victoire à la maison contre Philadelphie, peu après une défaite horrible contre Chicago, pour être témoins ensuite un gain miraculeux à Toronto avec seulement 10 joueurs, pour s’effondrer encore une fois contre Orlando à la maison… Cette équipe n’a jamais su atteindre sa vitesse de croisière, jamais eu de momentum.

Sérieusement, ça vous prend quoi ? Car tout le monde sait que vous avez tous les ingrédients pour réussir.  Lorsque vous êtes en feu, rien ne peut vous arrêter, vous survolez la ligue, vous impressionnez, vous avez l’air de quelque chose comme une grande équipe. Malheureusement, vous sortez votre meilleur jeu seulement lorsque vous devez réagir aux événements, comme à Toronto par exemple. Il faut constamment vous secouer pour vous faire réagir. Vous êtes bons pour défendre votre honneur, mais l’instinct du tueur vous ne semblez pas l’avoir.

Et pourtant, ce n’est pas la motivation qui vous manque, la fenêtre d’opportunité n’a jamais été aussi belle.  Malgré tout, votre popularité augmente. Vous devez faire quelque correctement…

Vous oeuvrez dans une société en pleine mutation et en quête de repères, vous pourriez indiquer la voie au lieu de vous chercher match après match.  Vous devriez vous rendre compte un peu plus de la bouffée d’air frais que vous offrez dans le paysage montréalais, dominé par le trop convenu et contrôlant Canadien de Montréal qui présente un produit moyen à des vieux riches dépassés se contentant des succès d’une époque révolue.  Les bouffées d’air frais sont rares pour le Montréal multiethnique trop souvent caché par une version générique au teint aussi beige que ses propos. Et ceux qui osent briser cette hégémonie se  voient porter au pilori. L’unanime et immobile Québec semble pareil partout, surtout dans l’univers sportif où le gros rire gras du mononcle enterre tout langage coloré provenu d’ailleurs. Cette société tricotée serrée a délié ses liens depuis plus d’une décennie, et si de plus en plus de voix se fond entendre, le climat de suspicion, de démagogie et d’intolérance devient assez lourd à porter. Les gouvernements, eux, ont trop souvent remplacé les projets de société pour du mépris. Au Québec, la différence est un bruit de fond, un morceau de décors, elle n’est jamais présente à l’avant-scène.

Vous ne vous en rendez pas assez compte, mais vous montrez un visage que l’on ne montre pas (ou presque pas) au Québec. Celui d’une diversité décomplexée qui ne demande aucune permission pour accomplir de grandes choses.  De la ligue des Champions et des séries l’année dernière, à toutes les remontées folles et au match contre Toronto cette année. Chaque semaine vous gagnez des adeptes, conquis par l’ambiance exaltée du Stade Saputo.  On se demande encore pourquoi il y a autant de désarroi de votre côté ?

Il y a l’Histoire qui n’attend qu’à être écrite. L’Impact n’est peut-être pas l’équipe avec la plus grande valeur marchande, avec les plus grandes assistances ou le plus d’abonnements de saison; c’est qui est unique, c’est le contexte social dans lequel il s’inscrit qui va au-delà même du fait français en Amérique du Nord. C’est, peut-être malgré lui, le symbole d’une génération et d’une vision différente du Québec. Bref, si vous gagnez, ça veut dire plus qu’une simple victoire sportive. C’est aussi dire à tant de gens que l’espoir n’est jamais véritablement mort, que le triomphe existe, que l’histoire peut se terminer, qu’on peut tourner la page et commencer un nouveau chapitre.

 

 

Y’en aura pas de facile…

À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire… À première vue ça sonne bien en maudit, mais quand l’adversité te frappe en pleine gueule, t’aurais préféré que ton parcours de vie soit une jolie promenade dans les bois, pas l’escalade du mont Everest…

L’été s’annonçait radieux pour notre Impact national, mais la dernière fois qu’ils ont gagné, on avait nos tuques sur la tête, un foulard autour du coup et on roulait encore avec nos pneus d’hiver… On a encaissé les nulles, c’est des points en banque, mais avec la défaite à Orlando, la panique commence à s’installer…

Et puis, il y a un foutu Belge qui se blesse dans la vieille Europe et on apprend que Saint-Laurent de la Défense ira le remplacer à l’Euro… Catastrophe ! Le meilleur défenseur de la MLS absent pour un mois, dans une équipe qui se cherche encore… Une longue traversée du désert nous attend mes amis… Notre Foi sera mise à grande épreuve.

J’aimerais vous rappeler qu’on parle de l’Impact de Montréal… Que l’on qualifie comme étant « le meilleur show en Ville », mais l’Impact de Montréal ce n’est pas seulement une ambiance, du spectacle, c’est une suite ininterrompue de drames, de rebondissements et de controverses.  L’Impact de Montréal ce n’est pas juste un « le meilleur show en ville », c’est en fait le meilleur téléroman sur la planète.

Là haut dans les cieux, l’Impact à son propre Réjean Tremblay, son « gars des vues » céleste qui écrit sa saison, avec différents épisodes…des bons, des moins bons et une finale qui, espère-t-il, sera satisfaire les supporters, tout en leur donnant le goût d’être fidèle au poste la saison prochaine. Car si au niveau sportif ça laisse à désirer, au niveau narratif c’est de l’or en barre, c’est tout un show !

Après avoir casser la baraque avec deux victoires complètement folles, l’Impact avait réussi à se maintenir au classement dans l’Est avec des victoires en demi-teinte, après une défaite contre le Toronto FC, le Bleu-Blanc-Noir ne fait plus que des matchs nuls, certains étant carrément décevants, d’autres des morceaux d’anthologie. Partout, on cherche des causes, mais les blessures ont frappé l’équipe qui n’a jamais vraiment aligné un XI partant avec ses meilleurs effectifs dans la meilleure forme possible.

« On va à la guerre avec l’armée qu’on a, pas celle qu’on voudrait avoir » disait le vieux Rumsfeld avant le désastre de la deuxième invasion de l’Irak, mais en ce moment il y a autant de trous dans à boucher dans l’alignement de l’Impact que sur une rue de Montréal… c’est tout dire.

Faudra passer au travers, faudra affronter l’adversité, faudra se forger le caractère.  Comme l’a dit Piton Ruel : « y’en aura pas de facile ».

Vous vous souvenez 2015, le passage rédempteur en Ligue des Champions, le but expiatoire de Cameron Porter contre Pachuca dans les arrêts de jeux, les 60 000 personnes dans le Stade pour la finale crève-coeur contre Amèrica… là aussi un terrible creux de vague qui s’est terminé par le départ de Klopas et l’arrivée messianique de Didier Drogba. Une fin de saison grandiose et s’est terminée un peu abruptement en séries, l’équipe un peu vidée avait trébuchée contre Columbus… Mais tout le monde se disait : « en 2016, ça sera moins chaotique, on pourra se concentrer sur le championnat MLS, l’équipe sera mieux soudée, avec tous ces joueurs on va piétiner les adversaires un à un jusqu’à la coupe ». Déjà on plaçait nos chaises pliantes sur la Sainte-Catherine pour la parade… dur retour sur terre pour les Montréalais.

Dites-vous que tout ça, c’est arrangé avec « le gars des vues », et comment on écrit ça une « bonne vue » ? Tout d’abord, il faut accrocher le spectateur, le saisir, l’émerveiller dès le départ et surtout le lier émotionnellement avec le ou les personnages principaux. Ensuite, on vous montre qu’ils ont les capacités pour vaincre, pour vous faire douter quelques moments plus tard en mettant devant eux un obstacle insurmontable qui à la toute fin sera déjoué due aux qualités intrinsèques des héros. À moins que ce soit une tragédie, là c’est la même chose, mais ça finit mal et on sait tout au long que ça va mal finir… que tout est perdu… qu’on peut ne rien y faire. Alors la saison 2016, une fin heureuse ou malheureuse ?

On parle ici de la MLS qui malgré tous ses nombreux défauts, démontre une grande parité entre les différentes équipes qui la compose.  Portland, le champion 2015, avait gagné le match de barrage dans la conférence de l’ouest en fusillade, après que tous les joueurs des deux équipes aient passé, il fallut s’en remettre aux gardiens de but pour départager le gagnant. Qui aurait prédit une chose pareille, on se serait cru dans un film !

Tout est encore possible, du meilleur comme du pire… il faudra être patient et attendre jusqu’à la fin. Au moins, jusqu’à ici on ne peut pas dire que l’intrigue est mal ficelée, on a tous déjà hâte au prochain épisode. 😉

 

 

 

Gauchisssport change de nom…

Bonjour Groupe,

Gauchisssport change de nom, on le reconnaitra dorénavant sous le nom de « Dieu… et Réjean Tremblay ».

Mais pourquoi dites-vous ?

Voyez-vous le projet original s’est peu à peu transformé… et la portion gauchisss de moi-même à vite laissée toute la place à mon amour indéfectible pour le DRAMA Sportif. Et qui dit DRAMA sportif dit Réjean Tremblay ! 😀

C’est un flash un peu nono qui m’est apparu hier, en maugréant en voyant la liste des blessés de mon Bleu-Blanc-Noir chéri qui s’allongeait encore plus… Je me questionnais sur l’éventualité  de la fin de cette hécatombe, en relativisant « mais qui bien peu prévoir l’avenir de l’Impact mis à part Dieu… et Réjean Tremblay, bien sûr !

Car pourquoi regardons-nous du sport ? Pourquoi perdons-nous toutes ses heures précieuses de notre vie ? Mais pour voir l’improbable, l’impossible se réaliser… pour votre des héros nantirent sous nos yeux, des pêcheurs se repentir, des victimes être vengées et des menaces anéanties ! Qu’est-ce que le sport, sinon le plus grand Roman populaire de tous les temps?

Et qui dit divertissement populaire dit Réjean Tremblay, bien sûr ! Y a-t-il vraiment une différence entre une saison de Hockey et une de Lance et Compte ? Ne vivons pas les mêmes émotions, ne voulons-nous pas que nos héros réussissent, surtout face à l’adversité ? Ne nous désespérons pas devant les choix narratifs douteux de notre Réjean National aussi bien que des choix tactiques de Michel Therrien derrière le banc de nos Canadiens ?

Dans la grande comédie dramatique que sont nos vies, souvent trop mornes et ternes, le Sport c’est notre Roman d’Aventures à 10 sous.  On le sait que c’est niaiseux, que c’est vulgaire, mais on ne peut s’en passer…

Anachronique Canadien de Montréal

Disons que mon précédent billet sur le Canadien de Montréal était un peu trop émotionnel.  Disons qu’aujourd’hui, je ne suis pas encore prêt à les abandonner, mais je suis extrêmement déçu de la tangente que prend cette équipe depuis quelques années.Montreal_Canadiens

Avec les salaires qui ont augmenté exponentiellement depuis un quart de siècle, nos glorieux se sont grandement distanciés du public… sauf peut-être Carey Price que certains voient de temps à temps à l’épicerie…

On dit souvent que le Canadien de Montréal est « plus qu’une équipe », mais l’est-elle vraiment ? Car quelle est la mission de cette équipe ? Le Fait français ? Être le reflet d’un tout un peuple ?  Porter une histoire ? … Mais laquelle ?

Il n’y a plus beaucoup de francophones dans les « Flying Frenchmen », une équipe qui devrait pourtant donner aux francophones la chance d’oeuvrer dans l’Élite du hockey.  Oui, le Canadien a formé de nombreux entraineurs et directeur généraux, mais quel jeune rêve de devenir entraineur ou directeur-gérant ?  En ce qui concerne les joueurs, ils ne se contentent que du strict minimum, surtout que dorénavant ils ne restent pas plus que  4 saisons dans une équipe. Le « Merci Montréal » est loin d’être satisfaisant, surtout que pour la majorité de l’effectif du tricolore, il ne s’agit rien de moins qu’une simple politesse.  Partout ailleurs, un conservatisme angloconservateur est bien implanté, et pour les dinosaures du hockey le français est considéré comme une nuisance, un ajout inutile sur leurs boîtes de céréales.

Au Québec, l’immigrant et l’anglophone sont obligés d’apprendre le français pour occuper un emploi décent, ça serait la moindre des choses que les vedettes du Canadien en fasse de même.

Les « Canadiens » en 1909, faisaient référence aux Québécois francophones ou les Canadiens français… mais actuellement le terme canadien désignent plutôt les anglophones du Rest of Canada, tandis que le terme québécois désigne de plus en plus une pluralité d’individus…

Il n’a pas que le nom qui est anachronique, le logo, les couleurs, le chandail, démontre un attachement au passé, aux traditions et liens forts avec l’histoire. Tout cela, toutefois, semble trop pesant et nuit à l’innovation.

De quoi est composée la foule au Centre Bell ? Pour la plupart des soirs, de riches hommes d’affaires qui ont des billets de saison.  On laisse un espace aux moins fortunés dans les hauteurs de la zone Molson Ex pour paraître à la Plaine comme une bande d’ivrognes ignares et stupides.  Dans l’ensemble, un match du Canadien est un produit de luxe; le Centre Bell est un haut lieu de la société montréalaise.  Les pauvres, eux, iront regarder le match à la taverne; la classe moyenne s’abonnera au câble et restera dans son bungalow.

Le CH est pris un peu malgré lui dans l’engrenage de l’Histoire… Depuis quelques années, le Québec est séparé en deux.  Que ce soit entre les « carrés rouges » et les « carrés verts », les inclusifs et les identitaires, les solidaires et les lucides, il y a ceux qui poussent pour aller « plus vite » et ceux qui veulent que tous soit bien ordonnés.

Malgré les positions de chacun, il y a une vérité historique qui ne se dément pas : les vieux cons n’aiment pas trop le changement.  Et c’est pour ça que ces derniers préfèrent Pacioretty à PK Subban. En fait, ils veulent leur équipe comme avant, comme en 1976-77… Mais en 2016, le pays,la ligue et la ville ne sont plus les mêmes. Si le Canadien peut sembler être assez progressiste face au reste de la LNH, il semble l’être dorénavant moins pour le public montréalais qui commence à aller voir ailleurs.

Il ne pouvait y avoir pire moment pour le CH pour avoir une aussi mauvaise saison.  Ils ont ouvert la voie à l’impact qui ayant réussi à rapatrier Didier Drogba, n’en demandait pas tant. Le Canadien est pris avec ses vieux riches qui l’enrichissent, mais on voit poindre à l’horizon les difficultés à conserver captif les plus jeunes (18-34) qui n’attendent que le retour du printemps pour aller s’entasser dans le Stade Saputo.

L’attachement à une équipe professionnelle passe par l’identification. Et pour cela, il faut que les joueurs puissent être compris par les partisans, c’est une façon évidente de démontrer qu’ils sont partie prenante avec la communauté. Comme je l’ai écrit plus tôt, je ne suis pas encore prêt à les abandonner, mais je constate toutefois qu’on s’éloigne l’un l’autre et que bientôt, on ne pourrait plus avoir grand-chose en commun…

 

 

Désolant Canadien de Montréal

Tout le monde sera d’accord avec l’affirmation que la dernière saison est « l’annus horribili » du Canadien de Montréal.

Montreal_Canadiens

Le Canadien est devenu une institution et c’est exactement ça le problème.  Comme toute bonne institution, elle perd de son désir d’innovation et  beaucoup d’énergie à faire une place à ses anciens, même s’ils sont incompétents…

Car le Canadien possède une culture du contrôle, avant celle de la victoire. En ne voulant que personne ne soit plus grand que l’équipe, l’organisation empêche les grands joueurs d’y jouer.  En fait, nos deux dernières grandes vedettes sont Patrick Roy et Carey Price, ce qui indique qu’il y a un problème de personnel depuis longtemps en avant du gardien de but.  Le contrôle immense du message fait penser au régime soviétique, avec tous ces journalistes soumis et dociles, offrant une couverture disproportionnée au spectacle et aux résultats offerts par l’équipe. Cette bande d’apparatchiks insignifiants considère les amateurs pour des imbéciles, ce qui semble malheureusement être le marché cible du club de hockey.

Même si j’aime bien Pacioretty en tant que joueur, le fait de le choisir comme capitaine avant PK Subban indique un manque de vision, de panache, et une tendance désastreuse à  privilégier l’effort avant le talent et même avant l’intelligence… C’est le triste chemin qu’a emprunté cette équipe depuis qu’elle s’est honteusement débarrassée de Guy Lafleur dans les années 1980.  À Montréal, on n’aime pas que certains volent la vedette au club, à la marque du Canadien de Montréal et à ce groupe d’anciens dépassés par le hockey moderne.

Les joueurs détestent PK et n’écoutent plus leur coach, tout ça sous les ordres d’un capitaine sans véritable leadership… Un groupe soudé qu’ils nous disent, un groupe soudé où les médiocres se protègent entre eux, ça ne donne pas grand-chose.

Le Canadien de Montréal est devenu une équipe de vieux cons, par des vieux cons et pour des vieux cons…  L’emblème de tout un peuple s’est transformé en une marque diluée, seul refuge des aliénés de notre époque. 23 ans sans coupe Stanley et les gens se régalent encore, il faut comprendre que tous ces vieux partisans sont rassasiés avec tous les grands exploits des années 50,60 et 70… Pourquoi alors changer la culture d’entreprise lorsque le Centre Bell est plein ? Si le boss est déçu par le club, il peut toujours donner ses billets à ses enfants, son chauffeur ou son concierge… Trop content d’assister à une humiliante défaite de nos millionnaires sous-éduqués préférés.

Montreal-CH-CentreBell

Cette année, j’ai abandonné pour de bon cette équipe minable, sans imagination et sans véritable volonté de gagner.  Depuis 1979, cette équipe ne prend aucun risque et est devenue le refuge des anciens, d’une tradition qui n’apporte que trop peu de victoires.  Il est temps d’un changement de culture d’entreprise.

Sinon, et bien… on regardera les matchs des Nordiques…

Vendre l’Impact à Montréal et au Québec

Le premier match de la saison de l’Impact a attiré 27 545 spectateurs au stade olympique, l’organisation en aurait aimé 34 000. Dommage, car bien des gens se sont privés d’un excellent spectacle où les Montréalais ont fini par s’imposer par la marque de 3-0 contre le New York Red Bull, pourtant le champion de la saison régulière 2015, et tout ça sans Didier Drogba. Bon, le stade Olympique peut être d’un ennui mortel, Drogba s’entraine encore sous le chaud soleil de la Californie pour bien préparer son genou pour la saison et malgré la qualité de l’équipe, les Red Bulls n’entraînent pas les plus grandes passions au Québec… On suppose tous que le Stade Saputo va être plein contre le Toronto FC lors de la « vraie ouverture » au mois d’avril, mais ça, c’est seulement un match dans la saison…

Malgré tout, tous les journalistes sportifs clament que c’est « l’année de l’Impact ».   Les Canadiens se sont enfoncés tellement loin dans la médiocrité que l’amateur de sport moyen n’a plus d’autres choix que d’aller voir l’Impact pour avoir sous les yeux un produit de qualité. Mais aller jouer dans la cour de la Sainte Flanelle peut s’avérer hasardeux; il s’agit d’une institution plus que centenaire, tandis que l’Impact a 23 ans d’existence et seulement 4 ans en MLS…  Car contrairement à leur relation avec le Canadien de Montréal, les Québécois(es) ne naissent pas fans de l’Impact, ils le deviennent…

Mais on ne doit pas voir le fait qu’elle ne traîne pas trop de passé, d’histoire, comme un désavantage, mais plutôt comme une opportunité, car elle peut se permettre beaucoup plus d’innovation au niveau de la stratégie de communication et de l’image de marque.  On retrouve déjà beaucoup de choses sur les réseaux sociaux et l’internet parlant de l’Impact ou de la culture soccer en général. Le club de soccer fait sa part, mais il devrait s’affairer à fédérer tous ces éléments et publiciser les bons coups venant de la base dans les canaux plus officiels.

L’Impact doit profiter de la créativité de sa base pour faire plus de marketing viral.  En bref, il s’agit de faire le « template » et laisser les partisans s’occuper de la diffusion. Dans ce genre de stratégie, il faut viser à engendrer un cycle de création perpétuel, donnant aux partisans l’impression d’être continuellement impliqués.  Les tentatives pour forger des liens du haut vers sa base [top-down], plutôt que prendre les initiatives de la base [bottom-up] peut s’avérer désastreux. Le supposé hymne de l’équipe créé par Radio-Radio l’année dernière a eu une réponse assez négative. On comprend que l’organisation avait fait une fleur a un partenaire d’affaires, mais les fans ne sont pas sentis représentés par ce coup de pub. D’un autre côté, un simple renard qui a élu domicile au Stade Saputo est devenu rapidement la vraie mascotte de l’équipe (désolé Tac-tik)… Ces choses-là arrivent par hasard, mais vu qu’elles viennent de la base, le lien émotionnel est plus fort.

Je sais que certains profanes auront de la difficulté à me croire, mais l’ambiance au Stade Saputo est du tonnerre, et même mieux qu’au Centre Bell.  L’Impact se doit de miser sur l’expérience supporters, plutôt que sur l’équipe (bon là l’équipe est excellente, mais un jour elle va l’être moins…) Les victoires ne font pas nécessairement vendre, elles facilitent plutôt la vente de billets.  Et comme le match d’ouverture l’a démontré, une équipe gagnante ne semble pas suffisante.

L’Impact c’est comme Arcade Fire; le Canadien comme Céline Dion. Ce n’est pas dans la même ligue, pas le même public et ce ne sont pas les mêmes besoins de diffusion. L’Impact n’a pas le même bassin de fans, mais leur dévouement peut compenser leur nombre.   Il faut comprendre que l’amateur de sport moyen va venir une fois de temps en temps voir un match, comme il va voir un match par année (ou aux deux ans) pour le Canadien de Montréal… même chose pour les Alouettes… Comme pour toute équipe professionnelle,  l’impact va vivre et mourir avec ses partisans les plus dévoués.

Rentrer du monde dans le stade, c’est comme faire sortir le vote à une élection, faut juste savoir où se trouve nos « sympathisants » et les contacter adéquatement pour qu’ils viennent. Si on n’a pas une couverture média mur à mur et 24 heures sur 24, comme en bénéficie l’institution nationale qu’est le Canadien, il faut une bonne organisation de terrain, et la ferveur des partisans peut s’avérer un outil intéressant dans ce cas-ci.

Oui les gens doivent aller voir les matchs au stade, mais ce n’est pas tout le monde qui peut acheter des billets de saison (ou des forfaits de « mini-saison »). L’Impact a besoin de lieux de rencontre, comme des bars de quartier où on peut aller voir les matchs, car ce n’est pas tout le monde qui a le câble… surtout que les 18-34 ans sont plutôt du genre à pirater des « livestreams » que de s’abonner à TVAsports.  C’est en renforçant le sentiment de communauté que l’équipe va conserver ses partisans et en attirer des nouveaux.

Déjà des activités de toutes sortes sont organisées par des groupes de supporters, il serait bien d’en entendre un peu plus parler.  L’équipe fait déjà beaucoup d’efforts, la couverture média entourant l’Étoile du Nord, l’énorme cloche du stade Saputo, constitue un bon coup de la part de l’organisation.  Il y a toutefois, tout un travail d’information à faire sur la culture sportive à l’intérieur du stade lors des matchs, ce qui pourrait désorienter un spectateur lors de sa première visite. Éduquer le grand public sur les différents groupes de supporters et présenter les gens qui en font partie peuvent entraîner une identification avec l’équipe avant même qu’il se rende au Stade. Cela peut également segmenter le message sans trop d’effort de conceptualisation. Là aussi, l’équipe fait des efforts en ce sens, mais il serait plus préférable, à mon avis, qu’elle pousse plus dans cette direction, plutôt que d’attendre que les médias conventionnels fassent la moitié du travail à leur place.

Car voyez-vous, nous sommes pas le Canadien de Montréal…

Thank god.

L’Impact… national

 

Montreal_Impact_CONCACAF_FINAL

Célébration d’avant-match au Stade Olympique avant la tenue du deuxième match de la finale de la ligue des Champions de la CONCACAF opposant l’Impact de Montréal au Club América. Plus de 60 000 personnes ont assisté à cet événement.

La dernière coupe Stanley du Canadien de Montréal était en 1993, la même année que la fondation du club de soccer de l’Impact de Montréal.  Depuis, le Canadien n’a rien gagné, les Expos sont partis et les Alouettes sont revenues. L’Impact, lui,  a eu un parcours des plus chaotique, mais a réussi à tenir le coup au travers des changements de ligues, ramassant ici et là des championnats, accédant finalement à la MLS en 2012 et devenant aussitôt une des ses équipes phares, surtout en accédant presque par miracle à la finale des ligues des champions de la CONCACAF au début de l’année 2015.  Petit à petit, le Bleu-Blanc-Noir commence à faire son nid et s’impose dans le paysage sportif Montréalais et Québécois, surtout depuis l’arrivée la saison dernière de Didier Drogba, venu stabiliser la situation dans un club encore fois perdue dans la tempête.  Mais l’Impact a réussi plus que des exploits sportifs durant l’année 2015, le club de soccer à réussi à sortir de la marginalité dans laquelle l’establishment médiatique l’avait enfermé et également devenue, surtout chez les plus jeunes, l’incarnation d’un Québec plus actuel, plus ouvert et plus diversifié.

Il faut savoir que le plus gros avantage (et également son plus gros inconvénient) chez l’impact est son pouvoir d’attraction immense envers la génération Y, les fameux « 18-34 ».  Si le mot-clic #IMFC (Impact Montréal Football Club) est le plus populaire dans le tout le Québec, le club de soccer montréalais a peine à s’imposer dans les médias plus traditionnels.  Les fans de l’Impact représentent actuellement un « cult  following », qu’un véritable engouement à l’échelle nationale.  Les partisans eux sont souvent frustrés de se faire dire à tout bout de champ « quoi… t’aimes ça le soccer ? ».  L’Impact aux yeux des non initiés, est cette curieuse chose venue d’un autre monde.  Le club n’a pas pour ainsi dire de tradition, contrairement aux Canadiens ou même aux Alouettes dont l’attachement peut se transmettre des plus vieux ou aux plus jeunes. L’Impact doit de son côté faire le chemin inverse, car ce n’est pas les bras meurtris qui transmettent le flambeau, mais les plus jeunes qui tirent quasiment les plus vieux dans le stade.  L’effet de nouveauté fait en sorte la composition du noyau dur de partisans est aussi le reflet d’un Québec très actuel, c’est-à-dire culturellement très diversifié. Je ne dois pas vous faire un dessin, pour vous expliquer que dès qu’on retrouve plein d’immigrants à un endroit, ça rend certains (pas tous quand même) Québécois de souche plutôt réticents à se joindre au party.  Dans ce monde de controverse sur le blackface, les réfugiés et sur des propos de mononcle en tout genre, la famille de l’Impact nous permet d’avoir un lieu où le Québec peut être ouvert et actuel sans obligé d’être obligatoirement de « gauche révolutionnaire ».

Il faut comprendre que les équipes sportives nous donnent un moyen par procuration de converser avec nos voisins. Autrefois, les Expos reflétaient notre relation avec les Américains, ils permettaient d’exprimer notre « américanité » au travers de leur sport national.  Le baseball des Expos à la radio c’était la trame sonore de l’été québécois avec ses canicules, les papas qui lavent leurs voitures, les vieillards sur leurs perrons, les amis à la plage et les traîneux qui jasent avec le caissier du dépanneur.  Avec l’instantanéité des informations, ce monde semble encore plus lointain que la décennie réelle du Québec sans baseball des Ligues Majeures.

Les Alouettes, ainsi que le football universitaire, nous donnent en quelque sorte une conversation avec le reste du Canada.  Notre Football à trois essais est peut-être moins Glamour que celui de la NFL ou de la NCAA, mais c’est le nôtre.  La victoire est toujours fort appréciée, mais une coupe Grey ou une coupe Vanier n’ont rien d’une Coupe Stanley.  Personne sur le reste de la planète, sauf pour le record d’Anthony Calvillo, ne se soucie du football canadien.  Notre attachement à ce sport réside dans son exclusivité, mais l’espace dans lequel il est confiné est si restreint qu’il devient difficile de soulever les passions les plus intenses.

Les Canadiens de Montréal démontrent notre supposée domination historique sur le hockey. Le hockey étant né à Montréal, il est normal que la plus grande équipe de la LNH soit celle de cette ville. Mais la tradition pèse, et c’est dur pour les plus jeunes de se retrouver dans cette suite d’équipes ordinaires, remplies, hormis peut-être PK Subban, de joueurs impassibles aux propos édulcorés, alors que nos aïeux ont été témoins des plus grands exploits des plus grandes légendes… Le Canadien est devenu ce monolithe immobile perdant continuellement de son pouvoir d’attraction et dont la fonction de « nation building » s’est changée en morne habitude qu’on accepte sans trop réfléchir.  Un des éléments qui illustre bien cette situation est la question du fait français,  alors que les vedettes multimillionnaires du club de hockey se contentent des « Merci Beaucoup » au début et à la fin de leurs entrevues.  Si auparavant l’équipe était un microcosme de la société dont elle provenait, avec des dirigeants anglophones et des vedettes francophones sous-payées; elle est désormais dirigée par des francophones, souvent inexpérimentés, et avec des joueurs de partout dans le monde, comprenant une poignée de joueurs de soutien à saveur locale. Comme auparavant, la langue de travail chez le Canadien est l’anglais. La situation est tout autre chez l’Impact où les joueurs francophones sont nombreux, au point où certains joueurs étrangers se mettent à apprendre le français et le parlent sans trop de difficultés.  Il faut savoir que le monde du soccer est plus diversifié et qu’il est normal pour un joueur de parler plusieurs langues. Malgré tout, si le français est dominant, il ne s’impose pas comme tel.  L’entraîneur peut en quelque sorte, engueuler le joueur dans la langue de son choix, mais au moins les journalistes n’ont pas à faire la file devant les deux mêmes « plombiers » pour avoir des commentaires dans la langue de Vigneault…

Quand on compare avec le Canadien où toute communication est fortement contrôlée et où le ton est toujours poli, donnant une teinte très beige à une équipe qui devrait plutôt porter les passions de tout un peuple.  L’Impact, elle, fuit de partout, a un message souvent brouillon, apparaît dysfonctionnelle, et pourtant ceux qui en font partie, restent malgré tout.  Car l’Impact est une grande famille, pendant que les Québécois s’éloignent de plus en plus d’une Charte à l’autre, la communauté du Bleu-Blanc-Noir se tisse encore plus serrée au gré des triomphes et des tragédies formant la courte histoire de l’équipe.

Le Canada, les États-Unis, l’Amérique du Nord, cela semble désormais trop petit pour la génération du Printemps Érable, des réseaux sociaux, des « Start Up », de la fluidité des genres et du Québec inclusif. Cette petite équipe de soccer parfois un peu broche à foin, mais pleine de convictions, converse avec le monde et c’est exactement ce que cette génération veut.  Même si on est encore pas de taille, les supporters se projettent dans cette conquête du monde, et contrairement à d’autres, dans ce projet l’origine ethnique ou la langue maternelle ne semble pas le premier critère d’adhésion…